Un peu d’histoire locale pour ne pas oublier. Tome III

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Et à Saint André d’Olérargues au 14° siècle …

Construction du château de St André d’Olérargues

Les villes du nord furent plus durement touchées, cependant le village n’a pas dû être épargné à l’image du reste du pays. La mort de plus de la moitié de la population a entrainé la désolation et la mise à l’abandon des terres et des maisons réduites à l’état de ruines. Combien de cadavres sont dans le sol qu’aujourd’hui nous foulons innocemment ! Tout était à refaire et à reconstruire.

Les terres à l’abandon ont peu à peu été reprises par les survivants et ont changé de mains. C’est aussi sans doute à cette époque qu’une partie des terres nobles du seigneur, mais laissées à l’abandon sont devenues roturières et exploitées par les villageois pour leur propre compte. C’est aussi pourquoi, pendant les siècles suivants, les seigneurs du lieu ont essayé vainement de faire valoir leurs droits sur ces terres qui peu à peu leur avaient échappé et étaient réhabilitées pas le travail patient et difficile des paysans locaux.

Puis en 1349 la seigneurie est rétrocédée à la famille de Gardiès, Guillaume de Gardiès devient le propriétaire des lieux.

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Dessin de l’auteur.

On ne connait pas la date exacte de l’édification du château. Une date est estimée : aux alentours de 1350 suite aux recherches entreprise par le propriétaire actuel. Il doit exister des documents dans les archives des descendants de la famille de Gardiès, mais ils sont difficiles à retrouver et à consulter.

Pour ériger une telle construction avec les moyens de l’époque, il fallut une grande détermination et au minimum une décennie.

Pour estimer la date des travaux il faut étudier d’une part, l’histoire de l’époque pour y déceler quelles ont pu être les motivations du propriétaire pour construire une telle bâtisse. D’autre part son architecture peut apporter des indications de datation.
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Sur le plan historique,

On peut dire que ceux qui ont survécu à la famine durent faire face à la peste et les survivants durent subir les pillages, meurtres et viols des routiers et des brigands pendant la guerre de 100 ans. Pour rappel la guerre dura cent ans mais pas les combats. Il y eu de longues périodes ou la « soldatesque » ne combattait pas, ni pour un camp, ni pour l’autre. Ces routiers livrés à eux-mêmes pillaient les villages et l’insécurité était grande.

Dans ce climat on peut aisément imaginer que le seigneur du lieu ait voulu construire un habitat sûr pour protéger ses gens et ses serfs, voire pour stocker ses récoltes. De plus le château était pour lui un abri sécurisé pendant ses déplacements.
Donc historiquement cette période est propice à la construction d’une bâtisse fortifiée.

Sur le plan architectural,

Il faut remarquer que cette construction a été beaucoup modifiée au cours des siècles. Les ouvertures initiales obturées et les créations de nouvelles ouvertures sont nombreuses.
Si la façade présente de nombreuses ouvertures utilisées pour des armes à feu il a aussi des meurtrières et archères pour des tirs de défense à l’arbalète et à l’arc. Ces dernières sont implantées au premier niveau, les bouches à feu sont plus hautes et ont été ajoutées plus tardivement.
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Exemple d’une porte d’accés faite tardivement et d’une meurtrière d’origine

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Meurtrière d’origine
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Meurtrière obturée

Il y a ensuite « la bretèche » implantée sur la tour centrale qui servait de défense de la porte principale. La bretèche assez courante depuis le Xe siècle est devenue un dispositif prépondérant en matière de flanquement à partir du XIIIe siècle.
Elle voit son déclin en matière d’éléments défensifs au XVe siècle avec l’utilisation de la poudre à canon. Il n’est plus besoin de défendre une porte depuis le dessus, puisqu’elle peut être détruite à distance par une bombarde.
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La bretèche, que l’on aperçoit sur la tour hexagonale centrale, servait à défendre le pied de la tour où se trouvait la porte d’entrée en faisant tomber sur les assaillants : pierres, huiles bouillantes et autres projectiles.

On peut donc estimer que la construction du château date du milieu du XIVe siècle.

Marthe Moreau dans la revue « Les châteaux du Gard » aux Presses du Languedoc, décrit ainsi le château.
« Le château est bien conservé dans l’ensemble, mais défiguré par des maisons construites tout autour. Il est intéressant car il a gardé son authenticité, ayant été épargné par la Révolution et les restaurations intempestives du XIXe siècle. Il est bâti sur un plan carré avec quatre tours rondes aux angles. Partout une profusion d’archères, de canonnières, d’ouvertures à meneaux. Huit meurtrières sur une seule tour. Sur la façade sud, entre les deux tours rondes, une tour hexagonale contient l’escalier à vis. Elle est percée d’une porte, murée dans sa partie inférieure et protégée par une bretèche. La tour sud-ouest, qui servait de pigeonnier, avait une centaine de trous qui ont été bouchés. »

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Photo aérienne de Pascal Bono.
Pour en savoir plus voir : Site historique de la commune de Saint-André d’Olérargues (Gard)