Plus de 500 ans et rien n’a changé

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Jean BOUCHET (1476-1557)

Quand nous aurons bon temps

Quand justiciers par équité
Sans faveur procès jugeront,
Quand en pure réalité
Les avocats conseilleront,
Quand procureurs ne mentiront,
Et chacun sa foi tiendra,
Quand pauvres gens ne plaideront,
Alors le bon temps reviendra.

Prince, quand les gens s’aimeront
Je ne sais quand il adviendra
Et que offenser Dieu douteront,
Alors le bon temps reviendra

Quand prêtres sans iniquité
En l’Église Dieu serviront,
Quand en spiritualité,
Simonie plus ne feront,
Quand bénéfices ils n’auront,
Quand plus ne se déguiseront,
Alors le bon temps reviendra.

Prince, quand les gens s’aimeront
Je ne sais quand il adviendra
Et que offenser Dieu douteront,
Alors le bon temps reviendra

Quand ceux qui ont autorité
Leurs sujets plus ne pilleront,
Quand nobles, sans crudélité
Et sans guerre, en paix viveront,
Quand les marchands ne tromperont
Et que le juste on soutiendra,
Quand larrons au gibet iront,
Alors le bon temps reviendra.

Prince, quand les gens s’aimeront
Je ne sais quand il adviendra
Et que offenser Dieu douteront,
Alors le bon temps reviendra.

Un petit dernier pour aujourd’hui de Roger de COLLERYE (1470-1536) qui avait du mal à finir les fins de mois. Comme j’ai dit en titre : « Plus de 500 ans et rien n’a changé ».
J’aime beaucoup la langue et l’orthographe du XV° siècle.

Au pied du mur je me voy sans eschelle

Au pied du mur je me voy sans eschelle,
Plus je ne sçay de quel boys faire fleches,
Faulte d’Argent m’en donne les empesches,
Triste j’en suis, jà ne fault que le celle.

Durant ce temps mon corps d’ennuy chancelle,
Mes joues sont mesgres, palles et sèches,
Au pied du mur je me voy sans eschelle,

Si ayde n’ay du bon Dieu et de celle
Devant lesquelz a deulx genoulx me fleches,
De ma vie je ne donne troys pesches,
Car de vertu j’ay moins qu’une estincelle
Au pied du mur je me voy sans eschelle,