Réflexions sur le totalitarisme post-moderne

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Par Yovan Menkevick pour Reflet Info

Lorsque vos dernières bribes d’autonomie individuelle vous auront été retirées pour votre bien et celui de tous, il sera trop tard pour venir vous indigner et réclamer un retour en arrière. La société dans laquelle vous êtes plongé est une société totalitaire, bien que vous ne le sachiez pas et que — probablement — vous ne vous en rendiez pas vraiment compte.

La raison principale de votre ignorance, au sujet du totalitarisme exercé quotidiennement par cette société — et dans laquelle vous vivez — est que vous êtes un acteur clef de ce totalitarisme.

Bien entendu, cette affirmation vous révulse et vous semble inacceptable.
Regardons ce qu’il en est…

Boucle rétroactive du citoyen 2.0 (citoyen connecté)

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La majorité des citoyens n’aime pas trop la liberté. Particulièrement celle d’autrui.

Fondamentalement, la liberté d’autrui est un affront, telle une aiguille plantée dans le corps débile des vies modernes et esclaves, fondées sur la pensée creuse.

La liberté est pourtant là, à bout de bras, mais son exercice requiert quelques changements que peu d’entre vous effectue.

Le premier exercice de la liberté est de refuser toute intrusion par l’image et le son des programmes télévisuels. Ces programmes sont un des piliers du totalitarisme post-moderne. Des piliers, il y en a 5, comme dans l’islam, (et comme dans tous les dogmes des religions monothéismes, même si leur nombre fluctue) :

— La propagande tu regarderas, écouteras et digèreras
— Des produits industriels tu consommeras
— Les puissants tu contesteras
— Ton impuissance tu constateras
— Ton indignation sur le réseau tu délivreras

Les deux premiers piliers sont des fondamentaux, les trois suivants sont avant tout des conséquences, une sorte de deuxième voie permettant au totalitarisme de se légitimer.

Qui, en effet, accepterait d’être à ce point contraint, pressé, obligé, limité dans une société humaine, sans avoir le moindre espoir, une seule possibilité de se défendre ? La contestation, l’indignation, mêlées au constat d’impuissance sont les clés du totalitarisme post-moderne.

Sans eux, la propagande et la consommation ne pourraient pas fonctionner : chaque esclave a besoin de penser et croire qu’il n’en est pas un, qu’il peut lutter contre ces phénomènes et changer les choses. Avec, à chaque fois qu’il tente de se rebeller, un constat amer : l’impuissance. Mais l’espoir d’y arriver la prochaine fois, ou sur la durée, persiste. Alors, pourquoi ne pas retourner devant les écrans, acheter quelques babioles et recommencer, tout en s’indignant de l’ensemble ?

Bétail humain et Olympe moderne

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Une infime partie de l’humanité — quelques milliers d’individus — possèdent la quasi-totalité des ressources financières de la planète.

C’est une première dans l’histoire.

Le mode de vie de ces nouveaux dieux de l’Olympe est sans commune mesure avec le reste, au point qu’ils ne se considèrent même plus comme faisant partie de ce qui est nommé humanité.

Ils ne mangent pas, ne se déplacent pas, ne se logent pas, ne se vêtissent pas comme les 99,9% des autres êtres humains. Leur pouvoir est immense, au point que les structures financières — les consortiums — qu’ils possèdent, sont en mesure de dicter leurs lois aux Etats, étant devenues puis puissantes que ceux-ci.
Pour ces individus, les êtres humains sont devenus du bétail.

Ils fournissent massivement l’alimentation industrielle de mauvaise qualité à ce même bétail afin de maximiser leurs profits, tout comme les vêtements confectionnés à la chaîne par des esclaves modernes, les appareils technologiques de distraction, et même les contenus des programmes : la totalité des besoins humains est couverte par cette poignée d’individus à la tête de quelques centaines de consortiums.

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Le monde comme terrain de jeu

Le totalitarisme post-moderne est en passe de devenir la clef de voute des sociétés humaines. Le monde, dans sa globalité, est voué à se plier aux exigences des nouveaux dieux de l’Olympe qui, rappelons-le, n’ont de pouvoir que celui qui leur est offert par les populations fortement consommatrices de leurs biens et services. Le grand terrain de jeu du monde leur appartient, et les dernières barrières permettant aux superstructures financières de finir de s’emparer pleinement des sociétés humaines sans entraves sont en cours de sauter : TTP, TTIP, TISA, sont en cours de validation.

Il ne restera absolument plus aucune restriction à l’appétit des dieux, qui finiront de verrouiller leur grand terrain de jeu.
Leur but ultime ?

L’immortalité physique et la continuation à travers les âges de leur domination sans partage. Il n’y a aucune raison qu’ils n’y parviennent pas avec un bétail aussi docile, qui leur mange dans la main. Particulièrement dans les pays les plus riches.

Des grains de sable dans l’engrenage existent pourtant

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Ce que ne peuvent maîtriser les maîtres des consortiums est réduit et pourtant excessivement puissant.

Le premier grain de sable est technologique.

La pieuvre mondiale activée par les nouveaux dieux de l’Olympe s’appuie sur la technologie numérique. Des groupes de très haute compétence technologique sont en mesure de porter des coups sévères aux consortiums, et l’ont déjà fait. Les attraper est presque impossible, leur pouvoir de nuisance est bien plus grand que ce que le bétail humain ne l’imagine.

Le deuxième grain de sable est ontologique.

Le totalitarisme post-moderne demande le consentement des individus. Etre au monde autrement que dans le sens qui nourrit les consortiums est une arme qu’ils ne peuvent parer. Ne pas [ou presque pas] consommer leurs produits, ne pas regarder leurs images, exister dans la plus grande autonomie possible face à leurs produits, services et volontés.

Le totalitarisme post-moderne est vaste, complexe, en pleine expansion, et pourtant il ne tient qu’au bétail de s’en préserver. S’il accepte de prendre conscience de son existence…