- Archives de la Catégorie Littérature : poésies
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Hommage à Géraldine, notre fille ainée.
Une lumière s’est éteinte trop tôt sur Terre, mais une nouvelle étoile brille déjà dans le ciel.
Née le 08-03-1977 décédée 03-08-2017 !
« Ne pleure pas de l’avoir perdue, mais réjouis-toi de l’avoir connue. » JL Trintignant.
Adieu ma belle. Bonne route !
Quand se tait soudain le chant du Loriot,
L’espace est empli de choses qui meurent.
Tombant en cascade un long filet d’eau
Ouvre les rochers de la profondeur;
Le vallon s’écoute et entend l’écho
D’immémoriaux battements de cœur.François Cheng
Seul qui déjà éleva sa lyre
Jusque parmi les ombres
peut pressentir et proclamer
La louange infinie.Seul qui avec les morts a mangé
Le pavot, leur pavot,
Ne perdra plus jamais, fût-ce
Le plus léger des sons.Le reflet dans l’étang souvent
Se trouble à nos yeux;
Connais la vraie image.Dans le double-royaume enfin
Les voix se feront
Tendres et éternelles.Rilke (Sonnets à Orphée)
Merci à Claire pour ces poèmes
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Bella Ciao – Un hymne à la résistance.
Mes amis il est temps d’entonner les chants de rassemblement antifascistes et de résistance au grand capital (faute de mieux).
Bella ciao est un chant de révolte italien qui célèbre l’engagement dans le combat mené par les partisans de la Seconde Guerre mondiale contre les troupes allemandes de la République sociale italienne durant la Guerre civile.
Les paroles ont été écrites fin 1944 sur la musique d’une chanson populaire que chantaient au début du XXe siècle les mondine, ces saisonnières qui désherbaient les rizières de la plaine du Pô et repiquaient le riz, pour dénoncer leurs conditions de travail.
Elle est chantée depuis 1963 dans le monde entier — en 2016, on dénombre des versions en 40 langues — comme un hymne à la résistance.
Version originale des mondines
Alla mattina appena alzata
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Alla mattina appena alzata
In risaia mi tocca andar
E fra gli insetti e le zanzare
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
E fra gli insetti e le zanzare
Un dur lavoro mi tocca far
Il capo in piedi col suo bastone
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Il capo in piedi col suo bastone
E noi curve a lavorar
O mamma mia o che tormento
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
O mamma mia o che tormento
Io t’invoco ogni doman
Ed ogni ora che qui passiamo
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Ed ogni ora che qui passiamo
Noi perdiam la gioventù
Ma verrà un giorno che tutte quante
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Ma verrà un giorno che tutte quante
Lavoreremo in libertà.Traduction
Le matin à peine levée
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Le matin à peine levée
À la rizière je dois aller
Et entre les insectes et les moustiques
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Et entre les insectes et les moustiques
Un dur labeur je dois faire
Le chef debout avec son bâton
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Le chef debout avec son bâton
Et nous courbées à travailler
O Bonne mère quel tourment
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
O Bonne mère quel tourment
Je t’invoque chaque jour
Et toutes les heures que nous passons ici
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Et toutes les heures que nous passons ici
Nous perdons notre jeunesse
Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes
Nous travaillerons en liberté.En France, cette chanson fréquemment liée à la gauche ainsi qu’à la mouvance anarchiste, est souvent reprise lors des manifestations.
« Bella Ciao » in 9 Languages (HD)
Un petit dernier pour la route (et le plaisir)…Les Ramoneurs de Menhirs Bella Ciao Live ! EXCELLENT !
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8 Mars journée de la femme
Femme noire – Léopold Sédar Senghor (1906 – 2001), Chants d’ombre
Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigleFemme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’AiméeFemme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or ronge ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
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Paul Valéry Ecrivain et poète français 1871 – 1945
Citations à méditer
« La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. »
« La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »
« La mode étant l’imitation de qui veut se distinguer par celui qui ne veut pas être distingué, il en résulte qu’elle change automatiquement. Mais le marchand règle cette pendule. »
« Toute politique se fonde sur l’indifférence de la plupart des intéressés, sans laquelle il n’y a point de politique possible. »
« L’homme moderne est l’esclave de la modernité : il n’est point de progrès qui ne tourne pas à sa plus complète servitude. »
« La faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force. »
« Le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’Opinion. »
« Il y a de grandes perturbations dans le monde, qui sont dues à la coexistence de « vérités », d’idéaux, de valeur comparable, et difficiles à distinguer. »
« Les débats les plus violents ont toujours eu lieu entre des doctrines ou des dogmes très peu différents. »
« Lutte plus aigre et plus aiguë entre orthodoxes et hérétiques qu’entre l’orthodoxe et le païen. »
« Le degré de précision d’une dispute en accroît la violence et l’acharnement. On se bat plus furieusement pour une lointaine décimale. »
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Choses du soir – Victor HUGO (1802-1885)
Choses du soir – Victor HUGO
Le brouillard est froid, la bruyère est grise ;
Les troupeaux de boeufs vont aux abreuvoirs ;
La lune, sortant des nuages noirs,
Semble une clarté qui vient par surprise.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.Le voyageur marche et la lande est brune ;
Une ombre est derrière, une ombre est devant ;
Blancheur au couchant, lueur au levant ;
Ici crépuscule, et là clair de lune.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.La sorcière assise allonge sa lippe ;
L’araignée accroche au toit son filet ;
Le lutin reluit dans le feu follet
Comme un pistil d’or dans une tulipe.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.On voit sur la mer des chasse-marées ;
Le naufrage guette un mât frissonnant ;
Le vent dit : demain ! l’eau dit : maintenant !
Les voix qu’on entend sont désespérées.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.Le coche qui va d’Avranche à Fougère
Fait claquer son fouet comme un vif éclair ;
Voici le moment où flottent dans l’air
Tous ces bruits confus que l’ombre exagère.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.Dans les bois profonds brillent des flambées ;
Un vieux cimetière est sur un sommet ;
Où Dieu trouve-t-il tout ce noir qu’il met
Dans les coeurs brisés et les nuits tombées ?Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.Des flaques d’argent tremblent sur les sables ;
L’orfraie est au bord des talus crayeux ;
Le pâtre, à travers le vent, suit des yeux
Le vol monstrueux et vague des diables.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.Un panache gris sort des cheminées ;
Le bûcheron passe avec son fardeau ;
On entend, parmi le bruit des cours d’eau,
Des frémissements de branches traînées.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.La faim fait rêver les grands loups moroses ;
La rivière court, le nuage fuit ;
Derrière la vitre où la lampe luit,
Les petits enfants ont des têtes roses.Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.
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Hommage à Léonard Cohen
Pour tous les jeunes qui ne connaissent pas … Si! J’en connais!
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Poème Afghan du XVème siècle
Poème extrait de « Le Roi, le Sage et le Bouffon » de Shafique Keshavjee
« La beauté ne peut supporter de rester ignorée derrière le rideau ; un beau visage a horreur du voile et si tu lui fermes la porte, voudra apparaître à la fenêtre. Vois comme la tulipe, au sommet de la montagne, perce de sa tige le rocher au premier sourire du printemps et nous révèle sa beauté.
Et toi-même, quand apparaît dans ton âme une idée rare, tu en est obsédé et doit l’exprimer par la parole ou l’écriture. Telle est l’impulsion naturelle de la beauté partout où elle existe.
La Beauté éternelle dût s’y soumettre et émergea des saintes régions de mystère pour briller sur les horizons et les âmes. Un éclair émané d’elle jaillit sur la terre et les cieux. Elle se révéla dans le miroir des êtres …
Tous les atomes constituant l’univers devinrent autant de miroirs reflétant chacun un aspect de l’éternelle splendeur. Une parcelle de son éclat tomba sur la rose qui rendit fou d’amour le rossignol. C’est à elle que fut redevable de ses charmes Leïla dont chaque cheveu attacha le cœur de Mejnoun…
Telle est la beauté qui transparaît à travers le voile des beautés terrestres et ravit tous les cœurs épris. C’est l’amour pour elle qui vivifie les cœurs et fortifie les âmes
C’est d’elle seule qu’au fond est épris tout cœur amoureux, qu’il s’en rende compte ou non.
