Elections aux Etats-Unis : et si l’algorithme de Google déterminait le vainqueur ?

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Manipulation
Il est temps d’ouvrir les yeux!

Source Par Sylvain Rolland La Tribune

« l’effet de manipulation du moteur de recherche »

Au terme d’une expérience de plusieurs mois, réalisée sur 4.500 sujets dans deux pays, les chercheurs arrivent avec une théorie, qu’ils ont baptisé le « Search engine manipulation effect » (SEME), ou « l’effet de manipulation du moteur de recherche ».

Leurs conclusions font froid dans le dos. La méthode de l’enquête est la suivante : les chercheurs ont divisé les participants, de manière aléatoire, en trois groupes. Chacun disposait de quinze minutes pour rechercher en ligne des informations sur deux candidats à une élection fictive, sur la base de 30 articles reprenant leurs positions et propositions sur différents thèmes.

Pour déterminer si l’ordre des articles qui s’affiche sur le moteur de recherche influe sur le vote, les chercheurs ont manipulé l’algorithme pour que le candidat A soit favorisé dans le groupe 1, que le candidat B soit favorisé dans le groupe 2, et que les résultats soient équilibrés dans le groupe 3.
Avant de commencer l’expérience, les participants devaient lire une description de la personnalité et du programme des deux candidats. Ils devaient aussi indiquer celui qui leur inspire le plus confiance, celui qui leur paraît le plus sympathique et celui pour lequel ils pensaient, a priori, voter.

L’ordre des résultats influence entre 20% et 60% des indécis

A la fin du quart d’heure de recherche, l’équipe a reposé les mêmes questions au panel. Surprise (ou pas) : lors de tous les tests, au moins 20% des électeurs indécis basculent vers le candidat favorisé par le moteur de recherche. Une proportion qui peut atteindre 60% chez certaines catégories de la population, notamment les plus pauvres et les moins éduqués.

« L’impact peut être encore plus important dans les pays dominés par un seul moteur de recherche », précise l’étude.

Aux Etats-Unis, Google pèse environ 70% du marché de la recherche en ligne, mais la proportion monte à 90% en Europe…

« En sachant que les élections se gagnent souvent avec une marge de moins de 10 points, Google peut potentiellement influer sur l’issue du scrutin », en déduisent les chercheurs. Le tout, sans que les utilisateurs en aient conscience, juste par le pouvoir d’un algorithme de recherche dont personne ne connaît les secrets et que personne ne peut contrôler.

Une étude à relativiser, mais riche d’enseignements

Voilà qui donne beaucoup de pouvoir -et de responsabilité- à Google comme aux autres géants de la high-tech. Et soulève une question majeure : une démocratie peut-elle accepter de confier autant de pouvoir à une multinationale qui échappe à tout contrôle ?

Bien sûr, les résultats de cette enquête doivent être relativisés car Internet n’est pas le seul moyen d’information pour les électeurs indécis. En revanche, le Net prend une place de plus en plus importante à chaque élection, au point que les candidats mettent au point de véritablement stratégies numériques, à l’image de Barack Obama, champion dans ce domaine en 2008 et en 2012. Pour autant, les résultats de l’étude montrent une capacité d’influence massive, de nature à influer considérablement sur le vote.

L’algorithme de Google, comme celui de Facebook, fait partie des secrets les mieux gardés de la planète. On sait toutefois que les équipes de Google modifient leur algorithme environ 600 fois par an, mais la firme ne communique pas sur ses raisons et ses finalités.

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