photo de st andre.


PETITE HISTOIRE DU PASSE, DES LIEUX ET
DES HABITANTS DE SAINT ANDRE D’OLERARGUES

dessin de l’auteur.

Mille hectares et cent trente millions
d'années d'histoire




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Chapitre I
Etymologie du nom de Saint André d’Olérargues et de ses principaux hameaux.


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Il est intéressant de remarquer comment l’homo-sapiens a toujours eu et continue à avoir, l’irrépressible besoin d’aller inlassablement plus loin devant lui, découvrir et conquérir des terres nouvelles. Ainsi dès 1000 ans avant J.C. des Celtes occupent déjà la région depuis longtemps. Ce sont les Volques Arécomiques, ils ont pris la place des Ibères qui étaient là avant eux.
Puis au 2ème et 3ème siècle av. JC, les Romains conquièrent la région.
Au 4ème siècle les Wisigoths prennent possession à leur tour de la contrée.
A partir du 5ème siècle, Francs et Wisigoths se disputent le Sud, alors que les Huns venus du cœur de l'Asie repoussent les autres peuples au nord. Puis c’est le tour des Francs qui se présentent tels des barbares païens et violents alors que les Wisigoths sont des chrétiens ariens. Les Wisigoths ont gardé les structures Romaines en place, se servant de la monnaie, de l'écriture, de l'architecture et d'autres acquis romains.
A partir de 7ème siècle jusqu'au 10ème, ce sont les incursions musulmanes. Les Sarrasins remontent d'Espagne et envahissent le pays.

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Les campagnes qui regroupaient la majorité de la population, se laissèrent peu pénétrer sur le plan linguistique, et leur obstination à repousser le parler des conquérants fut leur principale rébellion. Ces populations surent mieux conserver l'ensemble de leurs moyens d'expression originels (langage, mode de pensée) en un mot leur idiome et son accentuation. Néanmoins, le latin, importé par les légions romaines et les colons, devait rencontrer auprès des classes populaires plus de facilité à se vulgariser.
Il ne ressemblait guère au beau langage classique et littéraire de Rome, altéré ou corrompu qu’il était déjà, peu soumis à la règle grammaticale toujours gênante, il se plia aisément aux exigences de la situation. Petit à petit ce langage évolua.
Par exemple ici il respecta les formes locales, là il emprunta des vocables usités. Presque partout le latin se contenta de revêtir les mots qu’il voulait s’approprier de suffixe caractéristiques sans altérer le radical. En quelque sorte de « latiniser » le langage, et c’est ainsi que l’orthographe des mots évolua.

ST ANDRE D’OLERARGUES

Dans un nom de ville ou de village composé c’est rarement le nom du Saint qui est à l’origine du nom, ou alors à quelques très rares exceptions, comme par exemple St Marcel de Careiret qui en 1135 s’appelait « Villa Sancti-Marcelli ». Le saint a souvent été ajouté plus tard et au fur et à mesure de l’expansion de la religion, et la possession du foncier. Les villages les plus anciens n’avaient pas de nom de saint attaché à leur désignation.
Donc le nom de base dont nous allons rechercher l’étymologie est Olérargues. J’ai souvent entendu de pseudo-érudits me dire que cela venait de Olé : l’huile et Argues : l’eau. Cette hypothèse ne tient pas dès lors que l’on fait quelques recherches étymologiques.

Nous allons remonter dans le temps.

Figure 1. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues
Figure 1. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues:

(1). C’était ainsi que l’on nommait le groupe de paroissiens gérant les biens temporels de l’église (bâtiments, le mobilier, matériel). C’est à cette date que fut votée la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat (9 déc. 1905). L’extrait de PV ci-dessus est l’arrêt des comptes de la Fabrique.

