Lorsqu’il s’engage dans l’organisation, pour 1915, d’une Exposition universelle d’un genre nouveau, le gouvernement français ne s’attend pas à devoir composer avec les fantaisies des artistes d’avant-garde, aux premiers rangs desquels Marcel Duchamp, Erik Satie et Apollinaire. Pourtant, après quelques quiproquos, les voici bombardés responsables de l’évènement, sous la houlette de Mara Bijou, patronne lilliputienne d’une maison close des Boulevards, bien décidée à profiter de l’occasion pour redorer l’image de sa profession. Paris se transforme pour accueillir l’Expo lorsqu’un parti violemment hostile commence à se faire entendre : processions, manifestations et même attentat criminel menacent de tout remettre en cause. C’est que ce projet, pacifiste, féministe et social nuit à des intérêts très puissants. Il faudra toutes les ressources des brigades mobiles de la préfecture de police, assistées pour l’occasion par quelques monte-en-l’air et forceurs de coffre – forts, pour identifier les coupables.
Mais cela suffira-t-il à les neutraliser? Seule l’Histoire en décidera.
Laurent Flieder et Dominique Lesbros redonnent vie à des personnages ayant existé, de personnages mythiques, et leur font rencontrer des personnages fictifs mais paraissant tout aussi réels.
C’est une carte postale de l’époque, de Paris dans les années d’avant-guerre (de 14), des conflits politiques, des divergences d’opinions et d’intérêts (notamment la confrontation pudibonderie/prostitution…), dans lesquels les auteurs (formant un duo hyper accordé) insufflent un vent de folie, de quiproquos et dialogues savoureux, au sein d’une enquête rythmée et loin d’être dénuée d’une réelle réflexion.
Cette histoire va de la préparation de l’exposition Universelle de 1915 qui n’a jamais eu lieu à l’assassinat de Jean Jaurès qui a eu lieu !
Au-delà du côté burlesque et drôle du roman, ce livre, à l’immense connaissance de l’époque, contient un discours général de tolérance en même temps que de vigilance, et souligne une certaine « ironie »/les bâtons mis dans les roues de la paix, l’instrumentalisation probable/possible de certains.
On le referme en ayant beaucoup souri, mais en pensant aussi aux dégâts que provoquent parfois certains intérêts industriels et politiques, au détriment de l’humain.
« … ce qui les gêne, ce n’est pas l’Expo mais le pacifisme qu’elle répand dans l’opinion. L’entente qu’elle établit entre les peuples des différentes nations, si contraire à la folie guerrière qui occupe ces temps-ci les discours et les actes de tous les dirigeants. Et nul ne sait jusqu’où ils peuvent aller, ni de quoi ils sont capables. »