Le cœur exempt du mal d’amour n’est pas un cœur; Le corps privé de la peine d’amour n’est qu’eau et limon..
C’est l’inquiétude amoureuse qui donne à l’univers son mouvement éternel ; c’est le vertige d’amour qui fait tournoyer les sphères.
Si tu veux être libre, soit captif de l’amour. Si tu veux la joie, ouvre ta poitrine à la souffrance d’amour.
Le vin d’amour donne chaleur et ivresse, sans lui, c’est l’égoïsme glacé.
Tu peux poursuivre bien des idéaux mais seul l’amour te délivrera de toi-même..
C’est la seule voie qui conduise à la vérité »
DJAMI
4ème de couverture :
Suite à d’étranges rêves, le Roi d’un pays lointain, conseillé par son Sage et son Bouffon, décide de convoquer le premier Grand Tournoi de Vérité. les concurrents sont des athlètes de haut niveau. Leur disciplines sont l’athéisme et les grandes religions du monde. A la recherche de la Beauté éternelle et de la Sagesse véritable, ils mettront tout en œuvre pour se dépasser et communiquer le meilleurs d’eux-même.
Mais que se passe-t-il quand un juif, un chrétien, un musulman, un hindou, un bouddhiste et un athée se rencontrent . Qui sortira vainqueur de cette compétition ?
Une fable brillante et pleine d’humour, ou les religions sont au cœur d’un récit passionnant.
Livre de poche collection POINTS
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Marianne Ihlen est décédée le 29 juillet à l’âge de 81 ans
Elle a été la muse de Léonard Cohen
Dans les années 60, le ténébreux chanteur séjourne sur l’île grecque d’ Hydra. Il y rencontre la blonde et lumineuse et norvégienne Marianne Ihlen. Coup de foudre. L’amour a knocké à la porte de ces deux-là. Il écrira pour elle deux de ses plus belles chansons So long Marianne et Bird on a wire
Dès qu’il apprend que sa muse se meurt, le mois dernier, le poète écrit à sa lover une magnifique et poignante lettre de poète.
«Nous sommes arrivés au point où nous sommes si vieux, nos corps tombent en lambeaux, et je pense que je te rejoindrai bientôt. Sache que je suis si près derrière toi, que si tu tends la main tu peux atteindre la mienne. Et tu sais que j’ai toujours aimé ta beauté et ta sagesse et je n’ai pas besoin d’en dire plus parce que tu sais tout cela. Je veux seulement te souhaiter un très beau voyage. Au revoir ma vieille amie. Mon amour éternel. Rendez-vous au bout du chemin. «
Elle aura entendu ses derniers mots avant que de pousser son dernier expir.
So long, Marianne. Repose en paix.
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Le navire mystique – Antonin ARTAUD
Antonin ARTAUD, Premiers poèmes, 1913.
Le navire mystique
Il se sera perdu le navire archaïque
Aux mers où baigneront mes rêves éperdus,
Et ses immenses mâts se seront confondus
Dans les brouillards d’un ciel de Bible et de Cantiques.Et ce ne sera pas la Grecque bucolique
Qui doucement jouera parmi les arbres nus ;
Et le Navire Saint n’aura jamais vendu
La très rare denrée aux pays exotiques.Il ne sait pas les feux des havres de la terre,
Il ne connaît que Dieu, et sans fin, solitaire
Il sépare les flots glorieux de l’Infini.Le bout de son beaupré plonge dans le mystère ;
Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits
L’Argent mystique et pur de l’étoile polaire.
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J’aime l’âne – Francis Jammes
J’AIME L’ANE…
J’aime l’âne si doux
marchant le long des houx.Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles ;et il porte les pauvres
et des sacs remplis d’orge.Il va, près des fossés,
d’un petit pas cassé.Mon amie le croit bête
parce qu’il est poète.Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.Jeune fille au doux cœur,
tu n’as pas sa douceur :car il est devant Dieu
l’âne doux du ciel bleu.Et il reste à l’étable,
fatigué, misérable,ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.Il a fait son devoir
du matin jusqu’au soir.Qu’as-tu fait jeune fille ?
Tu as tiré l’aiguille…Mais l’âne s’est blessé :
la mouche l’a piqué.Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.Qu’as-tu mangé petite ?
T’as mangé des cerises.L’âne n’a pas eu d’orge,
car le maître est trop pauvre.Il a sucé la corde,
puis a dormi dans l’ombre…La corde de ton cœur
n’a pas cette douceur.Il est l’âne si doux
marchant le long des houx.J’ai le cœur ulcéré :
ce mot-là te plairait.Dis-moi donc, ma chérie,
si je pleure ou je ris ?Va trouver le vieil âne,
et dis-lui que mon âmeest sur les grands chemins,
comme lui le matin.Demande-lui, chérie,
si je pleure ou je ris ?Je doute qu’il réponde :
il marchera dans l’ombre,crevé par la douceur,
sur le chemin en fleurs.
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8 Mars, journée de la femme.
Victor Hugo (1802-1885), Les contemplations (1856)
Les femmes sont sur la terre
Les femmes sont sur la terre
Pour tout idéaliser ;
L’univers est un mystère
Que commente leur baiser.C’est l’amour qui, pour ceinture,
A l’onde et le firmament,
Et dont toute la nature,
N’est, au fond, que l’ornement.Tout ce qui brille, offre à l’âme
Son parfum ou sa couleur ;
Si Dieu n’avait fait la femme,
Il n’aurait pas fait la fleur.À quoi bon vos étincelles,
Bleus saphirs, sans les yeux doux ?
Les diamants, sans les belles,
Ne sont plus que des cailloux ;Et, dans les charmilles vertes,
Les roses dorment debout,
Et sont des bouches ouvertes
Pour ne rien dire du tout.Tout objet qui charme ou rêve
Tient des femmes sa clarté ;
La perle blanche, sans Eve,
Sans toi, ma fière beauté,Ressemblant, tout enlaidie,
À mon amour qui te fuit,
N’est plus que la maladie
D’une bête dans la nuit.
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PAUL VERLAINE – GASPARD HAUSER CHANTE
Musique : Georges Moustaki
Interprète : Georges MoustakiPour écouter cliquer ici PAUL VERLAINE •• GASPARD HAUSER CHANTE
Le 26 mai 1828 à Nuremberg, en Bavière, deux artisans sortant d’une taverne, le cordonnier Weissman et le maître bottier Beck voient venir de la rue de la Fosse-des-Ours un jeune adolescent : c’est ainsi qu’apparaît, en ce lundi de Pentecôte, Gaspard Hauser, épuisé, titubant, gesticulant et grognant de façon incompréhensible.
Le jeune homme tient à la main une lettre adressée au « Commandant en chef du 4e escadron du 6e régiment de chevaux-légers », le capitaine von Wessnich. La lettre précise que le père de Kaspar aurait appartenu à ce régiment ; un autre billet, joint à cette lettre, le déclare né le 30 avril 1812.Gaspard Hauser chante :
Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes :
Ils ne m’ont pas trouvé malin.À vingt ans un trouble nouveau,
Sous le nom d’amoureuses flammes,
M’a fait trouver belles les femmes :
Elles ne m’ont pas trouvé beau.Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l’étant guère,
J’ai voulu mourir à la guerre :
La mort n’a pas voulu de moi.Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu’est-ce que je fais en ce monde ?
Ô vous tous, ma peine est profonde :
Priez pour le pauvre Gaspard !
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Le chanteur et compositeur Leny Escudero est mort, vendredi 9 octobre, à l’âge de 82 ans.
