Source L’Obs une enquête de « 60 millions de consommateurs » se penche sur la toxicité des produits ménagers.
Le magazine « 60 millions de consommateurs », de l’Institut national de la consommation (INC), consacre un hors-série aux « poisons » contenus dans les produits ménagers. Edifiant.
C’est un numéro de « 60 millions de consommateurs » dont la lecture seule provoque de l’urticaire tant ce que l’on y apprend est inquiétant : dans un hors-série paru mardi 12 avril, le magazine se penche sur la toxicité des produits ménagers… Et c’est édifiant !
« Contrairement aux cosmétiques, les articles des rayons entretien et droguerie sont peu étudiés. La mention de leur composition sur l’emballage n’est pas obligatoire », relève Adeline Trégouët, rédactrice en chef déléguée dans son édito.
Pourtant, poursuit-elle, ces produits « contiennent en majorité une ou plusieurs substances indésirables, présentant des risques pour la santé humaine et pour l’environnement ».
Des indications « en pattes de mouche »
Le magazine rappelle que la législation impose aux fabricants certaines mentions sur leurs étiquettes, aussi bien sur la composition de leur produits que sur leur mode d’emploi, leur dosage ou encore sur les précautions d’usage. Las ! « Ces indications – souvent en pattes de mouche ! – sont loin d’être limpides », déplore « 60 millions de consommateurs ».
Aussi, la rédaction du magazine a épluché les étiquettes de centaines de produits, classés dans son enquête dans différentes familles. Pour chacune d’entre elles, elle décerne des mauvais points aux articles selon elle les plus nocifs. Voici ses bêtes noires.
Les antibactériens et désinfectants.
La première famille de produits d’entretien étudiée est celle des « antibactériens et désinfectants ».
« La peur des microbes est un terreau de choix pour les marques », relève « 60 millions de consommateurs », mais dégainer un désinfectant n’est pas forcément la marche à suivre pour autant, selon le magazine. Ce dernier rappelle que « la plupart des maladies se transmettent par les mains », et donc, que « les laver soigneusement avec de l’eau et un savon ordinaire suffira amplement à éliminer [les] microbes ».
Carton rouge au Désinfectant pureté Dettol
Le désinfectant pureté Dettol contient du chlorure de benzalkonium, substance « qui peut favoriser le développement de bactéries résistantes », relève le magazine qui lui décerne pour la peine un carton rouge et s’étonne de « l’étrange caution du logo de l’Institut Pasteur » qui apparaît sur son emballage.
Les produits surpuissants
« 60 millions de consommateurs » se penche également sur les « nettoyants surpuissants et corrosifs ». Ceux-ci « sont très agressifs et peuvent abîmer définitivement vos surfaces […] et, plus grave, vos yeux, vos mains et vos poumons ».
« L’acide chlorhydrique du Canard (WC) peut brûler la peau et son rejet dans les eaux usées est très toxique pour les poissons, coquillages et crustacés », alerte ainsi le magazine.
Carton rouge à Mr Propre Fraîcheur du matin avec Febreze
Ce nettoyant multiusage contient « pas moins de quatre parfums, classés allergisants dans la réglementation européenne », note le magazine. Parmi eux, l’HICC, « considéré comme particulièrement problématique ». Figurent aussi dans sa composition « deux conservateurs (benzisothiazolinone, glutaral), également allergisants ».
Les parfums et allergisants
La promesse d’un intérieur et de linge délicatement parfumés ne doit pas faire oublier que « 600.000 à 2 millions de Français » sont affectés par les allergies aux parfums, rappelle « 60 millions de consommateurs », qui s’intéresse aux fragrances des produits ménagers.
Outre leur caractère allergisant, ces parfums émettent des « composés organiques volatils (COV), qui vont polluer l’air intérieur ».
