Histoire de cul.

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Bouteille

Le week-end dernier nous avions quelques amis à notre table … L’un d’eux avait eu l’excellente idée d’apporter du Champagne, qui était d’ailleurs très bon.

Alors que je servais ce breuvage en tenant la bouteille par le fût, un de mes hôtes (voulant étaler sa science) me dit : « Ce n’est pas comme ça que l’on tient une bouteille de Champagne. Il y a un creux au cul de la bouteille qui est fait exprès pour mettre le pouce, les autres doigts étant le long du fut. Cela évite de chauffer la bouteille. »

Je n’ai pas répondu, ne voulant pas créer une polémique en public et je l’ai laissé faire le service.

Malgré tout, avec le recul, je vais lui préciser ici quelques petites choses :

1. Pour qu’une manière de saisir une bouteille de Champagne avec la main réchauffe plus la bouteille qu’une autre manière, il faut qu’il y ait un cas ou la surface d’échange entre la main et la bouteille soit plus importante que dans un autre cas. Or qu’il y ait cinq doigts autour du fut ou seulement quatre doigts le long du fût et le pouce dans le cul le résultat est le même.

2. De plus chez nous le Champagne n’a jamais eu le temps de se réchauffer … !

3. Ce creux au fond de la bouteille, appelé « piqûre » n’a pas été créé pour y loger le pouce (libre à chacun de s’en servir ou pas). Ce renfoncement a avant tout une explication technique traditionnelle : les souffleurs de verre obtenaient des fonds bombés convexes, ce qui n’est pas idéal pour la stabilité de la bouteille. Le fond creux a donc été créé.

La piqûre est obtenue en appuyant la bouteille en fusion sur une forme en relief, on obtient alors un fond concave aux bords parfaitement plats. Cette technique, inventée au IVe siècle, s’est généralisée à tous les types de bouteilles.

Un autre avantage de cette technique était de faciliter une prise des bouteilles encore chaudes par les tenailles (entre le fond et le trou du goulot).

4. Par la suite, on s’est aperçu que ce renfoncement conique du cul de la bouteille facilitait la concentration et la précipitation du dépôt.

5. Il y a une autre utilité du fond en creux pour les vins dits effervescents comme le champagne : il existe une telle pression dans la bouteille qu’il faut un contenant solide pour qu’il ne se brise pas. Le verre comme la pierre ou le béton est plus résistant s’il est sollicité en compression plutôt qu’en flexion. Pour renforcer la solidité de la bouteille, il a donc été décidé de faire le fond en creux qui évite de faire « travailler » un fond plat en flexion (en forme de parapluie) et permet ainsi d’absorber en compression les contraintes dues à la pression.
Voilà pour cette explication de cul, après chacun est libre de mettre son pouce ou il veut, c’est du domaine privé et cela ne nous regarde plus.

Tant qu’on est dans les bouteilles …

La contenance standard d’une bouteille de vin est de 75 cl.
Mais savez-vous que cette unité qui a été largement adoptée trouve son origine de l’autre côté de la Manche ?
En effet, ce contenant correspond à une fraction du gallon impérial, une mesure anglo-saxonne qui avait cours pour les exportations de vin de Bordeaux vers l’Angleterre. Une caisse de 12 bouteilles (12 x 0,75 l = 9 l) correspond ainsi à 2 gallons impériaux (2 x 4,54 = 9,08 l) et une barrique bordelaise de 225 litres correspond à 50 gallons (50 x 4,54 = 227 l) !