Qui n’a pas encore eu son cancer ? Episode IV

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En Suisse

Tous les suisses savent que leur pays est très doué dans la fabrication des montres de luxe. Mais ce qu’ils ne savent pas c’est qu’à cause de ces montres, une bonne partie du sol et sous-sol de leur merveilleux pays est une véritable poubelle radioactive. Et on sait même la nature de la contamination : au radium.

Nous sommes en 2012, durant les travaux pour réaliser le tronçon de contournement de l’autoroute A5 au niveau de la petite ville de Bienne de 50.000 habitants, les ouvriers font une découverte extraordinaire : une quantité importante des déchets radioactifs. Une recherche immédiate montre qu’il s’agit du radium, issu des usines d’horlogerie de la ville. Et là où le bât blesse est que cette poubelle radioactive avait été soigneusement préparée en potager communautaire pour les légumes bio au profit des ouvriers de Bienne.

Un slogan récitait même : « pour sauver la planète, arrêtez de consommer les légumes venus de trop loin (Kenya), consommez les légumes bio de Bienne ».

Et selon vous. Avec cette découverte, a-t-on prévenu ces populations ouvrières qui continuaient tranquillement de cultiver et récolter ses carottes, épinards, haricot, tomates et champignons radioactifs ? Vous me répondez Oui.

Eh bien, vous vous trompez.

Chut, nous sommes en démocratie. Le peuple, comme le disait le Suisse Jean Jacques Rousseau, ne compte qu’une seule fois tous les 5 ans, lorsqu’il faut lui dire d’aller voter.
La population ne sera nullement informée et continuera comme si de rien n’était à aller y cultiver ses légumes. Ce n’est que 2 ans plus tard, en 2014 seulement que 2 quotidiens suisses vont en faire leur scoop. Il s’agit du Matin Dimanche et de la SonntagsZeitung. On peut y lire qu’en 2012, les populations regardaient médusées, les ouvriers sur ce chantier habillés comme des extraterrestres, très bien protégés contre la pollution radioactive qui s’en dégageait, mais sans en savoir les raisons.

Aussitôt fini le chantier construit par des extraterrestres, tout est rentré dans l’ordre, l’autoroute passe, les habitants continuent de manger leurs épinards radioactifs.

On peut ainsi découvrir qu’en 2012, le canton de Berne (la capitale de la Suisse), mandataire du chantier, après analyse, constate la présence du radium-226 et décide immédiatement d’équiper les ouvriers de dosimètres. Mais n’avise pas la population, tout au moins pour lui demande de ne plus consommer les produits du potager. Il faudra donc attendre 2014, pour que le scoop de la presse fasse découvrir à cette population, pour qui la propagande a fait croire que leurs politiciens étaient les meilleurs au monde, que la teneur de radioactivité était à cet endroit, de 300 microsieverts par heure, pour qu’on annonce qu’on prendra les mesures. « C’est une valeur importante, qui franchit les valeurs-limites », déclarera le responsable de la division radioprotection à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Voici ce que titrait à la une du 1er Juin 2014, le quotidien Suisse, « le Matin » :

« Ils ont jardiné sur des déchets radioactifs »

Et l’article de commencer ainsi :

« Ce n’est qu’aujourd’hui, après avoir été confrontées aux informations fournies au Matin Dimanche par un whistleblower, que les autorités ont fini péniblement par confirmer la dramatique situation. »
Tout commence avec une ancienne décharge à ciel ouvert dans laquelle l’industrie horlogère de l’époque avait enfouis une peinture phosphorescente servant à illuminer les chiffres des horloges et interdite pour son extrême dangerosité. « A partir de 1950, deux tiers des 15 hectares de la décharge désaffectée ont progressivement été convertis en quartier d’habitation. Quant au reste du terrain contaminé, il a été recouvert de 30 centimètres de terre fraîche, avant d’être investi par la population, qui y a installé une soixantaine de petits jardins potagers. »

Danieĺ Dauwalder, porte-parole de l’Office Fédéral Suisse de la Santé Publique (OFSP), dans Le Matin Dimanche, déclare : « Dans certains endroits, on a mesuré jusqu’à 300 microsieverts par heure » C’est-à-dire plus qu’autour de la centrale nucléaire de Fukushima. Et le quotidien suisse d’ajouter un tour de passe-passe utilisé en « démocratie » pour enfumer la population :

« Les autorités de santé publique se rejettent la responsabilité, les responsables locaux disant que cela aurait dû être à l’office de santé publique d’informer le public, mais l’OFSP rejette à son tour cette accusation et dit que cette responsabilité incombe aux autorités municipales. Même le Pr François Bochud, directeur de l’Institut de radio-physique du centre hospitalier du CHUV et président de la Commission Fédérale de Protection contre les Radiations et de Surveillance de la Radioactivité (CPR) n’a pas non plus été tenu au courant de la situation à Bienne. Voici ce qu’il déclare à propos : « Ne pas informer les habitants et les anciens occupants du jardin ouvrier était une erreur, car tout finit par nous rattraper et il est beaucoup plus difficile de rester crédible et de récupérer la confiance de la population ».

Pour information, le Radium a été découvert par Pierre et Marie Curie en 1898. et leur a valu le Prix Nobel de Physique en 1903. Ce n’est qu’en 1910 que Marie Curie va réussir à isoler cette substance à l’état pur : il est naturellement blanc et lorsqu’il entre en contact avec l’air libre, il devient noir. On le trouve dans l’uranium. Il sert dans de nombreux domaines notamment à l’hôpital dans la radiothérapie. Il a aussi servi comme peinture verte déposée sur les aiguilles et chiffre des cadrans de montres pour qu’on puisse lire l’heure même dans la nuit. Et c’est cette peinture qui est radioactive. En effet, les sels de radium étaient associés au sulfure de zinc dans du vernis, le résultat était une peinture qui émet une lumière continue. L’industrie horlogère utilisera largement ces peintures pour fabriquer surtout les réveils et les pendules fluorescents.

Très peu de journaux suisses font le rapprochement entre le scandale et l’usine Rolex qui emploie dans la ville de Bienne aujourd’hui en 2014, 1400 personnes. Même si les faits sont prescrits depuis longtemps, les principaux organes de presse ne se sont pas hasardés à fournir le moindre nom des potentiels responsables de cette décharge radioactive. La raison est très simple : les journaux appartiennent à des grands groupes, où sont actionnaires les industries horlogères suisses et le tour est joué, vive la démocratie.