Leny Escudero, de son nom de naissance Joaquim Leni Escudero est né le 5 novembre 1932 à Espinal en Espagne. Son père et sa mère, républicains espagnols quittent l’Espagne ravagée par la guerre civile en 1939 et se réfugient à Mayenne.
Leny passe sa jeunesse à Mayenne où il se marie. Il s’installe à Paris dans le quartier de Belleville. Il va exercer des petits métiers pour survivre (terrassier, carreleur… etc). En 1957, il commence une carrière de chanteur et sort son 1er album (Ballade à Sylvie) qui lui assure le succès, la célébrité et effectue un tour du monde (Amérique du Sud, Moyen-Orient, États-Unis, Russie, Afrique).
Dahomey, il construit une école en dur en pleine brousse. En 1971, il reçoit le Grand prix de l’Académie Charles-Cros avec Escudero 71. Dans les années 1970 à 1990, il est considéré comme un chanteur engagé. Ses paroles traitent de sujets souvent graves et tristes, tels que la guerre d’Espagne, les dictatures, et la maltraitance des habitants de notre planète. Il a été également acteur et participe à des séries télévisées comme Louis la Brocante et Docteur Sylvestre. Aujourd’hui il vit à Giverny près de Vernon.
Il était le père de trois enfants, Christine, Julian et Stéphanie. La raucité de sa voix, le doux-amer de ses textes, la qualité de ses mélodies, distillent le charme mystérieux de cet homme des contre-courants.
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Le vent – Francis Jammes
Francis Jammes, né à Tournay le 2 décembre 1868 et décédé à Hasparren le 1er novembre 1938, est un poète, romancier, dramaturge et critique français. Il passa la majeure partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque, principales sources de son inspiration.“Et le vent n’est-il pas la voix de Dieu, autant que celle du poète qui ne l’a que par Lui?”
Francis Jammes
Le vent triste souffle dans le parc,
comme dans un livre que je lus enfant,
où une écolière perdue était hagarde.
Le vent.Il va casser, peut-être, le tulipier.
Il fait voir le dessous des feuilles blanc
du vernis du Japon qu’il semble essuyer,
Le vent.Le baromètre est descendu subitement.
Peut-être que ça va être un ouragan.
Il ne peut pas pleuvoir, mais on entend
Le vent.Dans les livres de prix, monsieur et madame d’Arvan
reviendraient en pressant le pas chez eux,
vers un château tout bleu malgré le mauvais temps.
Le vent.Sortez de ma tête, ô manoirs moisissants
où devaient se passer d’étranges adultères,
par les temps tristes, en Angleterre.
Le vent.Sortez de ma tête, gentilles écolières
qui jouiez à cache-cache dans la clairière
et reveniez vers le grenier sombre, à cause du grand
vent.Sortez de ma tête, vieux marquis des villes
qui, dans les maisons pluvieuses, lisiez Virgile
dans des fauteuils à oreillettes, par des temps
de vent.Sors de ma tête, ma douce tristesse,
et va-t’en vers le coteau fané, va-t’en
où va, sur un air un peu Chateaubriand,
le vent.
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Zao – Ancien combattant …
Chanteur emblématique du Congo Brazzaville, ZAO s’est fait connaitre par cette chanson qui traite de l’absurdité de la guerre au cœur d’un pays fragile qui s’est déjà déchiré à plusieurs reprises.
« La guerre mondiaux
Ce n’est pas beau, ce n’est pas beau
Quand viendra la guerre mondiaux
Tout le monde cadavéré »A écouter : deux enregistrements au choix
Paroles de « Ancien combattant » par Zao
Texte :
Moi engagé militaire, moi engagé militaire
Moi pas besoin galons, soutez-moi du riz
Sergent masamba, tirailleur mongasa, caporal mitsutsu (…)
Vêtements militaires, vêtements militaires (…)Début de la chanson :
Marquer le pas, et 1, 2
Ancien combattant
Mundasukiri
Marquer le pas, et 1, 2
Ancien combattant
MundasukiriTu ne sais pas que moi je suis ancien combattant
Moi je suis ancien combattant,
J’ai fait la guerre mondiaux
Dans la guerre mondiaux,
Il n’y a pas de camarade oui
Dans la guerre mondiaux,
Il n’y a pas de pitié mon ami
J’ai tué Français,
J’ai tué Allemand,
J’ai tué Anglais,
Moi j’ai tué Tché-co-slo-vaqueMarquer le pas, 1, 2
Ancien combattant
Mundasukiri
Marquer le pas, 1, 2
Ancien combattant
Mundasukiri
La guerre mondiaux
Ce n’est pas beau, ce n’est pas beau
La guerre mondiaux
Ce n’est pas beau, ce n’est pas beau
Quand viendra la guerre mondiaux
Tout le monde cadavéré
Quand viendra la guerre mondiaux
Tout le monde cadavéré
Quand la balle siffle, il n’y a pas de choisir
Si tu ne fais pas vite changui, mon chéri, ho!
Cadavéré
Avec le coup de matraque
Tout à coup, patatras, cadavéré
Ta femme cadavéré
Ta mère cadavéré
Ton grand-père cadavéré
Ton père cadavéré
Tes enfants cadavéré
Les rois cadavéré
Les reines cadavéré
Les empereurs cadavéré
Tous les présidents cadavéré
Les ministres cadavéré
Le garde de corps cadavéré
Les motards cadavéré
Les militaires cadavéré
Les civils cadavéré
Les policiers cadavéré
Les gendarmes cadavéré
Les travailleurs cadavéré
Ta chérie cadavéré
Ton première bureau cadavéré
Ton deuxième bureau cadavéré
La bière cadavéré
Le champagne cadavéré
Le whisky cadavéré
Le vin rouge cadavéré
Le vin de palme cadavéré
Les soûlards cadavéré
Music lovers cadavéré
Tout le monde cadavéré
Moi-même cadavéréMarquer le pas, et 1, 2
Ancien combattant
Mundasukiri
Marquer le pas, et 1, 2
Ancien combattant
MundasukiriPourquoi la guerre
Pourquoi la guerre
Pourquoi la guerre
La guerre ce n’est pas bon, ce n’est pas bon
Quand viendra la guerre tout le monde affamé, oh!
Le coq ne va plus coquer, cocorico oh!
La poule ne va plus pouler, pouler les oeufs
Le footballeur ne va plus footer, pousser le ballon
Les joueurs cadavéré
Les arbitres cadavéré
Le sifflet cadavéré
Même le ballon cadavéré
Les équipes cadavéré
Diables Noirs cadavéré
Etoile du Congo cadavéré
Les Lions Indomptables cadavéré
Les Léopards cadavéré
Les Diables Rouges cadavéré
Les journalistes cadavéré
La radio cadavéré
La télévision cadavéré
Le stade cadavéré
Les supporters cadavéréLa bombe ce n’est pas bon, ce n’est pas bon
La bombe à neutrons ce n’est pas bon, ce n’est pas bon
La bombe atomique ce n’est pas bon, ce n’est pas bon
Les Pershing ce n’est pas bon, ce n’est pas bon
S.S. 20, ce n’est pas bon, ce n’est pas bon
Quand viendra la bombe
Tout le monde est bombé oh!