Quant aux conservateurs contenus dans les produits ménagers, certains aussi sont allergisants…
Carton rouge à Minidou concentré « Jardin de fraîcheur »
« Ne vous laissez pas abuser par le minois innocent du petit piaf blanc de l’étiquette : cet assouplissant est un concentré de substances indésirables », met en garde « 60 millions de consommateurs » qui pointe pas moins de six conservateurs, « tous allergisants et irritants », six parfums allergisants notoires et des silicones.
Les produits gadgets
Le magazine analyse également la composition de ce qu’il désigne comme les « produits gadgets » dédiés à l’entretien. Autrement dit, tous ces produits non indispensables qui pullulent dans les rayons. Un exemple parmi tant d’autres, « les nettoyants […] pour fruits et légumes lancés par la jeune marque française Vegan Eden » qui entendent remplacer le nettoyage à l’eau du robinet.
Carton rouge à Febreze Sleep Serenity Lait chaud et miel
Cette « brume d’oreiller » contient des « composés franchement indésirables », selon « 60 millions de consommateurs », qui dresse une inquiétante liste : « didécylméthylammonium chloride (irritant et favorisant la résistance des bactéries), hydroxyde de sodium (irritant), linalool et benzisothiazolinone (allergisants) ». Pas de quoi s’endormir tranquille…
Les lingettes
N’en déplaise aux fabricants, dont certains incitent explicitement à les jeter dans la cuvette des toilettes, les lingettes « ne sont ni recyclables ni compostables, et doivent donc être jetées dans la poubelle des déchets ménagers », rappelle le magazine. Pour la plupart d’entre elles, elles sont en outre « imprégnées de substances indésirables », alerte le magazine.
Carton rouge à Harpic Lingettes désinfectantes Hygiène marine biodégradables
Là, « 60 millions de consommateurs » se fâche tout rouge, car « le fabricant incite explicitement à jeter [ces lingettes] dans les toilettes […] et laisse entendre qu’elles sont biodégradables, ce qui constitue une supercherie intellectuelle ». Par ailleurs, le produit contient du « chlorure de benzalkonium, un antibactérien irritant ».
Les aérosols
Après lecture de l’enquête, vous n’utiliserez plus jamais d’aérosol sans frémir, type de produit qui constitue une « triple menace », selon « 60 millions de consommateurs » : « Ce sont des produits très inflammables, leur mode de propulsion décuple l’exposition aux substances indésirables et, en cas de mésusage […], les solvants inhalés peuvent provoquer une mort immédiate ! »
Carton rouge à Cillit Bang Mousse active douche et surfaces larges
« Peut éclater sous l’effet de la chaleur. Protéger du rayonnement solaire. Utiliser seulement en plein air… », est-il indiqué dans les mises en garde de ce produit nettoyant de salle de bain. L’aveu d’une « dangerosité certaine », estime « 60 millions de consommateurs » qui pointe de surcroît une « efficacité douteuse ».
Les « faux produits verts »
L’enquête pointe enfin les « faux produits verts » : « La présentation de certains produits et les mentions sur leur emballage laissent entendre qu’ils sont doux, naturels, respectueux de notre santé et de la planète. Ce n’est hélas pas toujours le cas. »
Carton rouge à Mir Vaisselle Secrets de nature Calendula et Method Liquide vaisselle Citron + menthe.
En dépit d’indications rassurantes sur son étiquette, le premier contient des conservateurs allergisants. Quant au second, deux conservateurs et deux parfums allergisants entrent dans sa composition. « C’est bien dommage, car la démarche de Method ne manque pas d’intérêt », regrette « 60 millions de consommateurs », qui salue une marque se voulant plus respectueuse de l’environnement.
Vinaigre blanc et bicarbonate : les alternatives naturelles
Outre un précieux mémo des produits toxiques à détacher, ce hors-série de « 60 millions de consommateurs » offre un éclairage sur la façon de s’en passer, en misant sur le bicarbonate de soude, le vinaigre blanc et autres produits naturels. A chacun d’entre eux correspond un tableau comparatif de marques selon leur rapport qualité / prix.
Prônant définitivement le « Do it yourself », le magazine délivre enfin 300 recettes pour nettoyer chez soi sans s’intoxiquer.
E.H.