Figure 2. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues
Figure 2. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues:
Figure 3. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues
Figure 3. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues:
Figure 4. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues
Figure 4. Numérisation de l’auteur. Archives paroissiales de St André d’Olérargues:
Figure 5. Numérisation de l’auteur.Texte copié et collationné en 1611. Archives paroissiales de St André d’Olérargues
Figure 5. Numérisation de l’auteur. Texte copié et collationné en 1611. Archives paroissiales de St André d’Olérargues:
Figure 6. Numérisation de l’auteur. Texte copié et collationné en 1792. Archives paroissiales de St André d’Olérargues
Figure 6. Numérisation de l’auteur. Texte copié et collationné en 1792. Archives paroissiales de St André d’Olérargues:
Figure 7. Numérisation de l’auteur. Texte copié et collationné en 1792. Archives paroissiales de St André d’Olérargues
Figure 7. Numérisation de l’auteur. Texte copié et collationné en 1792. Archives paroissiales de St André d’Olérargues:

N’oublions pas que c’est seulement vers 1450 à MAYENCE que l'art typographique est inventé par Jean Gutenberg, Jean Fust et Pierre Schoeffer. Le premier ouvrage imprimé en caractères mobiles est une Bible latine. Il a fallu attendre le début du 16° siècle pour que les textes imprimés se répandent et cette industrie était réservée aux écrits de grande diffusion notamment religieux. Les écrits administratifs, registres des impôts, actes notariés, actes civils sont des documents manuscrits, même souvent encore de nos jours. La conservation a donc été difficile entre les moisissures dues à l’humidité, la mauvaise qualité des encres et des papiers, les incendies, les pillages, les rongeurs etc. Sans parler des destructions volontaires de documents ne présentant à l’époque aucun intérêt à être conservés.
Donc nous avons un Oleirarnicis en 1260, un Oloyranicis en 1292, un Olosanicis en 1373 (lettre de Grégoire XI à voir ci-après) et en 1384. Il faut se méfier de l’orthographe des deux premiers noms car nous les trouvons sur des copies de documents et les copistes ont pu faire une erreur de lecture et de transcription.
La première remarque que nous pouvons faire est que le nom se décompose en « Olos » et en un suffixe « anicis » qui vient du latin « anicus ». Ce suffixe latin clairement identifié prouve que l’origine du nom est une origine latine. Ni antérieur : gauloise ou celte, ni postérieure.

Etymologie et signification d’ANICUS

A l'époque latine, quand les romains donnaient leur nom à leur domaine appelé "Villa" qui a donné « village » et « ville », ils ajoutaient à leur nom ou à une partie de leur nom le suffixe "ANICUS" qui signifiait "propriété de".
Ce suffixe comme nous allons le voir évolue au cours des siècles en ANICOE, ANICIS, ANEGUES jusqu'à devenir "ARGUES" dans notre région (Bouches du Rhône, Gard, Tarn, Aveyron, Cantal) « AGUES » (Aude, Haute Garonne) « AGNES » (Hérault) et enfin « ANGE » (Puy de Dôme, Corrèze).
Quelques exemples en « argues » qui nous intéresse : Cassianicus/Caissargues – Bullianicus/Bouillargues – Gallianicus/Gallargues – Harpilionicus/Arpaillargues – Marcellianicus/Marsillargues – Venerianicus/Vendargues …etc.

Etymologie et signification de OLOS.

Première hypothèse : l’origine viendrait du latin « Olea » qui veut dire : olivier, olive. On est proche de la forme actuelle Olérargues, ce qui a pu tromper certains étymologistes qui se sont contentés d’étudier la forme contemporaine du nom, mais on est très loin de la forme primitive « olos ». D’autant plus que « olea » n’explique pas la présence du « s » de « olos » ni la présence du suffixe « anicus » signifiant comme nous l’avons vu « propriété de » et qui plus est, s’associe mal avec une référence à l’olive.
Deuxième hypothèse est celle du nom du propriétaire. Le nom dans l’antiquité est porté par tous les membres d’une même « gens ». Une gens (pluriel latin gentes) est dans le système social romain, un groupe familial patrilinéaire portant le même nom : le « gentilice » en français (en latin nomen gentilicium). Ainsi dans notre cas le propriétaire devait s’appeler Olos ou Olosius.
On dit, alors, du nom de ces lieux qu’ils ont été formés sur des « gentilices ». Olosanicis signifie donc : la propriété d’Olos ou d’Olosius. Ou peut-être encore mieux d’Olus ou Aulus qui était un prénom romain.

Et pour la curiosité de la chose, en latin le nom commun olus signifie : légume, plante potagère et aulus est une sorte de peigne en coquillage.