Ton pays bombé
L’URSS bombé
Les États-Unis bombé
La France bombé
L’Italie bombé
L’Allemagne bombé
Le Congo bombé
Le Zaïre bombé
L’ONU bombé
L’UNESCO bombé
L’OUA bombé
Mes bœufs bombé
Mes moutons bombé
Mon cuisinier bombé
Tous les cuisiniers bombé
Ma femme bombé
Les taximan bombé
Les hôpitaux bombé
Les malades bombé
Les bébés bombé
Le poulailler bombé
Mes coqs bombé
Mon chien bombé
Les écoles bombé
Ma poitrine bombé
Tout le monde bombardéSemez l’amour et non la guerre mes amis
Tenons-nous la main dans la main
Jetez vos armes
Jetez vos armes
Jetez vos armes
Tenons-nous la main dans la mainAh! Si tu voyais Français : Bonjour
Ah! Si tu voyais Anglais : Good Morning
Ah! Si tu voyais Russe : zdravstvuite
Ah! Si tu voyais Allemand : guten tag
Ah! Si tu voyais Espagnol: Buenos Dias
Ah! Si tu voyais Italien: Buongiorno
Ah! Si tu voyais Chinois : Hiho
Ah! Si tu voyais Bulgare : Dóbar den
Ah! Si tu voyais Israélien: Shalom
Ah! Si tu voyais Egyptien : Sabahkarlarer
Ah! Si tu voyais Sénégalais : Nagadef
Ah! Si tu voyais Malien : Anissoucouma
Ah! Si tu voyais Nigérien : Carouf
Ah! Si tu voyais Mauritanien : Alagouna
Ah! Si tu voyais Togolais : Afoi
Ah! Si tu voyais Souaéli : D’jambo
Ah! Si tu voyais Tchadien : Lali
Ah! Si tu voyais Malgache : Malaouna
Ah! Si tu voyais Centre Africain : Mibaramo
Ah! Si tu voyais Camérounais : Anenvoyé
Ah! Si tu voyais Gabonais : M’bolo
Ah! Si tu voyais Congolais : Bonté
Ah! Si tu voyais Zaïrois : Bonté Na YoMarquer le pas, et 1, 2
Ancien combattant
Mundasukiri
Marquer le pas, et 1, 2
Ancien combattant
Mundasukiri
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Un texte politico-poétique de l’écrivain Dimitris Alexakis, sur la crise Grecque
Publié sur le site OULAVIESAUVAGEDimitris Alexakis, Athènes, 27 juillet 2015
« nous ne voulons pas perdre le pays »
(Franz Kafka, La Colonie pénitentiaire)Nous avons vécu longtemps dans la compagnie des fantômes et peut-être, par malheur pour nous, sommes-nous les seuls à pouvoir les décrire.
Négocier avec les fantômes aura sans doute été l’erreur la plus funeste de notre histoire récente ; il nous aura fallu six mois pour comprendre que les fantômes ne négocient jamais mais attendent, plus immobiles et plus silencieux qu’un sphinx, que les enfants soient épuisés.
Aujourd’hui, nous avons au moins la consolation de pouvoir parler et de dire qui ils sont : nous avons tout perdu.
Les fantômes ne connaissent pas la faim, ni la soif. Ils ne connaissent pas la colère, ni l’amour. S’ils ne dorment pas, ils ne connaissent pas l’insomnie.
Ils sont sans enfance, sans passé, sans parents et sans avenir.
Comme tous les fantômes, ils n’ont que l’apparence d’un corps : aucun d’entre nous ne pourra jamais les toucher.Ils sont propres : leur seule action un tant soit peu humaine est de se laver les mains ; ils passent chaque jour de longs moments, les doigts tendus sous un jet d’eau froide, à se savonner les phalanges et la moindre articulation, le moindre repli de peau en se regardant dans un miroir immense, dans des toilettes à plafond haut, au parquet blanc et sonore, aux parois de métal brillant.
Ce sont ce qu’ils appellent leurs temps morts.
Leur image se réfléchit sur les murs lisses. Il arrive qu’ils se lavent les mains en même temps, à plusieurs, le long des blocs d’émail blanc, en file, les uns à la suite mais à distance des autres, chacun scrutant ses traits, ses ongles ; s’ils ont du goût, ce n’est que pour ce contact savonneux et liquide sur leurs paumes et sur le revers de leur main.Beaucoup ne les connaissent que par les vêtements qu’ils portent ; les fantômes, comme chacun sait, sont vêtus de costumes de prix. À force de les fréquenter, nous avons cependant commencé à saisir d’imperceptibles nuances d’un costume à un autre.
Paradoxalement, les fantômes vêtus des costumes les plus colorés sont aussi les plus féroces ; inversement, ceux qui ne sourient jamais, ceux dont l’expression s’apparente à celle d’un cadavre tout juste exhumé se sont avérés être les plus conciliants, les seuls à écouter, un peu, nos arguments ; ceux-là, justement, portent des costumes gris perle et un regard d’une tristesse infinie.Notre plus grande surprise aura été de découvrir que, parmi le Conseil des fantômes, siégeait aussi une femme ; nous étions persuadés que les fantômes ne pouvaient être que des hommes.
La sidération que cette découverte a provoquée en nous ne s’est pas effacée. Aujourd’hui encore, nous nous perdons en conjectures sur le rôle que cette femme fantôme a joué dans les délibérations ; certains font remarquer que la fantôme était absente au moment de la réunion du 20 juin, particulièrement critique, d’autres pensent au contraire que son absence était délibérée et a justement précipité notre perte.
La vérité se trouve sans doute à mi-chemin : l’unique fantôme femme porte probablement la même cruauté, le même degré de ruse, la même indifférence que ses collègues hommes du Conseil.Ils ne crient pas et ne clignent pas des yeux.
Ils sont sans rêves, et leur cruauté même n’est pas de leur fait ; elle est inscrite dans les choses, dans le métal des monnaies, dans les longues séries de chiffres des titres de la dette, sur les écrans des Bourses, dans les fuseaux horaires ; s’ils n’ont jamais aimé, ils n’ont jamais haï non plus.
Ils sont sans rêves ; ils n’ont jamais souffert du manque, n’ont jamais traversé en songe un lac de montagne, n’ont jamais suspendu d’ampoules colorées au-dessus d’une place de village ; leurs morts, s’ils en ont, ne les visitent pas et leurs enfants, s’ils en ont, n’ont pas d’anniversaires.
Leurs plats n’ont pas d’odeur ; leurs hôpitaux sont de longs corridors vides, sans médecins ni patients ; et l’oxygène même est une valeur boursière.
Ils sont peut-être les premiers hommes libres : libérés de la mort, libérés du travail, souriants.Les fantômes (à l’exception d’un seul, le plus falot, celui dont le sourire nous inspire peut-être la plus profonde tristesse) sont extraordinairement grands ; ceci explique pourquoi, en entrant pour la première fois dans la salle du Conseil, nous avons été pris de vertige : là-bas, la dimension des pièces, la longueur des couloirs, la hauteur des plafonds, la taille des lustres et la largeur des tables ― tout est à leur mesure ; cinq de nos enfants au moins pourraient se tenir endormis sur une seule de leurs montres.
Ils ne savent pas ce qu’est la faim.
Ils ne connaissent pas le prix du pain. Ils ne se souviennent pas d’époques où leurs ancêtres n’avaient pas autre chose à manger.
Ils ignorent le prix des voyages en car de la capitale au village et n’ont jamais dormi dans le salon de deuxième ou de troisième classe d’un navire, toutes télévisions allumées.
Ils ne vivent pas à la périphérie, dans des lotissements aux murs et balcons identiques. Ils n’ont jamais repeint de bleu la porte de leur appartement.
Ils parlent peu et se contentent le plus souvent de serrer la main de leur vis-à-vis en souriant.Les fantômes gouvernent en souriant.
Nous nous sommes souvent demandé si ce sourire les quittait quelquefois, s’il n’était pas la marque d’une infirmité tournée en avantage, s’ils sourient aussi lorsqu’ils pleurent.
Mais les fantômes ne pleurent pas, ne mangent pas, ne se promènent pas dans la ville et, lorsqu’il pleut, la pluie ne les effleure jamais.
Certains pensent que ce sourire est une expression vide de sens, sans contexte, sans coordonnées affectives, une simple contraction du visage qui a pour effet de rendre le réel irréel.
D’autres font remarquer que ceux qui exécutent les ordres des fantômes ne sourient jamais, par exemple, en jetant des familles à la rue.On sait que le sourire de ceux qui ont perpétuellement peur a toujours quelque chose de comique.
