Et des firmes françaises y participent gaillardement.
Alors que l’Europe s’écologise, et s’extasie sur HOME le film de Yann Arthus-Bertrand, les Indiens d’Amazonie se font massacrer dans l’indifférence générale par « décret Franco-péruvien » ! L’action se joue entre Alan Garcia, président du Perou et l’industriel renommé, François Perrodo, digne héritier de son père, Hubert, fondateur de la compagnie pétrolière PERENCO…
C’est pas « HOME » mais plutôt « Massacre à la tronçonneuse »…
Une autre différence, c’est que si dans le premier scénario, les images de Yann sont vues du ciel, dans le second, toutes les prises de vue le sont depuis la Terre. Ça donne tout de suite une autre dimension à la réalité du combat écologique…
Le 5 juin dernier, au Pérou, de violents affrontements ont opposé des Indigènes, barrant pacifiquement le passage aux compagnies pétrolières, et les autorités péruviennes qui ont utilisé les grands moyens pour les disperser : artillerie lourde et hélicos contre grimages et lances de chasse. Une trentaine d’indiens et une vingtaine de policiers seraient décédés pendant les violences. Cependant ces chiffres officiels sont contestés par des témoignages locaux, qui rapportent que beaucoup de cadavres d’Indigènes ont été jetés dans le fleuve et les survivants faits prisonniers. Malgré toutes les critiques, le Président Alan Garcia n’en démord pas, il permettra l’exploitation de ces gisements, coûte que coûte !
Tout a commencé, il y a quelques mois,
Le gouvernement Péruvien a autorisé, par décret, les compagnies minières étrangères à venir participer légalement à la pollution massive de ce qui reste de l’Amazonie Péruvienne vierge, pour y exploiter ses ressources minières.
C’est la découverte récente de plusieurs gisements importants inexploités dans cette zone, qui a dû pousser le président Péruvien, Alan Garcia à légiférer dans la précipitation en ces temps de crises…
Mais c’est encore plus probablement, la proposition très alléchante faite à la même époque, par le français François Perrodo, président de Perenco (société franco-britannique dont le siège social est au Bahamas) , d’investir deux milliards de dollars au Pérou, qui a dû être le catalyseur principal d’une telle permission légale décrétée au comble du bonheur présidentiel. Il faut savoir aussi que lorsqu’elle propose ces investissements juteux au Pérou, la compagnie pétrolière franco-britannique récemment associée à l’Américain, Burlington, venait juste de perdre le marché en Equateur, pour cause de « renationalisation » des puits de forage.
Mais il y a un os
Contrairement à ce que pourrait faire croire les dernières visites plus médiatisées de François Perrodo au Président Alan Garcia, les négociations entre Perenco et l’Etat péruvien pour obtenir de nouvelles licences de forage ne datent pas d’hier. En réalité, la compagnie pétrolière convoite l’exploitation de plusieurs gisements prometteurs, et obtient les accords protocolaires pour se faire, dès 2007. Or les lots visés par les projets du pétrolier – des concessions difficiles d’accès par le fleuve Napo ( un affluent important de l’Amazone) – constitueraient un territoire habité par, au moins, deux groupes d’Indiens isolés volontairement, et encore non contactés par d’autres civilisations.
La société pétrolière a toujours nié la présence d’habitants dans cette région [*cfr leur propre étude anthropologique] malgré les nombreuses confirmations de leur présence émanant de diverses sources, dont les gouvernements péruvien et équatorien ainsi que des témoignages d’une autre compagnie, Barett Resources, lorsqu’elle était active dans cette région reculée de l’Amazonie.
[ … ] Les autochtones n’ont qu’à crever…Ce qu’ils font encore dignement.
Que doit faire un employé de l’industrie pétrolière quand, au cœur de la forêt amazonienne, il tombe par hasard sur un groupe d’indiens en isolement volontaire ? Et si ces « natifs » se révèlent menaçants ?
« Les guides indiens qui accompagnent les employés de la compagnie pétrolière tireront en l’air des fusées éclairantes ou des bombes lacrymogènes pour les effrayer et les éloigner ».
