En Allemagne 1,4 millions de personnes atteintes de démence sénile
Certains des électeurs allemands qui ont voté pour les élections européennes ce dimanche ne se souviennent déjà plus pour qui ils ont voté, et pour cause : ils souffrent de démence sénile, et certains d’entre eux n’ont plus assez de capacités cognitives pour réaliser qu’ils ont participé à une élection.
L’Allemagne connait un sévère problème de vieillissement démographique, et on estime qu’un tiers des électeurs est âgé d’au moins 60 ans.
Mais le pays compte aussi 1,4 millions de personnes atteintes de démence sénile, quasiment toutes en âge d’aller voter. La moitié d’entre elles, soit 700.000 personnes, n’est déjà plus capable de prendre des décisions. Le problème, c’est que la plupart d’entre elles disposent toujours du droit de vote.
En effet, ce droit ne peut leur être soustrait que par une mise sous tutelle, mais seulement 120.000 personnes auraient été radiées des listes électorales pour cette raison. Les autres peuvent donc théoriquement continuer à exercer ce droit, ou plus exactement, à se faire assister par des personnes de leur entourage pour exprimer leur opinion.
La possibilité du vote par correspondance ouvre la porte à toutes sortes d’abus.
La possibilité du vote par correspondance ouvre la porte à toutes sortes d’abus quant au choix du vote des proches qui s’expriment pour le compte d’un électeur gâteux, indique le journal allemand.
Beaucoup affirment qu’ils continuent de voter pour le parti que la personne atteinte de démence sénile avait soutenu lorsqu’elle était encore valide. Mais on peut se demander ce qui se passe lorsque ce parti n’existe plus, par exemple. On peut également supposer que certains de ces électeurs auraient pu changer d’avis selon les circonstances, et que le vote par procuration ne reflète pas l’opinion qu’ils auraient eue s’ils avaient encore toutes leurs facultés. Enfin, on ne peut évidemment pas exclure les abus probables des proches qui utilisent le vote d’un proche affaibli pour voter une seconde fois et soutenir le parti de leur choix sans tenir compte des opinions que leur proche pouvait avoir autrefois.
Des associations caritatives se chargent des votes…
On peut spéculer que c’est ce qui se passe dans certaines maisons de retraite, affirme le journal allemand. Dans ces établissements, il est monnaie courante que ce soit le personnel soignant qui assure le vote à la place des pensionnaires séniles.
Ainsi, certains votes provenant des établissements de Heimen der Arbeiterwohlfahrt, une association caritative plutôt de gauche, sont quasiment tous en faveur du SPD, le parti socialiste allemand, tandis que les pensionnaires des maisons de retraite Caritas-Heimen, une association plutôt teintée à droite, ne votent que pour les politiciens de la CDU, le parti conservateur d’Angela Merkel.
Ce problème épineux embarrasse particulièrement les dirigeants politiques allemands, du fait de sa sensibilité. Mais tôt ou tard, il faudra mener ce débat, affirme le journal. Il rappelle que la démographie particulière de l’Allemagne risque de le rendre rapidement explosif. Dans 20 à 30 ans, le nombre des électeurs séniles aura doublé, et ces 3 millions d’électeurs particuliers représenteront alors 5% de l’électorat allemand.
Je me demande s’il n’y en a pas encore plus en France …
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