Source : Florence Roussel Actu Environnement.com
L’Inra lève le voile sur de possibles impacts sanitaires de l’ingestion de dioxyde de titane
Une étude de l’Institut national pour la recherche agronomique (Inra) démontre pour la première fois chez l’animal que le dioxyde de titane (TiO2) à l’état nanoparticulaire engendre des troubles du système immunitaire lorsqu’il est ingéré. Les chercheurs montrent par ailleurs qu’une exposition orale chronique à cette substance induit de façon spontanée des lésions dans le côlon, un stade non malin de cancer, chez 40% des animaux exposés.
Les chercheurs restent prudents en précisant que ces résultats ne peuvent pas être extrapolés à l’Homme. Reste qu’ils démontrent que le dioxyde de titane n’est pas exempt d’impact sanitaire. Jusqu’à maintenant, seule l’inhalation de TiO2 était connue pour provoquer des tumeurs malignes chez le rat, ce qui a conduit l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a demandé en juin 2016 son classement européen comme substance cancérogène.
Aujourd’hui, cette étude de l’Inra est un signal supplémentaire qui a poussé les ministères chargés de l’économie, de la santé et de l’agriculture à saisir l’Anses afin de déterminer si la substance présente un éventuel danger pour les consommateurs. Les résultats de cette saisine seront connus fin mars.
Un additif alimentaire très utilisé
Le dioxyde de titane à l’état nanoparticulaire est utilisé à grande échelle dans les cosmétiques, les crèmes solaires, les matériaux de construction mais aussi en tant qu’additif alimentaire. Ses propriétés de colorant blanc et d’opacifiant expliquent sa présence dans les bonbons, les produits chocolatés, biscuits et chewing-gums, ainsi que dans les compléments alimentaires. Il est également présent dans les dentifrices et les produits pharmaceutiques. Composé de micro et de nanoparticules, le E171 n’est pas soumis à l’étiquetage « nanomatériau » puisqu’il n’est pas composé à plus de 50% de nanoparticules (en général 10 à 40%).
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) saisi pour une exposition par inhalation au dioxyde de titane en milieu professionnel a conduit au classement dans le groupe 2B, c’est-à-dire cancérigène possible pour l’Homme. Aujourd’hui, avec cette étude, l’Inra donne de premiers éléments sur une exposition orale. « Ces premiers résultats justifient une étude de cancérogénèse selon les lignes directrices de l’OCDE, afin de compléter ces observations à un stade plus avancé de la pathologie », estiment les chercheurs.
Les associations écologistes montent au créneau
En attendant, les associations et politiques sensibilisés à la question des nanoparticules en appellent au principe de précaution.
« Au vu des résultats de cette étude qui vient s’ajouter à d’autres études inquiétantes, le principe de précaution doit s’appliquer. Les enfants sont en première ligne : ils seraient deux à quatre fois plus exposés au dioxyde de titane que les adultes du fait de leur consommation de confiseries », prévient Agir pour l’environnement tout en demandant le retrait de tous les produits alimentaires contenant des nanoparticules ainsi qu’un moratoire dans l’alimentation.
La députée européenne Michèle Rivasi (EELV) en appelle à l’Europe : « Les États membres de l’UE doivent mettre en place un étiquetage strict de ces substances , ce qui n’est toujours pas le cas malgré la législation européenne qui leur impose de le faire. »