Samarcande – Amin Maalouf

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Le hasard a mis entre mes mains le livre SAMARCANE de Amin Maalouf. Quel magnifique roman ! Ecrit en 1988, ce n’est pas une nouveauté, mais c’est un livre à lire et relire, surtout près de 30 ans après sa parution tellement il éclaire le Moyen Orient d’aujourd’hui avec ces luttes, ses contradictions et parfois son obscurantisme.

Samarcande est une biographie romancée d’Omar El Khayyam, grand philosophe perse du XIème siècle, très célèbre pour les quatrains qu’il a écrit tout au long de sa vie.

« Quel homme n’a jamais transgressé Ta Loi, dis ?
Une vie sans péché, quel goût a-t-elle, dis ?
Si Tu punis le mal que j’ai fait par le mal.
Quelle est la différence entre Toi et moi, dis ? »

Ses quatrains sont restés secrets pendant près de 9 siècles, et entre temps plusieurs poètes ont écrit des quatrains blasphématoires et qui de peur d’être jugés, les ont associés à ceux de Khayyam, ce qui fait qu’aujourd’hui nous ne sommes pas sûrs que tous les quatrains que l’on retrouve dans le recueil de Khayyam soient réellement écrits par lui…

Ce roman est une réelle encyclopédie sur l’Histoire de la Perse au XIème siècle et au début du XXème.

Le roman est divisé en deux parties.

D’abord la vie romancée et supputée (car en fait peu de traces historiques) d’Omar Khayyâm, mathématicien, astronome, philosophe, et poète perse au onzième-douzième siècles ; ses rencontres supposées avec Abou-Ali Hassan (dit Nizam al-Mulk) grand vizir de Perse et avec Hassan Sabbah, mystique fondateur de la secte des haschischins. (assassins)

Puis la quête du manuscrit de Khayyâm, par Benjamin Lesage, jeune rentier américain francophone et féru d’orientalisme, au tout début du vingtième siècle ; Benjamin rencontrera tous ceux et toutes celles qui ont fait l’Histoire de l’Iran en ce début de siècle, plus quelques personnages annexes créés par l’auteur pour servir son récit.

Le Samarcande de Maalouf, c’est finalement un peu de tout cela, une plongée dans un décor de Mille et une nuits où s’affrontent les passions sensuelles et la rigueur religieuse. L’immersion commence au onzième siècle par l’arrivée à Samarcande du fameux Omar Khayyam, astrologue et poète du vin, jouisseur philosophe et génie perse de cet âge. Dès le début, son esprit s’opposera au fanatisme religieux de la secte ismaélienne qui veut débarrasser la Perse de la domination turque et imposer la mouvance chiite de l’islam à la population.

A travers la quête du manuscrit perdu de Khayyam, Maalouf nous parle du début du XX° siècle comme il l’a fait du onzième siècle, avec amour et érudition, ne cachant rien de la mainmise des Russes et des Anglais sur ce pays déchiré. On retrouve les mêmes thèmes que dans la première partie, l’amour, le pouvoir, l’obscurantisme religieux et surtout, l’esprit et la littérature qui prévaut sur tout, qui est la cause et le but de chaque chose, à commencer par ce roman dont le véritable héros est un livre perdu à jamais au fond d’un océan.

Je vous conseille vivement de lire ou relire Samarcane