Les eurodéputés redoutent l’arrivée de «fukusushis» dans les assiettes des Européens

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Source : Samuel White | EURACTIV.com

Tout le monde n’a pas encore eu de cancer ! La commission Européenne y travaille !

Six ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, la Commission compte affaiblir les contrôles sur la radioactivité des aliments provenant du Japon. Au grand dam de certains parlementaires européens.
L’exécutif européen estime en effet que les données récoltées lors des deux dernières saisons agricoles indiquent que les aliments de certaines parties du Japon ne posent plus aucun risque pour la santé humaine ou animale, et que les normes de sécurité alimentaire élevées au Japon rendent les vérifications européennes redondantes.
La commission parlementaire dédiée à l’environnement (ENVI) a cependant estimé que cette décision était « hautement contestable », six ans seulement après la catastrophe.

L’exécutif européen incompétent.

Selon la résolution adoptée par la commission ENVI, présentée par l’eurodéputée française Michèle Rivasi (Verts), la modification réglementaire dépasse les compétences d’exécution de l’exécutif, qui n’en fait peut-être pas assez pour protéger la santé des citoyens.
« C’est une question sérieuse pour les citoyens européens et notre santé », souligne l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes. « Il est surprenant qu’au moment de l’annonce de l’accord de libre-échange par le Premier ministre japonais Shinzo Abe et Jean-Claude Juncker, ce dernier ait promis la fin des mesures instaurées après Fukushima sans consulter le Conseil ou le Parlement. »
Christel Schaldemose, social-démocrate danoise, ajoute que cette décision pourrait miner la confiance des Européens dans les normes de sécurité alimentaire. « Les citoyens de l’UE doivent pouvoir avoir confiance dans l’innocuité des aliments qu’ils consomment », estime-t-elle.

En plus des sols, les dangers de l’eau contaminée

Les millions de litres d’eau utilisée par les autorités japonaises pour refroidir les réacteurs nucléaires de Fukushima après l’accident de 2011 ont été stockée dans des réservoirs, afin d’éviter toute pollution de l’océan.
Le Japon envisage cependant de relâcher cette eau dans la mer. Il ne devrait donc pas être question de baisser la garde, insiste Claude Turmes. « Cela signifie qu’un volume énorme de radioactivité sera relâché le long de la côte pacifique, et les poissons et crustacés qui y sont pêchés seront exportés vers le monde entier », rappelle-t-il.
Le niveau de radioactivité de l’océan Pacifique suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima a grimpé pour atteindre un pic, mais il devrait rapidement baisser, selon une étude du Centre Geomar Helmholtz pour la recherche océanique.
« Après l’accident de Fukushima, je ne veux pas voir un accident de fukusushi en Europe. C’est notre boulot, en tant que Parlement, de s’assurer que cela n’arrive pas », ajoute-t-il.

L’Angleterre, sortie de UE continue sa nuisance.

Tous les membres de la commission ENVI ne partageaient pas les inquiétudes des députés des Verts/ALE. C’est notamment le cas de Julie Girling, conservatrice britannique (CRE), qui accuse ses collègues de s’appuyer sur « une vérité alternative, dans le style de Trump ».
« Cette objection est tout à fait inutile et complètement injustifiée », estime-t-elle. « Au lieu de protéger les citoyens, on crée des peurs, de la suspicion et de l’inquiétude quant à la consommation alimentaire, alors que nous savons très bien que nous sommes bien protégés. »
Elle souligne également qu’aucune exportation japonaise n’a présenté un taux de radiation excessif ces cinq dernières années.