Cette recommandation figure, parmi d’autres, dans le cahier de consignes que l’entreprise franco-britannique Perenco.
En désespoir de cause, l’AIDESEP, lança ainsi, en avril dernier, un appel à protester pacifiquement contre ces décrets. Des barrages s’étendant sur plusieurs centaines de kilomètres, furent érigés par les indiens de plus en plus nombreux au fil des semaines et des mois, décidés à défendre leur territoire en empêchant coûte que coûte, le passage des compagnies minières. »
Le 4 mai dernier, à l’aube, un vaisseau militaire appartenant aux forces armées péruviennes, accompagné d’un bateau de la compagnie pétrolière Perenco, a franchi et détruit les barrages défendus par les Indiens du fleuve Napo, faisant peu cas de leurs protestations ou de leurs vies.
Lorsque le président de Perenco, a rencontré le chef d’Etat péruvien, Alan Garcia, au palais présidentiel de Lima, il y a 15 jours, en plein conflit, ce n’était donc pas pour annoncer qu’il « envisageait d’investir » dans la région, comme la presse officielle le relaie, mais bien pour faire le point sur l’avancée des travaux. Soit la construction de 7 plateformes pétrolières, 14 puits et plus de 1200 km de canalisations. Un projet dont les investissements sont actuellement estimés à 1,5 milliard de dollars.
De quoi rendre Alan Garcia insensible aux protestations autochtones et même stimuler ses envies de répression, ce dont il ne s’est pas privé…
La répression du chef d’Etat péruvien, Alan Garcia
Mais le 5 juin dernier, il a dépassé les bornes en envoyant ses militaires et ses hélicoptères pour faire taire la révolte à Bagua, une petite ville dans le Nord du pays. Des affrontements particulièrement violents et sanglants entre la police péruvienne et les indigènes ont eu lieu. Ces massacres relatés par des radios locales et une chaîne de télévision nationale ont provoqué une vive émotion chez tous les Péruviens et de nombreuses manifestations de solidarité nationale à la cause amazonienne, ont contribué à répercuter le combat des tribus isolées au-delà des lisières de leur forêt dévastée, polluée et ensanglantée depuis trop longtemps…
Le mépris affiché du gouvernement péruvien pour ceux qu’Alan Garcia décrit comme des « sauvages, des barbares, des ignorants et des citoyens de seconde classe » risque bien de faire sauter le gouvernement et en particulier le premier sur la sellette, son premier ministre, Yehud Simon qui pense toujours, avec la froideur qui sied à son rang et malgré les massacres et le soulèvement national, que, dans les conditions décrites par le Président, « Le gouvernement se devait d’agir pour imposer l’ordre et la discipline »…
D’ailleurs ce gouvernement, un peu indécent, a même décrété un jour de deuil national pour les policiers tués au cours des « opérations de nettoyage », et promulgua dans la foulée une loi exceptionnelle, statuant, légalement et d’une manière non contradictoire, que la présence de Perenco en Amazonie constituait une « nécessité nationale » !
Nécessité justifiée, d’après la logique du même Président par le juste combat contre ce qui n’est qu’une conspiration ciblant la vision progressiste du monde dont son gouvernement veut rayonner jusqu’aux territoires les plus reculés de l’Amazonie :
« C’est une agression minutieusement préparée contre le Pérou, une conspiration qui a interrompu la production et le transport du pétrole et l’acheminement du gaz vers les villes de la côte et pour laquelle il a été dit qu’il s’agissait d’une insurrection et d’un soulèvement ces dernières semaines » (…) Je suis sûr que la population de l’ensemble du Pérou qui dans son immense majorité sait que le pays doit poursuivre sa voie vers le développement, l’emploi et l’investissement, soutiendra les actions contre l’agression subversive et le terrorisme »
Perenco Les tribulations d'un pétrolier… par Mediapart
Le patron des conspirationnistes,
C’est Alberto Pizango, un chef indigène, membre de l’AIDESEP et très actif lors des manifestations récentes et au sein du mouvement de lutte indigène. Connu et repéré, il fit l’objet d’un mandat d’arrêt pour « sédition, conspiration et rébellion ». Il se réfugia à l’ambassade du Nicaragua, avant de s’y exiler.