Voici deux exemples parlant de l’évolution d’un nom de lieux formé sur un gentilice, il s’agit de la ville de Caissargues dont on trouve trace du nom sur des écrits depuis l’an 956 et le village de Goudargues dont il reste des traces écrites depuis 815.

Premier exemple : CAISSARGUES
Le romain qui aurait donné son nom à cette propriété serait un certain CASSIUS, patronyme répandu à cette époque. Caissargues signifierait donc "propriété de Cassisus", "champ de Cassius".

Date
Nom
Source
956
CAXANICUS
Cartulaire N.D. de Nîmes
994
CAISSANICUS
1060
KASSANGUIS
Histoire du Languedoc T.2
1076
CAXANICOE CASSANICOE
Cartulaire N.D. de Nîmes
1114
CAISSANICIS
Cartulaire N.D. de Nîmes
1119
CAISANIGUES
Bullaire de St Gilles
1208
CASTRUM DE CAXANICIS
Ménard T.1
1380
CAYSSANICOE ULTRA VISTRUM
Compois de Nîmes
1405
CAISSANICOE
Ménard T.3
1479
CAISSARGUES
La Taula del. Poss. de Nîmes
1518
QUESSARGUES
Arch. Hosp. de Nîmes
1671
CAYSSARGUES
Compoix de Nîmes
Début 17è s.
QESSARGUES
Carte du Languedoc
Milieu 17è s.
CAISSARGUES
Carte du diocèse de Nîmes

Deuxième exemple : GOUDARGUES.

Date
Nom
Source
815
GORDANICUS
D. BOUQUET histoire de France
diplôme de Louis le Débonnaire
900
SANCTA-MARIA AD GORDANICAS
Ibid. II, preuves colonne 41
1065
ABBATIA GORDINIACENSIS
Ibid. II, preuves colonne 249
1314
ECCLESIA DE GORDANICIS
Rotulus ecclésiastique
archives municipales de Nîmes
1384
GORDANICOE
Dénombrement de la sénéchaussée
1523
GODARNICOE
Griolet notaire de Barjac
1550
GODARGUES
Archives départementales C.1325
1620
LE PRIEURE ST CHRISTOL
DE GOUDARGUES
Insinuation ecclésiastique du diocèse d’Uzès

L’évolution du nom de notre village avant et après sa dénomination en St ANDREAS DE OLOSANICIS a subi les mêmes évolutions.

Nous nous référons notamment au DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE du DEPARTEMENT DU GARD par M. E. GERMER-DURAND de 1863 l’auteur identifie l’évolution suivante du nom, complétée de quelques recherches personnelles :

Date
Nom
Source
A l’origine
OLOSANICUS
supposition
Début 12° Siècle
OLOSANICIS
Edification de l’église
1319 & 1349
Villæ Sancti Andreæ d’Oloyranicis
Hommage de Guillaume
de Gardies à l’évêque d’Uzès
1373
OLOSANICIS
Lettre de GREGOIRE XI
pape en Avignon
1384
SANCTUS ANDREAS d’OLOSANICIS
dénombrement des « feux fiscaux »
de la sénéchaussée(1) de Beaucaire
1620
Saint André d’Ollérages
insinuation(2) ecclésiastique
du diocèse d’UZES
1694-1702
Saint André d’Oleyrargues
armorial de Nîmes et d’Uzès
archives communales
1715
Saint André d’Oulérargues
CARTE DU DIOCESE d’UZES par J-B NOLIN
1744-1756-1789
Saint André d’Oleirargues
mandement(3) de l’évêque d’Uzes
et CARTE CASSINI
1793
Oleyrargues
archive départementale L.393
1833
Saint André d’Oléirargues
CARTE PARTIELLE DU GARD du Nouvel Atlas de 1833
(cartes provenant des archives Lefebvre-Horent
Frères filateurs à Lille)
1906
Saint André d’Olérargues
procès-verbal d’une séance du Conseil de Fabrique.
Archives paroissiales

(1) Sénéchaussée. Lieu où se tenait le tribunal dont le sénéchal (Officier féodal) qui était chargé principalement de la surintendance de l’hôtel du seigneur et de la justice, était le chef.
(2) Une insinuation est une formalité qui a pour but de rendre public des actes que la société a intérêt à connaître. L'insinuation peut être du domaine laïc ou du domaine ecclésiastique. On dirait aujourd’hui une enquête publique.
(3)Un mandement est un écrit émis par un évêque et à destination des fidèles du diocèse, par lequel il leur transmet des instructions religieuses.

