Guerre 39-45 pour ne pas trop oublier – 70eme anniversaire du 8 mai 1945

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Le 8 mai a été déclaré jour férié de commémoration en France le 20 mars 1953.

Le président Charles de Gaulle supprime le caractère férié de ce jour par le décret du 11 avril 1959.

En 1975, pour se placer dans une logique de réconciliation avec l’Allemagne, le président Giscard d’Estaing supprime également la commémoration de la victoire alliée de 1945.

C’est à la demande du président François Mitterrand que cette commémoration et ce jour férié seront rétablis, par la loi du 2 octobre 1981.

Une très intéressante étude de l’Ifop (Institut français d’opinion publique) le plus ancien du pays créé en 1938, étude réalisée dans la période 1938-1945 dont, hélas, beaucoup de documents ont été détruits par son fondateur Jean Stoetzel lors de l’occupation.

On apprend ainsi deux choses intéressantes.

Les accords de Munich

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« Bundesarchiv Bild 183-R69173, Münchener Abkommen, Staatschefs » par Bundesarchiv, Bild 183-R69173 / CC-BY-SA. Sous licence CC BY-SA 3.0 de via Wikimedia Commons –

Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini le 29 septembre 1938

À la suite de la signature des accords de Munich le 29 septembre 1938 par la France, la Grande- Bretagne, l’Italie et l’Allemagne, Jean Stoetzel (Ifop) réalise le tout premier sondage politique :

57 % des personnes interrogées déclarent approuver ces accords tandis que 37 % les jugent néfastes. […]
Les autres questions posées dans cette enquête apportent des éléments de compréhension sur l’état d’esprit d’un peuple pris entre deux tensions qui s’avèreront contradictoires. D’un côté, figure la crainte d’un nouvel embrasement mondial, vingt ans seulement après la fin de la Grande Guerre, qui explique cette recherche du compromis avec l’Allemagne nazie et pour finir le « lâche soulagement » après Munich.

Pour 73 % des personnes interrogées, une nouvelle guerre mondiale entraînerait la destruction de la civilisation.

De l’autre côté, le sondage de l’Ifop montre que le renoncement de Munich s’accompagne désormais de fortes résolutions pour l’avenir. A la question « pensez-vous que la France et l’Angleterre doivent désormais résister à toute nouvelle exigence de Hitler,

70 % des Français répondent oui, 17 % manifestent leur opposition.

Cette adhésion à l’idée que Munich doit être une sorte de « der des der » face à la politique d’expansion du Führer est majoritaire dans tous les segments de la population, à l’exception des professions libérales ainsi que des commerçants et des industriels interrogés rejetant à plus des deux tiers l’idée qu’il faut résister à toute nouvelle exigence allemande. […]

Pour autant, même après l’invasion allemande de la Bohème-Moravie, les Français, tout en prenant la mesure des menaces extérieures, refusent dans leur majorité de croire à la guerre.

Seuls 37 % des personnes interrogées par l’Ifop en mai 1939 estiment que le pays sera inévitablement entraîné dans une guerre en 1939 ou en 1940 (63 % ne le pensent pas ou se disent sans opinion).

Ce n’est qu’en juillet 1939 soit moins de 40 jours avant l’invasion de la Pologne par l’armée allemande et la déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne que l’on assiste à un basculement relatif de l’opinion :

45 % des interviewés (contre 34 %) pronostiquent une guerre dès 1939.
76 % considèrent que « si l’Allemagne tente de s’emparer de la ville libre de Dantzig par la force, nous devrons l’en empêcher au besoin par la force ».

L’opinion était désormais prête à mourir pour Dantzig.”

À propos de Munich

(ce qui va un peu dans le même sens que les sondages de l’IFOP de cette époque) :

Daladier, craignant les huées, à sa sortie de l’avion, il est à sa grande surprise acclamé : en effet, on le voit comme le sauveur de la paix. Il se serait alors exclamé, selon Saint-John Perse qui était près de lui : « Ah les cons ! S’ils savaient ! »

Churchill, à propos de Chamberlain de retour de Munich :

“Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre.” (il avait vraiment l’art de la formule)

Qui a le plus aidé à battre l’Allemagne ?

Un autre sondage mené par l’Ifop en mai 1945, sur l’ensemble du territoire français désormais libéré (et confirmant un sondage de septembre 1944 auprès des Parisiens), a montré que les interviewés apparaissent bien conscients du rapport de force et du rôle des différents alliés dans la guerre, et ce malgré la censure et la difficulté sous l’occupation à accéder à une information fiable.

Ainsi, une très nette majorité (57 %) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national, ne recueillent respectivement que 20 % et 12 %.

Mais ce qui est proprement sidérant est que cette vision de l’opinion publique s’est inversée de manière très spectaculaire avec le temps, comme l’ont montré deux sondages réalisés en 1994 et en 2004 :
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C’est tout de même incroyable : en 1945, les Français qui ont vécu sous la censure ont bien compris qui a vraiment battu l’Allemagne, mais 70 ans plus tard, c’est une Histoire totalement différente qui est dans nos esprits !

L’Histoire est faite par les vainqueurs, or la chute de l’URSS désigna finalement le vainqueur de la 2nde guerre (même si la réalité historique était tout autre).

Petit rappel, complétant le graphique précédent :
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Et mieux encore, le sondage de 2004 fournit des informations surprenantes quand on regarde en détail :
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Les plus désinformés sont les Cadres et les Ouvriers – ceux qui ont fait le plus et le moins d’études !

Et, finalement, l’orientation politique n’a pas une énorme influence…

“La manipulation des élites est encore plus facile que celle des masses.” [Jean Yanne]

En effet, quelques rappels sur les 80 millions de morts de la seconde guerre mondiale :
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Soulignons que les 25 millions de Soviétiques morts se répartissent principalement par nationalité en :
• Russie : 14 millions (13 % de la population de 1940) – 7 M de soldats, 7 M de civils ;
• Ukraine : 7 millions (16 %) – 1,7 M de soldats, 5,3 M de civils (NB. Il s’agit surtout des civils Ukrainiens du Centre et de l’Est, hors Galicie – sauf pour les Juifs) ;
• Biélorussie : 2,3 millions (25 %) – 0,6 M de soldats, 1,7 M de civils.

Les pertes militaires en Europe durant la deuxième guerre mondiale :
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Et en Asie :
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Et le total des morts militaires par pays :
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Ainsi :
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( A suivre …)