La théorie de l’évolution n’est plus enseignée à l’école
La théorie de l’évolution ? « C’est un sujet discutable, controversé et trop compliqué pour les étudiants », selon le président du conseil d’éducation turc. Elle ne sera donc plus enseignée. Adieu, Darwin.
« Nous pensons que ces sujets dépassent la compréhension des élèves ».
Ainsi s’exprime Alpaslan Durmuş, un des responsables de l’enseignement supérieur en Turquie, dans une vidéo publiée sur le site Web du ministère de l’éducation. Ce qu’il remet en cause ? La théorie de l’évolution, tout simplement. Le darwinisme, si vous préférez.
Alpaslan Durmuş, qui préside le conseil d’éducation, a notamment déclaré que l’évolution est « un sujet discutable, controversé et trop compliqué pour les étudiants ».
De l’air et de l’argile
Et pour cause : l’évolution en tant que concept est refusée par nombre de responsables musulmans traditionnels au Moyen-Orient, qui croient qu’il contredit l’histoire de la création dans les Écritures, dans laquelle Dieu a fait de la vie le premier homme, Adam, après l’avoir façonné avec de l’argile.
Quoi qu’il en soit, le chapitre sur l’évolution a été carrément supprimé des livres de cours de biologie de la neuvième année d’étude.
De quoi donner raison à l’opposition laïque qui, en Turquie, soutient que le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan poursuit un programme islamiste dissimulé contraire aux valeurs fondatrices de la République.
Une théorie « archaïque et dépourvue de preuves »
L’éducation est évidemment au cœur des débats : c’est elle qui façonne les générations futures. Et jusqu’ici, les protestations à petite échelle des parents dans les écoles locales n’ont guère rencontré d’écho.
Pourtant, le sujet de l’évolution a déjà animé les débats politiques en début d’année, lorsque Numan Kurtulmuş, premier vice-Premier ministre, a décrit cette théorie comme « archaïque et dépourvue de preuves ». Et quand le ministère de l’Éducation a indiqué qu’il allait augmenter le nombre d’heures consacrées à l’étude de la religion.
Ce nouveau débat entre tenants de l’islamisme et défenseurs de la laïcité intervient dans un pays qui, voici deux mois, a approuvé – de justesse – un référendum accordant au président Erdoğan de nouveaux pouvoirs.
Et où les idéaux néo-ottomans, qui considèrent la Turquie comme l’avant-garde d’une grande nation islamique, gagnent du terrain au détriment d’une opposition laïque muselée.