Quelques remarques générales.

Première remarque

« Collatio prioratus de OLOSANICIS ordinis, S. Augustini Nem. diœcesis abbas ecclesia Nem. dep. et perpeluus bonse mémorise GUILLELMI episcopus Ostiensi cardinalis obitus vacans, pro PETRO tituli S. Praxedis presbyter cardinalis cum dispensât, sup. incompatibilitate beneficium — Avenione. III Idus. Oct. 8 oct. 1373 (A. XVIII, f. 330)”

Deuxième remarque

Troisième remarque

Quatrième remarque

Cinquième remarque

Conclusion

LE MAS SELLIER

Cette orthographe est assez récente, c’est celle que l’on trouve sur les cartes actuelles, sur Géoportail et les cartes de randonnées pédestres, notamment.
Si l’on se réfère aux cartes anciennes comme par exemple aux cartes CASSINI du 18°siècle on trouve écrit «Le Cellier». Pourquoi ce hameau a-t-il été affublé d’une désignation de «mas» et pourquoi lui a-t-on troqué le «C» d’origine contre un «S» c’est un grand mystère. Ou c’est peut-être tout simplement une erreur de typographe sur les cartes d’état major. Cependant sur la premiere carte d’état major qui a été établie à partir de 1827 il est noté : MAS DU CELLIER. Dans le registre des Baptêmes/Mariages/Décès des archives paroissiales nous trouvons écrit Célier avec un seul L.
Si le nom des villes et villages de notre région ont souvent une origine latine suivant la date de leur création, les hameaux quant à eux ont été créés après et c’est souvent l’occitan qui est à l’origine du nom.
Dans le dictionnaire LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS de Maxinin d’HOMBRES et Gratien CHARVET datant de 1884 l’on trouve la définition suivante :
Céïé, substantif masculin, dérivé du latin Cella ou Cellarium, lui-même dérivé du latin celare signifiant cacher. C’est le cellier, lieu où l’on « serre » (du bas-latin serare renfermer, ranger, mettre en lieu sûr, à l’abri), le vin et autres provisions. Ce qui le distingue de la cave, c’est que celle-ci est creusée dans la terre ou la roche, en contre bas du sol, le cellier est en rez-de-chaussée.
Le Mas du Cellier de l’époque était donc un lieu sûr de stockage de denrées à l’écart du village. C’est peut-être une des raisons pour laquelle il a été construit au nord de la butte, pour permettre de garder une certaine fraîcheur aux bâtiments de stockage.

LE MAS VAQUIER

Le nom n’apparait pas sur les cartes CASSINI du 18° siècle. Soit le lieu n’était pas très important, moins que Le Cellier, soit il n’existait pas encore. Sur la première carte d’état major qui a été établie à partir de 1827 le nom d’apparait pas non plus. On y trouve à la place un lieu dit « Vignal », là ou se trouve la maison actuelle à l’Abeillaud, on y trouve aussi la Fumade.

Le mas Vaquier est cité en 1848 dans le registre des Baptêmes/Mariages/Décès des archives paroissiales.
Cependant il est cité en 1768 dans la déclaration de Pierre Frach au Greffe de la Justice Royale de Bagnols, concernant les terres défrichées.

On trouve dans le même ouvrage, cité pour l’étymologie du Mas Sellier, l’origine occitanne suivante : Vaquiè ou Vaquièïro, substantif, féminin ou masculin signifiant Vachère, vacher, celui ou celle qui prend soin des vaches et des bœufs, dans un domaine ou qui fait métier d’éléver les vaches et les bœufs. Dérivé de Vaquo la vache.

LA BEGUDE

Le nom apparait sur les cartes CASSINI qui sont un bon repère temporel, ainsi que sur la première carte d’état major.
On trouve dans le même ouvrage cité ci-dessus l’origine occitane suivante :
Bégudo, substantif, féminin, signifiant bouchon, petit cabaret de route où l’on s’arrête pour se rafraîchir. Ce mot est devenu nom propre pour un grand nombre de maisons et de lieux où cette industrie ne s’exerce plus, mais où elle existait autrefois. C’est un dérivé de begu qui est le participe passé du verbe béoure en français : bu.

