Yanis Varoufakis © Reuters
Source : Trends-Tendances
L’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a donné une interview à la radio ABC, dans l’émisssion Late Night Live.
Il ne s’est pas montré tendre envers l’accord de renflouement – d’une valeur de 86 milliards d’euros – que le gouvernement grec a accepté. Yanis Varoufakis décrit l’accord avec les créanciers et les autres pays membres de la zone euro comme ‘un nouveau Traité de Versailles’. Une déclaration audacieuse, étant donné que le Traité de Versailles signé après l’armistice en 1918 fut considéré par les Allemands comme humiliant, et a mené au conflit mondial suivant entre 1940 et 1945.
« Une humiliation »
C’est précisément le sujet de « l’humiliation » que Varoufakis met en avant pour dénoncer la politique commune de la Troïka – l’UE, le FMI et la BCE.
« C’est la politique de l’humiliation », dit Varoufakis dans cet interview radiophonique
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« La Troïka veut être certaine qu’elle fera avaler à Alexis Tsipras chaque mot critique qu’il prononça au cours des cinq dernières années à l’adresse de la Troïka. Pas seulement au cours des six derniers mois alors qu’il faisait partie du gouvernement, mais aussi les critiques qu’il a prononcées pendant les années qui ont précédé. »
« Ceci n’a rien à voir avec l’économie. Ceci n’a rien à voir avec une aide pour remettre la Grèce sur la voie du rétablissement. Ceci est un nouveau Traité de Versailles, un fantôme qui hante à nouveau l’Europe, et le Premier ministre le sait. Il sait qu’il est damné s’il marque son accord, et il sait qu’il est damné s’il ne marque pas son accord », ajoute l’ex-ministre grec des Finances.
L’accord conclu avec les dirigeants de l’Eurozone contient de lourdes mesures d’austérité qui concernent les pensions, des augmentations d’impôts et la recapitalisation des banques grecques.
En 67, on utilisa des tanks pour saper la démocratie, maintenant ce sont les banques
Un coup d’Etat
Yanis Varoufakis rejette l’accord en des termes très musclés. Il fait une comparaison avec le coup d’Etat des colonels de 1967, qui a inauguré une dictature militaire dans la nation de la Mer Méditerranéenne. Selon lui, il s’agit dans les deux cas d’un coup d’Etat.
« En 1967, on utilisa des tanks pour saper la démocratie, maintenant ce sont les banques qui le font. Les banques ont été utilisées par des puissances étrangères pour prendre le contrôle du gouvernement. La différence cette fois-ci, c’est qu’elles prennent le contrôle sur tous les biens publics. »
« La poursuite du renforcement d’Aube Dorée »
Varoufakis précise encore dans l’interview qu’il veut continuer à remplir son rôle en tant que député d’arrière-plan au parlement, où il reçoit « beaucoup plus d’espace pour manoeuvrer et pour mettre la vérité en lumière ». Toutefois, prévient-il, les nouvelles mesures d’austérité amèneront l’extrême droite en lice. « Au parlement, j’ai observé le côté droit de l’auditorium, où siègent les 10 nazis, représentant « Aube Dorée ». Si notre parti Syriza, qui a suscité tellement d’espoir en Grèce, trahit cet espoir et incline la tête devant cette nouvelle forme d’occupation post-moderne, alors je ne peux pas prévoir d’autre résultat possible que la poursuite du renforcement d’Aube Dorée », lâche-t-il. Selon Varoufakis, Aube Dorée tirera les bénéfices du sentiment anti-austérité dans le pays: « tragique ». « Le projet d’une démocratie Européenne, d’une Union démocratique Européenne unie, vient d’être frappée par une catastrophe majeure », conclut Yanis Varoufakis.