Mais de quoi ont-ils peur, les fantômes ?
De nous.
De la peur.
De la poussière et de la crasse.
De l’angoisse, des hommes et des tourments qu’ils leur infligent.
De mourir, de n’être pas vraiment des fantômes.
Du langage, des hurlements des nourrissons, des chiens et du ciel étoilé ; des nuages, car leur imagination est morte depuis longtemps.
De la mort, qu’ils pensent avoir exilée dans un univers parallèle.
De la poésie et des mots.
Des femmes.
Des vieillards.
Des enfants qui voyagent, qui sont venus seuls et qu’il faut enfermer.Ils ont peur d’eux-mêmes car ils ne peuvent nommer ce qu’ils font. Ils ne peuvent pas dire : nous vous prendrons l’air. Ils ne peuvent pas dire : nous vous prendrons l’eau. Ils ne peuvent pas dire : nous vous empêcherons de respirer jusqu’à ce que vous imploriez notre aide.
Ils ne peuvent rien dire du réel et c’est pourquoi leur sourire a quelque chose d’étranglé.De quoi ont-ils peur, les fantômes ?
Ils ont peur simplement, peut-être, de ce jour où ils cesseront d’être des fantômes ; ils savent qu’ils ne pourront passer leur vie à l’intérieur de ces tours de verre et que le jour viendra, un jour pas si lointain, où il leur faudra en sortir.
Passer le tourniquet, le premier sas, le deuxième sas, déposer à l’accueil leur accréditation et leur clef de sécurité, se défaire de leur gilet de plomb, pousser sans aide la lourde porte de verre et commencer avec hésitation à marcher seuls dans la ville, leur mallette à la main.Ils savent qu’ils cesseront à l’instant d’être des fantômes pour redevenir des hommes et pensent que nous les accueillerons alors avec des cris de haine, mais ils se trompent, comme ils se sont toujours trompés : nous serons là, dehors où nous avons toujours été, à l’extérieur de la tour, sur la rue, en une foule joyeuse et émue : nos enfants rachitiques, élevés au chlorure, s’avanceront d’un pas timide et déposeront entre leurs bras de grandes gerbes de fleurs rouges ; nos suicidés les enlaceront d’un geste tendre ; nos malades leur offriront, pour leurs premiers jours en ce monde, les derniers médicaments de nos armoires à pharmacie et même les plus pauvres d’entre nous auront les larmes aux yeux.
-
PAUL ÉLUARD – LIBERTÉ
1942 – Le poème « Liberté » de Paul Eluard fut largué par les avions de la RAF en milliers de tracts sur la France occupée.
Pour écouter c’est ici (Extraits)
Musique : Claude Vinci
Interprète : Claude VinciPour le lire c’est là (Intégral) :
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nomSur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nomSur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nomSur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nomSur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nomSur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nomSur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nomSur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nomSur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nomSur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nomSur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nomSur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nomSur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nomSur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nomSur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nomSur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nomSur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nomSur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nomSur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nomSur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nomEt par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommerLiberté
-
FRANCIS CARCO – TON OMBRE
Musique : Vincent Vial
Interprète : Jacques Douai
Titre : Ton ombre
Ton ombre est couleur de la pluie,
De mes regrets, du temps qui passe.
Elle disparaît et s’efface
Mais envahit tout, à la nuit.Sous le métro de la Chapelle,
Dans ce quartier pauvre et bruyant,
Elle m’attend derrière les piliers noirs,
Où d’autres ombres fraternelles,
Font aux passants, qu’elles appellent,
De grands gestes de désespoir.Mais les passants ne se retournent pas.
Aucun n’a jamais su pourquoi,
Dans le vent qui fait clignoter les réverbères,
Dans le vent froid, tant de mystère
Soudain se ferme sur ses pas…Et moi qui cherche où tu peux être,
Moi qui sais que tu m’attends là,
Je passe sans te reconnaître.
Je vais et viens, toute la nuit,
Je marche seul, comme autrefois,
Et ton ombre, couleur de pluie,
Que le vent chasse à chaque pas,
Ton ombre se perd dans la nuit
Mais je la sens tout près de moi…
-
Charles Cros / Gaël Liardon – L’orgue
L’orgue
Sous un roi d’Allemagne, ancien,
Est mort Gottlieb le musicien.
On l’a cloué sous les planches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.Il est mort pour avoir aimé
La petite Rose-de-Mai.
Les filles ne sont pas franches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.Elle s’est mariée, un jour,
Avec un autre, sans amour.
« Repassez les robes blanches ! »
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.Quand, à l’église ils sont venus,
Gottlieb à l’orgue n’était plus,
Comme les autres dimanches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.Car depuis lors, à minuit noir,
Dans la forêt on peut le voir
À l’époque des pervenches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.Son orgue a les pins pour tuyaux.
Il fait peur aux petits oiseaux.
Morts d’amour ont leurs revanches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.
-
Le débat du cueur et du corps de Villon
Gravure sur bois figurant en tête de ses œuvres publiées par Jean Tréperel en 1497.
(Bibliothèque nationale de France, Paris.) Ph. Coll. Archives LarborLe débat du cueur et du corps de Villon
Qu’est-ce que j’oy ? « ― Ce suis-je. » ― Qui ? « ―Ton cueur,
Qui ne tient mais qu’à ung petit filet;
Force n’ay plus, substance ne liqueur,
Quant je te voy retraict ainsi seulet
Com povre chien tappy en recullet. »
― Pourquoy est-ce ? « ― Pour ta folle plaisance. »
― Que t’en chault-il ? « ― J’en ai la desplaisance. »
― Laisse m’en paix ! « ― Pourquoi ? » ― J’y penseray.
« ― Quand sera-ce ? » ― Quant seray hors d’enfance.
« ― Plus ne t’en dis. » ― Et je m’en passeray.« ― Que penses-tu ? » ― Estre homme de valeur.
« ― Tu as trente ans: c’est l’aage d’un mulet;
Est-ce enfance ? »/em> ― Nennil. « ― C’est donc foleur
Qui te saisit ? » ― Par où ? « ― Par le collet. »
― Rien ne congnois. « ― Si fait. » ― Quoi ? « ― Mouche en laict ;
L’ung est blanc, l’autre est noir, c’est la distance. »
― Est-ce donc tout ? « ― Que veulx-tu que je tance*? ______________*réprimande
Se n’est assez, je recommenceray. »
― Tu es perdu! J’y mettrai resistance.
« ― Plus ne t’en dis. » ― Et je m’en passeray.J’en ay le dueil; toy le mal et douleur.
Se fusses ung povre idiot et folet,
« ― Encore eusses de t’excuser couleur:
Si n’as tu soing, tout t’est ung, bel ou let.
Ou la teste as plus dure qu’ung jalet*, ________________________*galet
Ou mieulx te plaist qu’onneur ceste meschance!
Que respondras a ceste consequence? »
― J’en serai hors quand je trespasseray.
« ― Dieu, quel confort! Quelle sage eloquence!
Plus ne t’en dis. » ― Et je m’en passeray.« ― Dont* vient ce mal ? » ― Il vient de mon maleur. ______________________*d’où
Quant Saturne me feist mon fardelet,
Ces maulx y meist, je le croy. « ― C’est foleur;
Son Seigneur es, et te tiens son varlet.
Voy que Salmon escript en son rolet:
«Homme sage, ce dit-il, a puissance
Sur planetes et sur leur influence.»
― Je n’en croy rien; tel qu’ilz m’ont faict seray.
« ― Que dis-tu? » ― Des! certes, c’est ma créance.
« ― Plus ne t’en dis. » ― Et je m’en passeray.« ― Veulx-tu vivre ? » ― Dieu m’en doint la puissance !
« ― Il te fault…» ― Quoy? « ― Remors de conscience,
Lire sans fin. » ― En quoy ? « ― Lire en science,
Laisser les folz! » ― Bien, j’y adviseray.