Bégudo est aussi l’endroit ou s’arrêtaient les diligences. C’est l’endroit où on boit avant de faire un gros effort comme par exemple gravir une côte.
On s’arrête à la Bégude boire un coup avant de monter à Christol !

MAS DE CHRISTOL

Le nom est sur les cartes CASSINI du 18° siècle mais le nom est alors SAINT CHRISTOL comme sur la carte d’état major de 1827.
Le lieu a perdu son saint au profit d’un « mas » en 200 ans. Le chanoine Roman dans sa monographie en 1901 dit encore Saint Christol. Christol est la contraction de Christophe. C’est donc un lieu dédié à St Christophe.

LA CADINIERE

Ce lieu-dit est récent, il n’apparait ni sur les cartes CASSINI ni sur les premières cartes d’état major.
Là nous avons deux hypothèses d’étymologies possibles. Il y a une quantité de localités rurales et de lieux-dits en France qui sont dénommés à l’aide de nom de plante ou de nom de famille français : ceux-ci ont été combinés avec des suffixes jouant le même rôle que le suffixe anicus il y a dix sept siècles. Dans les deux hypothèses le suffixe « ière » a la même signification, c’est une forme française du latin aria que l’on peut traduire par l’ « aire » l’espace, le lieu. On dit par exemple l’aire de battage pour l’endroit où est battu le blé. Avec ce suffixe on ne désigne plus la propriété mais le lieu.

La première hypothèse est que le nom soit formé à partir d’un nom de plante : le cade et signifie l’aire du cade. Le nom cade est occitan (issu du latin catanum), c’est une espèce de genevrier à baie rouge très commun et abondant dans notre région. On a longtemps extrait artisanalement de ses racines une huile, l’huile empyreumatique. Elle était extraite par chauffage lent dans des fours de pierres et recupérée par dessous. Elle est utilisée en agriculture pour le traitement des animaux, principalement contre la gale du mouton et pour les sabots des chevaux. La tige de la plante fournit, par incision, la résine appelée Sandaraque, base des plus beaux vernis.
Tout ceci tend à prouver qu’il est possible qu’un lieu ait été dédié à ces opérations, source de revenus au 19° siècle. C’était l’aire du cade.

La deuxième hypothèse est que «La Cadinière» soit formé sur un nom patronymique avec le suffixe «ière» et désigne le lieu du Sieur Cadin d’où La Cadinière. On peut penser aussi que « le Cadin » était le surnom d’une personne qui extrayait l’huile de cade à cet endroit.

LES FABREGUES

Ce lieu-dit est récent, il n’apparait ni sur les cares CASSINI ni sur les premières cartes d’état major.

Soit, l’origine est latine et vient de fabrica, fabrique. Nom qui plus tard a signifié exclusivement la forge, le lieu où on ferrait les chevaux. La présence de minerais de fer et de gisement de lignite sur la commune dont je parlerai plus loin, a pu permettre à une époque une petite métallurgie artisanale, dont il ne reste pas de traces évidentes. C'est aussi un lieu riche en argile et qui a pu abriter une fabrique de tuiles romaines, comme le prouve les abondants fragments de tuiles sur ces terrains. Pour l’anecdote, on surnommait les habitant du village de Fabrègues dans l’Hérault, lous acabaïres, les noceurs. Ils auraient eu en effet la réputation de dilapider leur argent dans les fêtes ! Mais je pense que ce n’est pas valable pour toutes Les Fabrègues de France !
Soit, l’origine est plus récente et occitane et vient de Fabrico dérivé de la même racine latine, mais désignant la fabrique en général et plus particulièrement dans cette région les moulins à soie qui permettaient de filer et de retordre les fils de soie. Cette activité, comme nous le verrons plus loin, a été pratiquée à une époque au village.

