Le 9 janvier 2016 – Source washingtonsblog
Traduit par Hervé, vérifié par Ludovic pour le Saker Francophone
La vraie raison de l’opposition entre sunnites comme l’Arabie saoudite les chiites comme l’Iran.
Alors que les sunnites et chiites ont été en compétition et en opposition depuis plus de mille ans pour des détails religieux, ils ont largement co-existé paisiblement jusqu’à récemment.
Pourquoi sont-ils impliqués dans une guerre ouverte au sein de plusieurs pays maintenant ?
La réponse : Les chiites sont assis sur la totalité du pétrole et du gaz.
Une grande partie de la géopolitique moderne est guidée par les hydrocarbures, le pétrole et le gaz.
Cela s’applique-t-il aussi pour la guerre chiites/sunnites ?
Oui, les États-Unis et leurs alliés soutiennent les sunnites contre les chiites… afin de faire la guerre pour le pétrole.
Et il se trouve que la part du lion du pétrole au Moyen-Orient se trouve physiquement dans les pays chiites… ou dans des parties chiites minoritaires de pays à majorité sunnite !!!
Comment l’histoire religieuse s’est mélangée à la décomposition anaérobique du plancton !
Plus précisément, comme le rapporte Jon Schwartz cette semaine dans The Intercept :
« Une grande partie du conflit peut être expliquée par une carte fascinante créée par M. Izady, un cartographe, professeur auxiliaire à l’École des opérations spéciales / Université des Opérations conjointes de l’US Air Force en Floride.
Ce que la carte montre, c’est qu’en raison d’une corrélation particulière de l’histoire religieuse et de la décomposition anaérobique du plancton, presque tous les combustibles fossiles du Golfe Persique sont situés sous les pieds des chiites. Cela est vrai même en Arabie saoudite sunnite, où les principaux champs de pétrole sont dans la Province de l’Est, qui a une population à majorité chiite. »
En conséquence, l’une des peurs les plus profondes de la famille royale saoudienne est qu’un jour les chiites saoudiens fassent sécession, avec leur pétrole, et s’allient avec l’Iran chiite.
Cette crainte n’a fait que croître depuis que l’invasion US de 2003 de l’Irak a renversé le régime sunnite de Saddam Hussein minoritaire, et mis au pouvoir la majorité chiite pro-iranienne. Al-Nimr (dissident politique saoudien ) a dit lui-même en 2009 que les chiites saoudiens appellent à la sécession si le gouvernement saoudien n’améliore pas le traitement qui leur est réservé.
Source: Dr Michael Izady à l’Université Columbia, Gulf2000, New York
Cliquez ici pour agrandir la carte
La carte montre les religions majoritaires des populations au Moyen-Orient et les réserves prouvées de pétrole et de gaz.
– Les espaces verts sombres sont à majorité chiite;
– Les espaces verts clairs sont majoritairement sunnite;
– Les espaces violet, sont les zones principalement wahhabites / salafistes, une branche du sunnisme.
– Les zones noires et rouges représentent des puits de pétrole et de gaz, respectivement.
Comme la carte de Izady le démontre de façon si frappante, la quasi-totalité de la richesse pétrolière saoudienne est situé dans un petit éclat de son territoire dont les occupants sont à majorité chiite.
Si cette région à l’est de l’Arabie Saoudite faisait sécession, la famille royale saoudienne ne serait plus que quelques vieillards courbés de 80 ans, les poches vides, avec simplement du colorant pour la barbe et des prescriptions de Viagra.
L’exécution récente de Al-Nimr peut être expliquée en partie par le désespoir des Saoudiens pour éradiquer tout signe de pensée indépendante parmi les chiites du pays.
La même tension explique pourquoi l’Arabie saoudite est intervenue à Bahreïn, un pays à majorité chiite, riche en pétrole et gouverné par une monarchie sunnite, pour écraser sa version du printemps arabe en 2011.
Des calculs similaires étaient derrière la décision de George H. W. Bush [Le père, NdT] de ne pas se mêler du fait que Saddam Hussein aurait utilisé des armes chimiques en 1991 pour réprimer une insurrection des chiites irakiens à la fin de la guerre du Golfe.
Comme Thomas Friedman, chroniqueur au New York Times, l’a expliqué à l’époque, Saddam avait «gardé l’Irak uni, à la grande satisfaction des alliés américains, la Turquie et l’Arabie saoudite».
A gauche, le président iranien Hassan Rohani, au pouvoir depuis août 2013. A droite, le roi Salmane d’Arabie saoudite qui règne depuis janvier 2015
La politique active de l’Arabie saoudite visant à « étouffer » le potentiel économique de l’Iran pourrait se retourner contre Riyad,
L’Arabie saoudite et les autres pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) font baisser les prix du pétrole afin de nuire à l’Iran ainsi qu’à certains autres pays producteurs, estime le politologue franco-syrien Bassam Tahhan.
« Il faut noter qu’une guerre secrète visant à faire baisser les prix du pétrole est menée par l’Arabie saoudite et les autres pays membres du CCG qui continuent de remplir outre mesure le marché de pétrole afin d’étouffer l’Iran. Et il ne s’agit pas seulement de l’Iran, cette politique vise également la Russie, l’Algérie et le Venezuela – tout l’axe « antiaméricain » créé par ces Etats », a déclaré le politologue dans une interview accordée à la chaîne télévisée RT, expliquant qu’il s’agissait d’Etats qui avaient refusé de suivre les exigences de Washington concernant l’Ukraine, la Syrie et le Yémen.
Selon le politologue, le conflit entre Riyad et Téhéran a peu de chances de se transformer en guerre ouverte, compte tenu de la puissance militaire et de l’étendue du territoire de l’Iran. En outre, l’Arabie saoudite, ne réussira jamais à obtenir une résolution de l’Onu ou de l’Occident condamnant l’Iran et appelant à intervenir dans ce pays. Au contraire, l’Arabie saoudite pourrait être attaquée par des alliés de l’Iran, par exemple, par le Yémen. Dans ce cas, les puits de pétrole saoudiens seront détruits, entraînant une hausse des prix des hydrocarbures.