« ― Or le retiens. » ―- J’en ay bien souvenance.
« ― N’attends pas tant que tourne a desplaisance.
Plus ne t’en dis. » ― Et je m’en passeray.
-
Qu’est-ce qu’il en pense le général … ?
Alexandrins de Patrick le Gavrian. Glané sur le site de Jean-Pierre PETITLA COLERE DU GENERAL
La scène se passe au Paradis. Sur un petit nuage Tante Yvonne est assise sur un pliant et tricote. Elle voit arriver le Général la mine défaite, titubant, prêt à défaillir. Après quelques pas il s’effondre dans un fauteuil à ses côtés.
Tante Yvonne
Depuis que de Saint Pierre vous eûtes permission
De retourner sur terre ausculter la nation,
Sur ce petit pliant j’attends votre venue….
Mais… je lis dans vos yeux une déconvenue.
Parlez-moi sans tarder de celle qui toujours
Fut jadis, avec moi, l’objet de vos amours.Le Général
Vous voulez dire… la France… à qui j’ai voué ma vie;
Ne cachons point son nom. Je vous sais gré, ma Mie,
– Malgré les embarras, les peines et les tracas
Qu’elle a pu vous donner et dont je fais grand cas, –
Pendant aussi longtemps, de l’avoir tolérée.Tante Yvonne
Eh bien ?
Le Général
Eh bien Madame, elle est défigurée !
Tante Yvonne
Charles, je compatis, c’est une peine extrême
De voir les traits meurtris d’une femme qu’on aime
Elle a vieilli, triste réalité……Le Général
Oh, ce n’est pas cela !
Il m’en faudrait bien plus pour être en cet état.
Non ! Je n’attendais pas de la revoir pucelle,
Car on peut décliner sans cesser d’être belle.
Si le corps en hiver n’est plus à son printemps
L’âme de l’être aimé sait résister au temps.Tante Yvonne
C’est donc son âme ?
Le Général
Hélas, si je n’étais au Ciel
Près de vous, à l’abri des chocs existentiels
Ce que j’ai vu m’aurait donné le coup de grâce !Tante Yvonne
Mais qu’avez-vous donc vu ? Vos silences me glacent.
Le Général
France, mère des arts, des armes et des lois… !
Ô Dieu, l’étrange peine ! Et quel affreux émoi !
Quelle désillusion, quelle désespérance
De revoir sa maitresse en telle déshérence !Tante Yvonne
Mais encore.. ? Précisez ! Je reste sur ma faim ;
Vous me turlupinez ! Qu’avez-vous vu enfin ?Le Général
J’ai vu…J’ai vu…Oh Ciel !…J’ai vu… Comment vous dire ?
Comment bien s’exprimer quand on a vu le pire ?
J’ai vu le Titanic s’abîmer dans les flots
Et son grand timonier repeindre les hublots.
J’ai vu un président la cravate en goguette
L’air niais, le regard flou et la mine défaite,
Un casque sur le chef, juché sur un scooter.
(On avait dû lui dire : « Il faut sortir couvert »).
Vous voyez le tableau ! Oh Madame, j’ai honte
De certifier pour vrai ce que je raconte !
C’est la chienlit, vous dis-je, et pas qu’en les faubourgs
Comme ce fut le cas quand nous jouissions du jour….,
Mais dans le Saint des Saints…..au cœur de l’Etat même…
Où tout devrait baigner dans un accord extrême.
– J’ai vu des gouvernants qui ne gouvernent rien
Et un peuple hébété les traiter de vauriens…
– J’ai vu des « ministrons » se tirer dans les pattes
Plus divisés entre eux que ne sont les Carpates.
– J’ai vu, comme jadis, tous ces « politichiens »
Se disputer leur os, hargneux comme des chiens.
– J’ai vu, dans la maison où j’ai régné dix ans
Un orchestre amateur gratter des instruments
Dans la cacophonie…et dans ce grand bazar
Le moindre « palotin » se prendre pour César;
L’un, fraichement nommé, jouant les petits saints,
S’exonérer d’impôts et trouver çà très bien ;
L’autre, obscure conseiller, quérir à son de trompe
Un larbin stipendié pour lui cirer les pompes.
Geste surréaliste au temps qui fut le mien !
Mais j’allais oublier, et là, tenez-vous bien
Pour couronner le tout, j’ai vu, (serrez les cuisses)
Le gardien du budget, planquer son fric en Suisse.Tante Yvonne
N’êtes-vous point sévère avec ces jeunes gens
Tout fiers d’avoir acquis un certain entregent ?
Ces nouveaux Rastignac jadis vous faisaient rire
Et ne vous mettaient pas dans une telle ire.
Nous connûmes souvent et du temps de nos rois
Nombre de grands coquins qui s’exemptaient des lois
Et même pour certains sombraient dans la débauche.Le Général
Mais aucun de ceux-là ne se disait de gauche
Alors que ces pignoufs, sinistres polissons,
Se pavanent le jour en donnant des leçons.
Je me suis renseigné sur l’Histoire récente
Pour comprendre un peu mieux ces façons indécentes.
Et qu’ai-je appris ? Grands dieux !…Mille calamités
Sur un gouvernement qui semble tout rater.
Depuis plus de deux ans, on s’agite, on spécule ;
Ce qu’on avance un jour ensuite on le recule.
Dans un rythme effréné qui donne le tournis
Ce n’est plus un tango, c’est la danse de saint Guy.
Le peuple abasourdi par ces folles pratiques
Ne voit pour l’avenir que funestes musiques.
Il s’agite à son tour, ployant sous les impôts
Résiste à tout diktat, discute à tout propos,
Tire à hue et à dia et renverse la table.Tante Yvonne
Un peuple ingouverné devient ingouvernable.
Le Général
Je confirme et j’illustre…. Ecoutez bien ceci !
C’est un tableau d’en bas que je vous fais ici:
A-t-on pris décision dans les formes légales,
Que l’on voit illico se former des cabales !
L’un met un bonnet rouge et l’autre un bonnet vert
En prétendant agir au nom de l’Univers.
Quelques illuminés ou quelques fous furieux
Hurlent en vomissant des slogans injurieux,
Pillent les magasins, éructent, gesticulent
Cassent trois abris-bus… Et le pouvoir recule.Tante Yvonne
Mais que fait la police et que font les gendarmes
Le Général
Le moins possible, hélas ! Ils ont du « vague à l’arme ».
Car si par aventure on coffre un malfaisant
C’est la Garde des Sceaux qui porte les croissants.
Les socialos, naïfs, rêvent dans les nuages
Se bercent d’illusions dans leurs lits d’enfants sages.
Confrontés au réel, ancrés dans leur déni
Ils sont tout étonnés quand ils tombent du nid.
Les jeunes snobinards, que bobos on appelle,
Vitupèrent la droite en faisant bien pis qu’elle.
Les tribuns de la plèbe agitent leurs grelots;
L’un veut saigner Neuilly pour nourrir le prolo;
L’autre clame à grands cris qu’il faudrait tout secouer
En virant les négros, les bicots, les niaquoués.
Et les deux réunis proposent des programmes
Qui traduisent à plat leur encéphalogramme.Tante Yvonne
Mais où sont les anciens, gaullistes et cocos,
Ceux qui savaient pousser de grands cocoricos.Le Général
Leur QG moscovite ayant pété les câbles
Les cocos d’autrefois sont quasi introuvables.Tante Yvonne
Au gué ! Bonne nouvelle. Tout espoir n’est pas mort.
Souvenez-vous du temps où ils étaient si forts.
Ah ! Plus de rouges, enfin, en travers de la route.
Mais… la race est teigneuse…Il en reste sans doute.Le Général
Oui ! Vous avez raison, ce sont de grands pervers…
Les derniers survivants se font repeindre en vert.
Quant à nos vieux amis, gaullistes de baptême,
On fleuri leur logis avec des chrysanthèmes.