Une autre possibilité, et je pense que c’est la plus plausible, nous trouvons dans les délibérations de l’assemblée communale en date de 1769 (Archives paroissiales) le nom de Jean Fabrègues, membre de cette assemblée, donc résidant du village. Lui et sa famille ont pu habiter cet endroit, ce qui a donné le nom du quartier des Fabrègues.

L’ABEILLAUD

Le nom n’apparait pas sur les cartes CASSINI qui ne sont pas très détaillées, cependant le nom y est sur la première carte d’état major de 1827.

Le lieu-dit l’Abeillaud ou l’Abeilland comme on le voit sur certaines cartes, vient de l’occitan Abéïo, substantif féminin désignant l’abeille, la mouche à miel, qui a été francisé avec le temps. On dit en occitan merdo d’abéïo : le miel. Belle et poétique désignation du miel !

DARBOUSSAS ET DARBOUSSE

Ce lieu-dit est récent, il n’apparait ni sur les cartes CASSINI ni sur les premières cartes d’état major du 19° siècle.
Ce sont des lieux-dits qui sont dénommés à l’aide d’un nom de plante «l’arbousier» en occitan arboussé est un lieu planté d’arbous en français arbousier du latin Arbutus unedo, signifiant : arbre à fraises.
Pour la petite histoire Pline l'Ancien dans un traité explique ainsi son nom de «unedo» : «L'arbouse est un fruit sans mérite ; le nom qu'il porte (unedo) l’indique ; il vient de ce qu'on ne mange qu'une arbouse (unum edo)» en français unum edo signifie littéralement : un, manger.

QUELQUES AUTRES NOM DE LIEUX-DITS

Dans les registres des Baptêmes/Mariages/Décès des archives paroissiales un certain nombre de lieux-dits, sont cités pour différencier notamment les familles portant le même nom mais ne résidant pas dans le même lieu. On trouve ainsi : le Mazet au mas Celier, la Coste de Routel, la Coste de la Plane, Gallinier, les Aubarède, la Peyronne, la Plaine, la Fumade, Brugas, le Quartier, l’Espes, le Prat de Malon, le travers de Malon, le Mas d’Arboussas (près de Vilgoutres), le travers du mas Reynaud, Berben, Mont Couvert, la Font de Vendras, la Combe, la Casteillade …etc.

Et des lieudits directement issus d’un patronyme : Mas Bardeletti, Grange de Frach, Pré de Malon, Grange de Prade, Bergerie Lauron, Mas Pradines, Grange de Bayle, Bergerie de Mégier, Grange de Carretier, Grange de Valabrit, Bergerie de Sagnier, Les Fabrègues, etc.

ETYMOLOGIE - POUR APPROFONDIR.


Ainsi comme l’explique très bien Paul MEYER et Gaston PARIS en 1875 dans la revue ROMANIA. Recueil destiné à l'étude des langues et de la littérature Romane. PUBLIÉ PAR F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR (librairie a. FRANCK) 67, RUE RICHELIEU PARIS

Je cite :

« DU PASSAGE d's et/ou z à r EN PROVENÇAL.

C'est exactement le phénomène que nous observons en latin dans flosis, labosis, esam, etc. devenant, à une époque ancienne de la langue, floris, laboris, eram. Il y a pourtant cette remarque à faire que le son qui devient « r » n'est pas seulement celui du « s » doux, mais aussi celui, assez approchant, du « z », que ce "z" ait pour origine un "d" latin, comme dans auzir (andirc), ou un c aspirant comme dans plazen (placentem).

Chacun sait qu'il y a deux manières de produire le son de l'r. Les uns le font par un mouvement de la langue dont l'extrémité, après s'être élevée jusqu'aux alvéoles de la mâchoire supérieure, s'abaisse rapidement. Chez d'autres le son vient du fond de la bouche. Ce sont deux sons bien distincts qu'il est impossible de confondre lorsqu'on les a une fois entendus. Le premier (r lingual, est très-net, tirant un peu sur le son de 1'r (on dit alors rouler les r ; le second (r guttural) est chez certaines personnes obscur au point de produire l'effet d'une forte aspiration, principalement au commencement des mots. L'r guttural est à peu près le seul qu'on entende maintenant dans le centre et le nord de la France, mais l'r lingual est assez répandu dans nos provinces méridionales, et plus encore en Italie voir l’accent «rocailleux» de Narbonne. C'est évidemment celui-là qui se substituait aux s z : le jeu de la langue offre dans la production de chacun de ces deux sons une certaine analogie dont il ne subsiste rien, si à l’r lingual on substitue l'r guttural.