C’est de là qu’il s’exprima, il y a quelques jours, pour condamner fermement, cette fois devant la presse internationale, les agissements du gouvernement péruvien qu’il pointe comme le « responsable qui a ordonné ce génocide“…
Et il n’est pas seul à dénoncer les crimes de ce gouvernement…
Stephen Corry, directeur de Survival International, une des associations les plus actives pour la défense des peuples autochtones s’est exprimé ce week-end pour dénoncer, sans détours, les méthodes policières répressives sur les manifestants :
« Les Indiens péruviens sont contraints de prendre des mesures désespérées pour tenter de sauver les terres qui leur ont été spoliées depuis cinq siècles. Ces mouvements de protestation sont le signe que l’ère coloniale est définitivement révolue. Les Indiens amazoniens ne se laisseront plus traiter avec la brutalité et l’injustice qui ont inlassablement régné jusqu’à présent. Cette époque est terminée. C’est le Tiananmen de l’Amazonie et s’il se termine de la même façon, cela entachera définitivement la réputation du Pérou. Les compagnies pétrolières opérant au Pérou devraient suspendre toutes leurs activités tant que le calme ne sera pas restauré et que les droits territoriaux des Indiens ne seront pas respectés et garantis – c’est alors seulement qu’ils pourront négocier équitablement »
Suite à l’indignation nationale et internationale suscitée par les massacres du 5 juin dernier, le Congrès péruvien a décidé de suspendre, pour une période de 3 mois, deux des huit décrets controversés. Cette proposition est évidemment fortement contestée par les opposants aux décrets qui souhaitent leur abrogation pure et simple. Le gouvernement, voulant prouver sa bonne volonté a exprimé soudain son souhait de maintenir le dialogue avec les barbares de la foret, et à ces fins, il vient de créer un « Groupe National de Coordination pour le Développement des Peuples Amazoniens”, avec représentants des régions et des communautés et blabla bla sauf une… Le président veut bien causer à tous les sauvages de la région, exception faite de ceux représentés par l’Association Inter-ethnique de Développement de la Forêt Péruvienne (Aidesep)…
Mais au grand dam du Président, cette toute petite minorité jusque-là invisible, soit moins de 5% de la population péruvienne, bannie du débat officiel, est arrivé, malgré la répression, à créer une insurrection populaire contre la vision ultralibérale et antiécologique d’Alan Garcia, qui considère que chaque cm² de Forêt est une terre vierge qu’il faut exploiter.
Pendant ce temps, la famille Perrodo …
Pour François Perrodo, héritier de son fameux papa, Hubert, connu pour avoir bâti sa fortune en chasseur pilleur, pionnier, des peuples indigènes et de leur forêt, dont il a déversé une partie de son pétrole dans le réservoir du yacht d’été, c’est aussi la déception et l’incompréhension affichée… Mais papa a laissé de quoi survivre. Pendant qu’il délabrait l’environnement des autres sans défense, papa se construisait un énorme patrimoine viticole, en achetant les plus belles parcelles et domaine de France dont les fameux Château du Marquis d’Alesme et Château Labégorce entre autre …
François et ses associés pourront toujours raconter des blagues douteuses sur ce peuple, sauvage et ridicule, qui veut les empêcher de passer avec des bouts de bois… hahaha…Tout ça autour d’un grand cru, dans les plus belles propriétés du monde dont personne ne peut franchir les portes sans montrer patte blanche ou plutôt mains sales.
Elle n’est pas belle la vie ?
Et pendant ce temps …
Une photo que Yann Arthus-Bertrand a oublié de prendre. Il faut dire que quand on photographie du ciel, on ne voit pas tout …
A voir sur le même sujet :
http://multinationales.org/Perenco-Maurel-et-Prom-des-firmes
http://multinationales.org/Perenco-en-RDC-quand-le-petrole
http://multinationales.org/Perenco-la-petite-entreprise
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