La morgue et l’arrogance du Barbier

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Source : http://www.acrimed.org/Grands-journalistes-contre-petits-candidats Blaise Magnin et Henri Maler

Un mépris qui n’épargne personne

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Drapé dans l’écharpe rouge de son arrogance, il propose de réformer radicalement les conditions d’accès au débat démocratique pour les rendre totalement inaccessibles à celles et ceux qui n’ont pas ses faveurs. Mais avant de formuler ses lumineuses propositions pour un malthusianisme démocratique radical, Barbier s’insurge – c’est le titre – contre

« l’agaçante jérémiade des “petits” »

… et laisse libre cours à un mépris qui n’épargne personne :

– ni les « petits » candidats forcément « inutiles », dont les protestations relèvent d’une « râlerie de boutiquier qui refuse de reconnaître que ses produits sont mauvais et que son magasin est ringard » et qui assument le risque de faire perdre les candidats légitimes ;

– ni les maires qui leur ont apporté leur parrainage, car ce sont « des élus que motivent la crédulité autant que la charité, la naïveté autant que l’équité » ;

– ni les électeurs qui leur accordent leurs suffrages, puisque « les ouvriers en voie d’extinction hurlent avec l’extrême gauche » et que « le peuple prend goût au triomphe de l’engouement, au règne du caprice ».

Un chapelet de sarcasmes et de qualificatifs dédaigneux sur lequel nous ne nous étendrons pas en détail tant il relève d’un genre éditocratique connu, ressassé et… éventé.

Mais si l’éditocratie est unanime, ou presque, pour déplorer la profusion de candidats, et, surtout, l’obligation de leur donner la parole, rares en revanche sont les ténors médiatiques à oser préconiser ouvertement des méthodes légales d’endiguement démocratique et de restriction du pluralisme électoral…
Christophe Barbier, lui, n’a pas ce genre de pudeur, et tient visiblement en si haute estime le jugement de Christophe Barbier, qu’il explique comment évincer les candidats qui, ne cadrant pas avec l’idée qu’il se fait d’une élection présidentielle, indisposent Christophe Barbier.

Le programme de ce faux candidat est impressionnant : suppression « des primaires ouvertes, trop soumises aux effets de mode et aux embardées utopistes » ; « parrainage obligatoire pour les élus nantis du privilège de signature, mais relèvement du seuil à 2 000, voire 5 000 paraphes » ; suppression du « remboursement des frais de campagne » ; obligation « d’investir 577 candidats aux législatives ».

Quelle que soit l’opinion que l’on porte sur elle, cette proposition revient à assurer le monopole de l’élection présidentielle à une poignée de professionnels de la politique.

À ce titre, elle est significative de ce que Christophe Barbier représente jusqu’à la caricature : un professionnel des médias qui outrepasse systématiquement les fonctions du journaliste, qu’informer n’intéresse pas, qui se croit fondé à commenter et intervenir dans le débat public à tout propos, tout à tour militant, consultant, voire responsable politique ; un chien de garde, en somme, qui doute si peu de sa propre légitimité qu’il entend circonscrire le périmètre de la vie politique aux frontières de ses propres opinions !

Ah ! Si Christophe Barbier était Président !