Aucun texte, à ma connaissance, ne présente d'une façon suivie le changement d'"s" ou "z" en "r". Ce peut être un accident fréquent : rien de plus et non une règle.

Jusqu'ici la seule indication à tirer des textes que nous avons employés est que la confusion d'"s" "z" avec "r" paraît s'être surtout manifestée au XIV° siècle. Voilà pour le temps.

Les noms de lieux fournissent aussi leur petit contingent d’exemples :
- Ardezan 1582, actuellement Ardessan (Gard).
- Locus de Stresanicis 1474, actuellement Estezargucs (Gard).
- Eccl. S. Marie de Ozorio, XIV° s.- Maintenant S. Aunes d'Auroux (Hérault),
- Villa Avizatis, 1304 Maintenant S. Julien à Aviras, cartes du dioc.
- Castrum de Balasuco, 1120; Balaruc (Hérault),
- S. Andréas de Olosanicis, 1384. S. André d'Olérargues (Gard) actuellement »


POUR APPROFONDIR L’ETYMOLOGIE DE ARGUE.

Pour le visiteur de ce site qui veut aller encore plus loin dans l’étymologie et qui n’est pas rebuté par une explication pouvant sembler rébarbative, je joins le texte d’une étude de Messieurs Maximin d’HOMBRES et Gatien CHARVET recopiée de leur Dictionnaire LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS publié en 1884 à Alais (Ales).

Argue, en français.
Argues, terminaison d'un grand nombre de noms de lieux dans le bas Languedoc, départ du Gard et de l'Hérault.
La finale Argue a été longtemps considérée comme représentant le latin agir, champ, domaine. Cette ingénieuse interprétation, mise en crédit par le savant historien Ménard, était combattue par les Bénédictins de l'histoire générale du Languedoc; elle fut adoptée à titre de conjecture par Sauvages; aujourd'hui, battue en brèche au sein même de l'Académie du Gard, elle parait abandonnée par la plupart des étymologistes.

Argue, dans la langue vulgaire, le languedocien, est en effet, de dernière formation ; elle n'apparaît qu'au XIV° siècle, où elle devint particulière au territoire qui avait été autrefois le pays d’un peuple appelé les Volces Arécomiques (ou Volques Arécomiques constituent un peuple celte qui aurait émigré au IIIe siècle av. J. C., depuis les régions danubiennes jusque dans le sud de la Gaule.)

Au moyen âge les noms ainsi formés avaient pour finale anègues, anigués ou unicités ; dans le principe c'était le radical celtique "ek" ou son analogue contemporain "ak", qui s'attachait aux mêmes noms pour leur donner la signification de propriété, un sens, une idée de provenance.

Quand, avec la conquête, le latin s'imposa à la Gaule il ne changea pas les appellations locales existantes ; seulement il leur imprima le cachet de son génie et de sa langue, et il ajouta ses finales caractéristiques en us, a, um, selon qu'exigeait l'accord avec mansus, villa, castrum ou prœdium. Pour les établissements nouveaux qui se créèrent dans la suite, les mêmes procédés de dénomination furent employés. De là les terminaisons en acus, aca, acum; puis les variantes en anius, aneus, atius, assius, a, um, etc., désinences correspondantes adjectives.

Les Gallo-Romains, nos ancêtres, adoptèrent donc soit pour l'euphonie (« musique » du mot), soit pour se rapprocher de la forme latine, les finales celtiques latinisées ou purement romaines. Enfin, lorsque du mélange se forma la langue romane rustique, plus tard quand se fit la division en langue d'Oïl et en langue d'Oc, comme le latin se conserva toujours à titre de langue officielle des actes publics, les altérations se multiplièrent, par une sorte de marche parallèle. Les influences ethniques, qui ont tant de puissance sur l'intonation, agirent à leur tour pour modifier les terminaisons.
Ainsi, tandis que le latin disait acus, aca, acum, le roman répondait par ac,as,at, par préférence au midi et au centre de la France, et par e, y, ey, ieux, etc., dans le Nord. Les tendances à la contraction, à l'adoucissement de la prononciation se manifestèrent ; et alors que le bas latin écrivait acus, anus, a, um, le roman supprimait la terminaison et il avait an, en, ane, enne, et ainsi de suite sur les autres voyelles.

