Qui se trouve derrière les sources accusant la Russie de frapper l’opposition en Syrie?
Au cours des trois derniers jours, les grands médias occidentaux n’ont cessé d’affirmer que c’est l’opposition syrienne et non Daesh qui représente la vraie cible de la campagne russe en Syrie.
Mais quelle est la vraie source de ces affirmations ?
Les photos que présentent les grands médias pour prouver ces allégations concernant la situation en Syrie s’avèrent parfois être trop vieilles. Ainsi, le compte Twitter de Free Syria Media qui a plus de 200 000 abonnés, a choisi une photo représentant une explosion pour mettre en doute le but des raids russes dans le pays. Mais l’image est loin d’être nouvelle et date de 2012.
D’autres déclarations non vérifiées apparues dans la plupart des chaînes principales d’information concernent le meurtre d’un commandant de l’opposition syrienne par les frappes de l’aviation russe.
«Parmi les victimes des raids de mercredi figure le leader des rebelles, le capitaine Iyad al-Deek, l’ancien militaire du régime passé à la rébellion», lit-on dans l’article du journal britannique The Telegraph.
Cependant, il y a plusieurs rapports contradictoires concernant son sort. Certains médias syriens ont fait savoir en 2014 qu’il avait été kidnappé par les combattants de Daesh alors que d’autres sources estiment qu’il était mort au début de l’année en cours.
Qui croire ? Qui manipule qui ?
Sept pays de la coalition, dont la Turquie, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ont en effet affirmé, dans un communiqué publié sur le site internet du ministère turc des Affaires étrangères, que «ces opérations militaires constituent une nouvelle escalade et ne feront que nourrir l’extrémisme et la radicalisation.»
Ils ont ainsi exhorté la Russie à stopper immédiatement de viser les forces de l’opposition, malgré les démentis de Moscou sur des frappes qui n’auraient pas visé Daesh.
D’après le communiqué du ministère russe, des bombardiers tactiques Soukhoï-34 ont visé notamment «un poste de commandement qui était camouflé à Kasrat Faraj», au sud-ouest de la ville de Raqa. Ils ont également bombardé un « camp d’entraînement » du groupe près du village de Maadane Jadid, à 70 km plus à l’est.
Et pendant ce temps-là, l’OTAN …
Le centre de soins de MSF à Kunduz, ville reprise aux talibans par l’armée, a été «fortement endommagé» par un bombardement nocturne qui a tué trois membres du personnel, un incident qui «pourrait avoir» été engendré par une frappe américaine.
Plus de 30 membres du personnel sont également portés disparus à la suite de cette frappe, a précisé MSF samedi. Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans le centre de soins. Ouai, mais c’est pas grave !
Qui se cache derrière l’Observatoire syrien des droits de l’homme ?
D’après l’ancien analyste de la CIA Ray McGovern, il est extrêmement important d’être très prudent avec l’information que l’on reçoit, surtout si elle provient vient des grands médias, vu qu’une véritable guerre médiatique et de propagande est en cours.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a constitué la première source d’information pour les nouvelles diffusées par les grands médias occidentaux sur le champ de combat syrien. Mais que sait-on réellement de cette organisation basée au Royaume-Uni !!!
Le Royaume Uni le meilleur endroit pour observer la Syrie !!!
Le journaliste Nimrod Kamer de RT s’y est rendu pour le découvrir.
Cet organisme d’information a été principalement repris dans les médias occidentaux depuis le début de la guerre civile dans le pays il y a quatre ans. L’organisation prétend avoir un solide réseau de contacts en Syrie qui transmet l’information au siège principal où elle est traitée et ensuite publiée sur le site et les comptes Facebook et Twitter.
Dès le début de la campagne antiterroriste menée par Moscou, la Russie a commencé à figurer dans les rapports de l’OSDH, et l’information a été rapidement reprise par les médias occidentaux. Un des derniers « scoops » de l’Observatoire a indiqué que «les avions de combat russes ont tué 30 civils à Homs y compris des femmes et des enfants». Bien sûr !
«Nous ne sommes pas une organisation médiatique», assure le dirigeant de l’OSDH
Le journaliste Nimrod Kamer s’est rendu dans la ville britannique de Coventry, où se trouve la maison de l’immigrant Rami Abdel-Rahman qui sert également de base à l’organisation et de source d’information depuis quatre ans pour plusieurs grands médias lorsqu’il s’agit de faits liés à la Syrie, y compris le taux de mortalité.
Personne ne sait exactement qui envoie l’information à Abdel-Rahman depuis la Syrie mais cette information ne cesse d’arriver, en général sur un ton très dramatique et avec très peu de détails.
Kamer s’est promené dans la ville en posant aux passants des questions sur Abdel-Rahman et sa location. Toutefois, personne n’a semblé savoir que la principale source sur les nouvelles de Syrie était leur voisin.
Le journaliste n’a pas réussi à trouver le directeur chez lui. En appelant Abdel-Rahman sur son portable, il a appris qu’il était sorti pour faire des courses. Alors, le journaliste a expliqué qu’il espérait attraper le directeur de l’OSDH pour lui parler de son «organisation médiatique», le terme qu’Abdul-Rahman avait trouvé inconvenable.
«Je ne suis pas une organisation médiatique. Je travaille depuis chez moi», a expliqué le directeur de l’Observatoire qui semblait être particulièrement bouleversé. Il a également parlé du danger que représentait pour lui une interview, «il y a des gens qui veulent ma mort».
Difficile d’identifier à qui il faisait allusion, de plus, l’homme n’était clairement pas dans un bon état d’esprit. Finalement, Abdel-Rahman a demandé à Kamer de lui présenter son nom de famille et des détails pour qu’il puisse les envoyer à la police.
«Lorsqu’on dirige une organisation médiatique il faut s’attendre à voir arriver des journalistes avec des questions, surtout si cette organisation est aussi douteuse et sans source…», a conclu le journaliste.