Ding ! Dong ! Fait la cloche. Il faut toujours écouter les différents sons de la cloche.

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Source http://www.middleeasteye.net/fr

Yémen : une catastrophe « made in America »

Deux poids, deux mesures

Par exemple, lorsque la Russie bombarde un convoi d’aide humanitaire, attaque un hôpital ou une école en Syrie, un porte-parole de l’administration américaine s’avancera pour dénoncer l’intervention de la Russie, ce que les médias couvriront. Mais lorsque les bombes payées par le contribuable américain, à l’aide des systèmes de guidage militaire américains, dévastent des mariages, des écoles ou quoi que ce soit, le silence est palpable.

Le même week-end que celui de la publication par le New York Times d’un article en pleine page sur l’attaque de la Russie contre 31 camions d’aide humanitaire, qui a tué 18 civils à la périphérie d’Alep, en Syrie, des avions de combat américains ont tiré des missiles sur cinq habitations dans la province de Hodeida, au Yémen, tuant 26 civils.

Alors que le secrétaire d’État américain John Kerry a condamné l’attaque de la Russie contre le convoi et appelé à l’immobilisation de tous les avions de chasse russes afin que l’acheminement d’aide puisse se poursuivre, des propos repris par la plupart des grands médias, l’attaque menée par les États-Unis contre des civils au Yémen est largement passée inaperçue.

Autant pour moi, le gouvernement américain a fait une annonce sur le Yémen le jour même :
« Le Sénat ouvre la voie à une vente d’armes d’1,15 milliard de dollars à l’Arabie saoudite. »
Ce qui signifie désormais qu’Obama a livré plus d’armes à l’Arabie saoudite que n’importe quel autre président des États-Unis en soutirant au royaume un butin exorbitant de 115 milliards de dollars depuis 2009. Et je ne parle pas des Rafales français …

Une catastrophe humanitaire

Ces armes ont infligé une catastrophe humaine quasiment inimaginable au peuple yéménite. C’est-à-dire inimaginable si seulement l’on n’avait pas entendu parler de celle qui se joue en parallèle en Syrie. Depuis début 2015, l’intervention américano-saoudienne au Yémen a entraîné la mort de plus de 10 000 personnes, dont principalement des civils, auxquels s’ajoutent trois autres millions de personnes qui ont été déplacées de chez elles et les 21 millions de personnes qui souffrent d’un besoin urgent d’aide humanitaire !

Il convient également de souligner qu’alors même que de hauts responsables américains appellent à la mise en vigueur d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie afin de protéger les civils, la coalition américano-saoudienne procède aussi à des frappes aériennes au Yémen qui tuent des civils.

Si l’attaque incessante de l’Arabie Saoudite contre le Yémen était cautionnée par la Russie au lieu des États-Unis, les Américains seraient probablement plus au courant de la souffrance humaine qui sévit dans ce pays. Mais ce n’est pas le cas, donc ils sont moins au courant.

En septembre, un rapport compilé par le Yemen Data Project a révélé que plus d’un tiers des frappes aériennes américaines et saoudiennes avaient touché des sites civils, dont des hôpitaux, des écoles, des mosquées et des bâtiments gouvernementaux.

Le silence des médias sur la manne d’armes

Alors que la complicité américaine dans des crimes de guerre présumés a suscité un silence total des médias aux États-Unis, une pression croissante est exercée au sein de l’Union européenne et des Nations unies, avec les Pays-Bas en figure de proue, pour enquêter sur la contribution de la Grande-Bretagne dans le conflit.
La Grande-Bretagne a vendu près de 5 milliards de dollars d’armes à l’Arabie saoudite depuis le début du conflit, et dans le même temps, le gouvernement britannique a bloqué une enquête de l’ONU sur les allégations de crimes de guerre au Yémen.

Plusieurs groupes de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, ont récemment écrit une lettre ouverte adressée à la Commission des droits de l’homme des Nations unies, exigeant une enquête internationale visant à « établir des faits, recueillir et conserver des informations relatives à des violations et des abus dans le but de veiller à ce que les responsables de crimes soient traduits en justice dans un procès équitable ».

La réponse étonnante d’un ambassadeur saoudien à une question sur l’emploi de bombes à fragmentation

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Abdullah al-Saud rit après son commentaire (capture d’écran)

Lorsqu’il lui a été demandé si son pays arrêterait d’utiliser des bombes à fragmentation au Yémen, l’ambassadeur de l’Arabie saoudite aux États-Unis a écarté la question en répondant :

« C’est comme si vous me demandiez : « Allez-vous arrêter de battre votre femme ? » » !!!!!

Un reporter de The Intercept a posé cette question au prince Abdullah al-Saud lors de la conférence annuelle des responsables politiques arabes et américains à Washington la semaine dernière.

Il a également déclaré que son pays continuerait à bombarder les rebelles Houthis au Yémen « à tout prix ».

« Quiconque attaque des vies humaines, et dérange la frontière, dans n’importe quelle région, sera frappé quoi qu’il arrive ».

« Quiconque cherche à résoudre le problème au Yémen devrait comprendre qui crée tous les problèmes ».

Des groupes de défense des droits de l’homme ont accusé l’Arabie saoudite de cibler délibérément des infrastructures civiles au Yémen, notamment des hôpitaux, des usines et zones résidentielles. Le royaume a également été accusé d’utiliser des armes interdites telles que des bombes à fragmentation.