C’est leurs petits neveux qui piaillent à présent
Et se bouffent le nez pour occuper leur temps.
L’un d’eux, le plus remuant, habile en artifices
Se débat aujourd’hui en des cours de justice.
Je crains pour mon malheur avoir œuvré en vain.
Mon costume est trop grand pour habiller ces nains.Tante Yvonne
Oubliez tout ceci; laissons la politique
Qui vous fait enrager et tourner en bourrique.
Parlons d’autres sujets, plus gais et plus légers;
Des lieux que j’ai connus… Paris a-t-il changé ?Le Général
(devenant plus calme)
Heureusement pas trop. On reconnait la ville.
J’ai pu me promener jusqu’à saint Louis en l’Ile.
Pompidou, un peu snob, pour marquer son séjour
Fit une usine à gaz au quartier de Beaubourg.
Giscard n’a rien cassé, c’est déjà quelque chose.
Mitterrand l’a suivi, tenant au poing la rose.
Mais lui, plus mégalo, se croyant pharaon
S’est plu à imiter le roi Toutankhamon.
Il sema pyramides aux parterres du Louvre.
C’est l’Egypte à présent qu’en ces lieux on découvre.
Chirac plus primitif a voulu, Quai Branly,
Honorer les Dogons, les Peuls, les Chamboulis.
A leur art, dit premier, il a su rendre hommage.
Le monument s’efface au milieu des feuillages.
Je n’ai pas retrouvé les Halles de Baltard.
A leur place un chantier avait pris du retard.
Et quant à l’Elysée ou vous fûtes naguère
Ce n’est plus un palais, c’est une garçonnière.
J’ai même cru comprendre en lisant leurs canards
Que peu s’en est fallu qu’il fut un lupanar.Tante Yvonne
Un lupanar ! Grands dieux ! Comment est-ce possible ?
Vous me faites plonger dans un monde indicible.
Je ne puis y songer sans trembler de dégoût.
….Notre chambre à coucher, annexe du « one two two » !….Le Général
(qui s’échauffe progressivement)
Oui ! les mœurs d’aujourd’hui connaissent quelque audace
La contrainte est bannie et la honte fugace;
Ce qu’on cachait jadis on l’étale à présent;
L’inverti manifeste et la lesbienne autant.
On divorce partout. Mariage ?…Anachronique !
Sauf pour certains homos qui, eux, le revendiquent
La déviance est très mode et ne fait plus horreur ;
On l’exhibe à tout vent mieux que légion d’honneur.
Le travelo s’affiche et le camé ne cesse
De réclamer sa dose aux frais de la princesse.
Le moindre hurluberlu fait son intéressant
Quitte à montrer son cul au regard des passants.
A quand le zoophile ? A quand le coprophage ?Tante Yvonne
Du calme mon ami, modérez cet orage !
Le Général
Mais, mon cœur, laissez-moi m’expliquer plus avant
Et vous aurez la clé de cet emportement.
Si vous aviez pu voir, même de votre rive
Ce qui m’est advenu juste avant que j’arrive,
Vous eussiez, c’est certain, eu le souffle coupé.
Je reprends mon discours où je l’avais laissé
Ayant à satiété subi les psychodrames
Des gauchos, des fachos et de tous ceux qui brament
Avant de repartir j’ai voulu, bon époux,
Me rendre chez Chaumet vous choisir un bijou,
Sur la Place Vendôme. Au pied de la colonne
Que vis-je alors, Madame ? En cent, je vous le donne,
Le sommet m’a-t-on dit de l’art contemporain :
Un enculoir géant en guise de sapin.
Il m’a fallu trouver le salut dans la fuite
Pour ne pas m’exposer au viol d’un sodomite.
Afin qu’il me remonte aussitôt chez les miens,
J’ai convoqué, presto, mon bon ange gardien.
Et c’est ainsi, tremblant et d’horreur et de rage
Que vous me revoyez en ces nobles parages.Tante Yvonne
Calmez-vous ! les Français autrefois ont fait pis.
Et même en votre temps vous fûtes déconfit
Par leur acrimonie et par leur inconstance.
N’ont-ils pas bien des fois frôlé la décadence ?
Je me souviens d’un jour où par eux, excédé
Vous les aviez, je crois, traités de bovidés.Le Général
C’est possible, en effet, dans un accès de doute
Où leur grande inertie entravait trop ma route.
Mais, Yvonne, aujourd’hui ils ont fait bien plus fort.
Les Français sont des veaux gouvernés par des porcs.Tante Yvonne
Mais vous n’y pouvez rien ; laissez à Dieu le Père
Le soin de réprimer tous ces coléoptères.
C’est ainsi et c’est tout ! Le Français, Français né,
Sera toujours paillard et indiscipliné ;
Toujours libidineux, frondeur si nécessaire
Arrogant, belliqueux et même téméraire
Et cela en dépit de centaines de lois
Car s’il n’est plus gaulliste, il demeure Gaulois.Le Général
(se levant, plus détendu)
Oui, vous avez raison ! J’ai tort, je m’obnubile
Et ne fais rien de mieux que m’échauffer la bile.
Laissons aux successeurs ce monde convulsif
Et allons chez Malraux prendre l’apéritif.Ils sortent
-
Jean AUVRAY (1590-1630)
Toute ressemblance avec une personne existante ou aillant existée ne serait que le fruit d’un incroyable hasard et indépendant de l’auteur du poème, du détenteur et de l’éditeur de ce blog …À une laide amoureuse de l’auteur
Un œil de chat-huant, des cheveux serpentins,
Une trogne rustique à prendre des copies,
Un nez qui au mois d’août distille les roupies,
Un ris sardonien à charmer les lutins,Une bouche en triangle, où comme à ces mâtins
Hors œuvre on voit pousser de longues dents pourries,
Une lèvre chancreuse à baiser les furies,
Un front plâtré de fard, un boisseau de tétins,Sont tes rares beautés, exécrable Thessale.
Et tu veux que je t’aime, et la flamme loyale
De ma belle maîtresse en ton sein étouffer ?Non, non, dans le bordeau va jouer de ton reste ;
Tes venimeux baisers me donneraient la peste,
Et croirais embrasser une rage d’Enfer.
-
Un poème de Jacques Heinz-Montes «Dis-moi pourquoi papy»
Un poème de Jacques Heinz-Montes « Dis-moi pourquoi papy» récité par les enfants de l’école de St André d’Olérargues
Dis-moi pourquoi Papy, je te vois si souvent
Défiler dans la ville avec tous tes copains
Vous portez des drapeaux, dans la pluie, dans le vent
Marchant du même pas unis dans la main.Dis-moi pourquoi Papy, de l’église au cimetière
Au monument aux morts, on entend le clairon
Vous déposez des fleurs sur des dalles de pierre
J’aimerais tout savoir, quelle en est la raison.Dis-moi pourquoi Papy, brillent sur vos poitrines
Ces médailles colorées que vous portez fièrement
Pourquoi vous défilez si silencieux, si dignes
Et ce que signifient vos rassemblements.En réponse mon petit, notre patrie la France
Pour être grande et forte compte sur ses enfants
Beaucoup d’entre eux sont morts le cœur plein d’espérance
Pour que vous puissiez vivre en paix tout simplement.Regarde-les passer, respecte leurs emblèmes
Car ils ont donné avec le même élan
Leur jeunesse, leur sang, le meilleur d’eux-mêmes
Sois fier de leur passé : ce sont des combattants.Car notre Boum à nous, ce n’était pas la Foire
Nous n’avions pour musique que la voix du canon
Et tous ceux qui tombaient n’avaient qu’un seul espoir,
Eviter à leurs Fils de connaître le Front.
-
Poème de Jacques Prévert
En commémoration de la guerre de 14-18
Familiale
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu’est-ce qu’il fait le père?