Peu à peu, par le même sentiment, la consonance toujours dure du "t" se transforma en "ch" chuintant, et l'on arriva aux désinences mêlées en ache, auche, énche, inche. L'orthographe ne reste pas désintéressée dans la question : le latin remplaçait souvent l’"i" par "j". Or quand les Gallo-Romains, de anius, aneus, onius, a, um, eurent fait anicus, inicus, onicus, a, um, et anicœ , au pluriel l'inversion par anjcus, anjus, allait de soi dans l'écriture: la chute du "c" dur s'ensuivit et l'on eut anjus, enjus, a, um, et les autres, qui par la suppression de la finale caractéristique produisirent de leur coté anje, enje, inje. L'on comprend encore que la substitution du "g" doux, en "j"soit arrivée tout naturellement, comme celle du "c" doux ou du "ch" au "c" latin sonnant "k" devant toute voyelle. Ces combinaisons amènent également le "gn" mouillé et aussi la métathèse "ng" (modification phonétique).

De là sont issues les finales en agna, igna, agnac, ignac, ailleurs igné, igney, ignies, igny, etc., qui se prononcent en nasalisant et en mouillant. Et ce phénomène, dans notre pays, était passé d'abord par anègues, anigues, aniches, inègues, oniches, etc., du moyen âge roman, désinences exprimées en lat. anicæ, enicæ, onicæ, et qui sont enfin devenues argue, ergue, orgue, dans bien des applications de nos jours.

Mais il est facile de saisir, à travers ces permutations de lettres, les altérations qui se sont produites de la forme romane primitive aux formes définitives de notre dialecte.

Toutes ces variétés de finales, depuis ac = ec = acus, anus, anius, jusqu'à an, anche, ènche, anje, ange, agne, et les autres, comme anicæ = anègues = argues, etc. ont donc une source commune et sont équipollentes. Ce qui le prouve, c'est que le latin, langue plus fixe, plus fidèle au radical premier, les exprime, quelle que soit leur diversité, au midi et au nord, par sa formule à peu près uniforme acum ou anum; et que, dans les noms de lieux, d'un bout de la France à l'autre, des corps de mots identiques, portant suivant les pays des terminaisons différentes, en langue vulgaire, se retrouvent dans le latin des chartes, des diplômes, des anciens titres, avec la même finale invariable. Pourquoi ces différences sur des mots similaires, souvent même à des distances très rapprochées ?

« Sic voluere patres, sic voluit usus ». Ainsi l'on voulu nos pères, ainsi l'a conscré l'usage.

Question de latitude ; loi de permutation ; recherche d’énergique euphonie (désigne une agréable et harmonieuse combinaison des sons); toutes ces causes ont pu amener une combinaison qui a donné lieu à de si singulières interprétations.
Pourquoi encore, pour nos contrées, près de nous, au milieu de ces syllabes fluides de la terminaison latine, s'est introduite la consonne rude "r" de notre argue? Comment 1'"i" doux a-t-il disparu ? Il n'y a pas peut-être d'autre raison, et il faut bien s'en contenter, que celle qui, du latin pastinaca a fait notre pasténargo ; de dominicus a fait domergue; de dies dominica a fait dimèrgue , et diménche actuel ; qui a converti le Pagus rutenicusen Rouèrgue ; canonicus, le chanoine, en canounge; villa canonica en La Canourgue (Lozère), et le même, nom d'une place à Montpellier; comme monica, une religieuse, s'est transformé en mourgo, les Mourgues, nom d'une de nos rues. Ce qui est remarquable néanmoins, c'est que la même forme se rencontre dans l'espagnol et dans l'italien, langues néo-latines de même origine que la nôtre. Il nous parait donc évident que la finale argue n'est qu'une désinence purement explétive, adjective, qui emporte de soi un sens de provenance, une idée de propriété, à peu près comme ager, mais qui n'en est pas un dérivé ni une traduction.

Ce qu'il fallait démontrer.

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