La Femme est-elle un Homme comme les autres ?

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Concile

Cette question, mesdames, peut sembler débile, voire misogyne. Que nenni, c’est tout au plus légèrement anticlérical, car ce n’est pas moi, pauvre pécheur, c’est le clergé chrétien en l’an 585 qui a soulevé la question.

Il y a eu un débat au deuxième concile de Mâcon en l’an 585 ou un évêque a dit : « mulierem non posse dici hominem » c’est-à-dire : une femme ne peut pas être appelée homme.

Ça a été ensuite retraduit par « une femme ne peut être appelée Homme (être humain) », d’où la confusion.

LE PROBLEME EST DE SAVOIR COMMENT ON COMPREND LE TERME HOMO, HOMME.

Je m’explique.

Car le même problème existe toujours : homme désigne à la fois un genre (une femme n’est donc pas un homme) mais aussi une espèce (et là une femme est un Homme).
Désolé mesdames, la dialectique est « quelques fois » machiste. J’en entends plus d’une dire «toujours». Oui je le concède, c’est «souvent». Le masculin l’emporte sur le féminin …etc.

La question a donc été re-débattue au concile de Trente en 1535, après avoir réfléchi pendant 950 ans ! Et là les bons pères de l’église ont conclu à une erreur de traduction, et on dit que la femme a toujours été un « Humain » et donc avait une âme. Ouf ! Vous l’avez échappé belle !
(Voté à une ou trois petites voix près, suivant les sources.) Quand même !

MAIS TOUT N’EST PAS SI SIMPLE.

Cela dit, il ne faut pas croire que tout est si évident : si les Hommes ont une âme, on ne parle que des Hommes blancs!
Les hommes de couleurs n’en auront une qu’au XIXème siècle seulement… Ce qui arrangeait bien tout le monde pour les massacres (Indiens d’Amerique du Nord et du Sud) et les réduire en esclavage (Afrique, Amérique du Sud) mais aussi pour la colonisation. Voir pour mémoire «La controverse de Valladolid» de 1550.
Car ceux qui n’ont pas d’âme ne sont pas des Hommes mais peu ou prou des animaux et donc exploitables, échangeables, vendables …

CE N’ETAIT PAS GAGNE POUR AUTANT POUR LES FEMMES !

Calvin (1509-1554) appelait les femmes « les chiennes chaudes » ce qui n’avait rien d’humain. (Le moins humain des deux n’est pas celui qu’on pense).

En 1676, un pasteur luthérien de la région de Francfort, farouche misogyne, Johannes Leyser, publie un ouvrage intitulé « Le triomphe de la polygamie », où il reprend l’idée que les pères conciliaires de Mâcon auraient bel et bien mis en doute l’appartenance des femmes à l’humanité.

En 1697, Pierre Bayle, le grand érudit calviniste français établi en Hollande, se fait complaisamment l’écho de publications allant dans le même sens dans son « Dictionnaire historique et critique ». Et précise pour bien enfoncer son clou : « Ce que je trouve de plus étrange est de voir que dans un Concile on ait gravement mis en question si les femmes étaient une créature humaine, & qu’on n’ait décidé l’affirmative qu’après un long examen.»

En 1766, sous le titre « Paradoxe sur les femmes où l’on voit qu’elles ne sont pas de l’espèce humaine », par Charles Clapiès, docteur en médecine il refuse de croire que les femmes ont une âme.

MAIS, C’ETAIT TROP TARD, L’EGLISE AVAIT TRANCHE !

Dogmatiquement la question est donc tranchée définitivement depuis 1535 après beaucoup de débats : la femme est bien un Homme, elle a une âme, le second concile de Mâcon a lancé le débat pour rien.
Tout ça pour ça.

Ceci était une entrée en matière, dans une prochaine rubrique des Pensées de mon jardin, je poserai la question : « C’est quoi l’âme ». Aïe, aïe, aïe … Ça promet !