Il fait des affaires son père des affaires lui la guerre
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu’est-ce qu’il trouve le fils?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière._____________________________________________________________________________
(Paroles-folio762) Jacques PREVERT
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Hommage à Christine de Pizan
Christine de Pizan née à Venise en 1364 et morte au monastère de Poissy vers 1430, est une philosophe et poétesse française de naissance italienne.
Veuve à 26 ans, elle gagna sa vie en écrivant : elle fut la première femme à vivre de sa plume. Son chef-d’œuvre, La Cité des Dames illustres, est une allégorie où différentes figures féminines du passé dialoguent sur la place de la femme dans la société. C’est le premier ouvrage réellement féministe de la littérature.
Mais le nom de Christine de Pizan est très vite oublié et, pendant longtemps, la postérité crut que l’auteur du texte était un homme, car autant d’érudition et et de génie ne pouvaient être attribués à une femme.
La critique a largement rendu justice à la première écrivaine qui a laissé une œuvre considérable.Cuer qui en tel tristour demeure.
Se de douloureux sentement
Sont tous mes dis, n’est pas merveille,
Car ne peut avoir pensement
Joyeux, cuer qui en dueil traveille.
Car, se je dors ou se je veille,
Si suis je en tristour a toute heure,
Si est fort que joye recueille
Cuer qui en tel tristour demeure.Noublier ne puis nullement
La trés grant douleur non pareille.
Qui mon cuer livre a tel tourment,
Que souvent me met a l’oreille
Grief desespoir, qui me conseille
Que tost je m’occie et accueure;
Si est fort que joye recueille
Cuer qui en tel tristour demeure.Si ne pourroye doulcement
Faire dis; car, vueille ou ne vueille,
M’estuet complaindre trop griefment
Le mal, dont fault que je me dueille;
Dont souvent tremble comme fueille,
Par la douleur qui me cueurt seure.
Si est fort que joye recueille
Cuer qui en tel tristour demeure.Tant ont a durer mes peines.
Je suis loings de mes amours,
Dont je pleure mainte lerme;
Mais en espoir prens secours
Que tost revendra le terme
Qu’il m’a mis de retourner.
Ja sont passées trois sepmaines,
Six en devoit sejourner,
Tant ont a durer mes peines.
Tant le desire tousjours
Qu’en suis malade et enferme.
Or venez doncques le cours,
Amis que j’aim d’amour ferme,
Et vous ferez destourner
Mes angoisses trés grevaines;
Car jusques au retourner
Tant ont a durer mes peines.
Pour mener mon dueil en plours,
Souvent a par moy m’enferme;
Mais ce garist mes doulours
Qu’a bon espoir je m’afferme
Que Dieu vous vueille amener,
Ou tost nouvelles certaines;
Jusques la me fault pener,
Tant ont a durer mes peines.
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GUILLAUME APOLLINAIRE – LE PONT MIRABEAU
Pour écouter
Musique : Louis Bessières
Interprète : Serge ReggianiPour lire
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peineVienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeureLes mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasseVienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeureL’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violenteVienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeurePassent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la SeineVienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure________________________________________________________________________________
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JEAN DE LA CROIX – LA NUIT OBSCURE
Poème de Juan de Yepes Álvarez dit Jean de la Croix (en espagnol : Juan de la Cruz), né à Fontiveros le 24 juin 1542 et mort au couvent d’Ubeda le 14 décembre 1591, est un saint mystique espagnol, souvent appelé le « Saint du Carmel ».
par une nuit obscure
anxieuse et d’amour embrasée
oh l’heureuse aventure
je sortis sans être remarquée
et ma maison était en paixdans l’obscur et très sûre
par l’échelle secrète et déguisée
oh l’heureuse aventure
dans l’obscur avec rapidité
et ma maison était en paixdans cette nuit de félicité
en secret et nul ne me voyait
je ne voulais rien regarder
si ce n’est la lumière qui me guidait
qui dans mon cœur me brûlaitet cette lumière me guidait
plus sûrement que la clarté de midi
là où il m’attendait
moi je savais bien qui
en un lieu où nul ne paraissaitoh nuit qui me guidait
oh nuit plus aimable que l’aube d’un été
oh nuit qui unissait
le bien-aimé avec la bien-aimée
la bien-aimée en l’aimé transforméeet sur mon sein fleuri
qu’entier pour lui seul je gardais
là il resta endormi
et je le caressais
et l’éventail des cèdres l’éventaitle vent qui soufflait du créneau
quand ses cheveux je dénouais
de sa main au repos
au cou me blessait
et tous mes sens suspendaitje suis restée dans l’oubli
mon visage appuyé sur l’aimé
abandonnant mon souci
tout cessa et je m’abandonnai
oubliée entre les lysTraduction française : Pierre Éliane
Et pour écouter :
Musique : Pierre Éliane
Interprète : Pierre Éliane
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Arrêtez de faire du mal à notre belle jeunesse …!
Ce mercredi, les élèves de Première ont planché sur la session 2014 d’épreuve anticipée de français. Sujet: le poème Crépuscule de Victor Hugo
L’étang mystérieux, suaire aux blanches moires,
Frissonne; au fond du bois la clairière apparaît ;
Les arbres sont profonds et les branches sont noires ;
Avez-vous vu Vénus à travers la forêt?
Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?
Vous qui passez dans l’ombre, êtes-vous des amants ?
Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines;
L’herbe s’éveille et parle aux sépulcres dormants.
Que dit-il, le brin d’herbe ? et que répond la tombe ?
Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs.
Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe;
Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs.
Dieu veut qu’on ait aimé. Vivez ! faites envie,
Ô couples qui passez sous le vert coudrier.
Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie,
On emporta d’amour, on l’emploie à prier.
Les mortes d’aujourd’hui furent jadis les belles.
Le ver luisant dans l’ombre erre avec son flambeau.
Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles,
Le brin d’herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau.
La forme d’un toit noir dessine une chaumière ;
On entend dans les prés le pas lourd du faucheur ;
L’étoile aux cieux, ainsi qu’une fleur de lumière,
Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur.
Aimez-vous ! c’est le mois où les fraises sont mûres.
L’ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents,
Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures,
Les prières des morts aux baisers des vivants.Visiblement, de nombreux lycéens ont éprouvé quelques difficultés face aux vers de Victor Hugo. Ce dernier en prend alors pour son grade sur Twitter, où son nom est rapidement devenu un Trending Topic (TT) ce mercredi. En effet, avec leurs propres mots, pas toujours élégants, les lycéens ont exprimé leur désarroi… De quoi déprimer:
Petit florilège
« N’empeche Victor Hugo y’est dans le cosmos il fait parler un brin d’herbe et une tombe qui disent aux être humains de s’aimer »
« vous aussi vous avez relevé la personnification de l’herbe?? mdrrrr il était défoncé ce Victor Hugo quand il a écrit le poêle #bacfrancais”
« #bacfrancais la première fois que j’ai lu le poème de Victor Hugo je me suis DÉ-COM-PO-SER »
« J’ai du lire le poème de Victor Hugo 40 fois avant de le comprendre et encore je sais même pas si je l’ai vraiment compris #bacfrancais »
« Victor Hugo si j’te croise dans la rue t’es mort #Segpa”
« J’aimerai tellement pas être à la place de Victor Hugo là maintenant tout d’suite! »
« Je hais ma vie là. Putain. Victor Hugo quoi. Connard de Victor Hugo. »
« Nike ta mère Victor Hugo et Nike la mère à tes de potes aussi pd »
« Pourquoi tu tapes la discut entre une tombe et un brin d’herbe sale FDPPP victor hugo de tarace #bacfrancais »
« Le texte de Victor Hugo il était sale chaud , c’st vraiment un fils de pute celui la »
« J’avoue Victor Hugo il est pas tout seul dans sa tête. Genre le mec il compare l’amour a un tombeau »
« Victor Hugo enfoiré avec ton brun d’herbe ! Au lieu de nous le donner en sujet t’aurais pu le fumer merde