Berlin compte créer 100.000 « minijobs » à destination des populations réfugiées en Allemagne pour faciliter leur intégration. A moindre coût.
Bien accueillie ou conspuée, la proposition ne laisse personne indifférent. Mardi, le ministère du travail allemand a annoncé qu’il comptait créer 100.000 emplois à destination des migrants arrivés dans le pays ces dernières années pour favoriser l’intégration de ceux qui ne disposent pas de titre de séjour. Jusque-là, rien de sulfureux. Sauf que dans la droite ligne des « mini-jobs » créés dans le pays avec les lois Hartz dans les années 2000, ces emplois devraient être payés… 80 centimes de l’heure. Un salaire très bas, inférieur même à celui que touchent les chômeurs de longue durée (un euro et cinq centimes) que justifie le gouvernement par la nécessité de multiplier les offres : « Les réfugiés qui restent en Allemagne ne doivent pas devenir des chômeurs de longue durée », a martelé le gouvernement à l’occasion de cette annonce.
Critiques des écologistes.
La plupart de ces futurs emplois seront créés dans les structures d’accueil où sont logés les migrants. Un moyen de limiter les frais de transport et d’hébergement pour eux, même si cet argument est largement contesté, comme le rapporte France Bleu en citant la députée écologiste Brigitte Pothmer : « Malheureusement, les réfugiés ne pourront exercer que des activités très éloignées du véritable marché du travail allemand. Ces activités ont été conçues pour des chômeurs de longue durée qui ont besoin d’une structure d’accueil où on les prend en charge au quotidien. Cela concerne des personnes qui n’ont pas travaillé depuis longtemps, ce qui n’est pas le cas des réfugiés, qui, eux, insistent pour trouver un emploi ».
Débat économique…
De plus, les mini-jobs font débat en Allemagne. En effet, en 2011, 20% des salariés allemands étaient payés à un niveau inférieur au Smic horaire français et 40% avaient un salaire mensuel net inférieur à 1000 euros. En 2012, l’Agence allemande pour l’emploi (BA) a chiffré à 7,4 millions le nombre de « mini-jobs », des contrats à temps partiel rémunérés 450 euros par mois maximum, dont plus d’un tiers concernaient des salariés ayant plusieurs emplois. Selon le BA, ils pénaliseraient parfois la création de vrais emplois.
Et débat politique.
De l’autre côté du spectre politique, les défenseurs du projet arguent que les réfugiés sont pour la plupart heureux de participer à ces activités qui ne sont « pas un vrai travail », comme le soutient Gudrun Heute-Bluhm, directrice générale de l’association des villes allemandes. A noter que les migrants accueillis dans les foyers du pays perçoivent une aide des collectivités locales proche de 140 euros. Pour ceux qui se logent par leurs propres moyens, cette aide monte à 300 euros. Mais le salaire proposé dans le cadre de ces mini-jobs restera tout aussi bas pour eux.
Quoi qu’il en soit, ce projet, porté par le gouvernement dans un pays où le mouvement xénophobe Pegida et les agressions de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne contribuent à alimenter le débat sur la conduite à adopter vis-à-vis des réfugiés installés en Allemagne, risque d’être encore sujet à de longues polémiques.