Comment des politiciens et bûcherons brésiliens ont assassiné le Chef indien Eusébio Ka’apor

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Raoni
Source : racismoambiental.net.br

Brésil – Les agressions et les menaces qui ont été initiées il y a plus de deux mois par les bûcherons et les commerçants de la région de Centro do Guilherme lié au commerce illégal de bois à l’intérieur de la terre indigène Turiaçu à l’encontre des indiens Ka’apor ont culminé ce 26 Avril 2015, avec l’homicide de Eusébio Ka’apor.

Eusébio était l’un des défenseurs de la terre indigène et un farouche opposant aux bûcherons et aux politiciens locaux vivant de l’extraction quotidienne du bois noble depuis la terre indigène. Eusébio qui était résident du village de Ximborendá, dépendant de la municipalité de Santa Luzia du Parua, a reçu deux tirs d’armes à feu dans le dos dans une petite ville près de Centro do Guilherme.

Le leader indigène, avec un autre compagnon, revenait en moto d’un petit village venant d’être créé au sein de la terre indigène Alto Turiaçu lorsqu’en passant près d’un groupement d’habitations plusieurs personnes armées ont surgit comme s’ils les attendaient. Les Indigènes ont continué leur route vers l’avant quand, soudain, plusieurs coups de feu ont été tirés dans leur direction, deux atteignant Eusébio Ka’apor dans le dos. Transporté par l’autre indigène dans un village voisin il a été secouru par des gens qui ont essayé de l’emmener en voiture à l’hôpital de Santa Inês. Malheureusement, à peine arrivé dans la ville de Nova Olinda, il n’a pas tenu le coup et a succombé.

Nombreux étaient ceux ayant été témoins du climat de tension et de violence dans la région de Centro do Guilherme qui s’attendaient à un tel drame. Ils savaient que les Ka’apor, depuis quelques années déjà, avaient décidé de devenir intransigeants face au commerce illégal existant sur leur terre, à l’origine de nombreux préjudices. Ils avaient organisé récemment certaines opérations coup-de-poing d’expulsions de bûcherons, mettant le feu à des camions après avoir pris en flagrant délit quelques individus. Les représailles, toutefois, ont été promptes à se manifester.

De Janvier jusqu’à aujourd’hui les Ka’apor ont vécu en résidence surveillée, empêchés de quitter leurs villages parce que constamment agressés et menacés. Durant ces quelques mois quatre motos ont été volées à l’arrachée aux Indiens et 10 personnes autochtones, au moins, ont été battues et humiliées, en représailles à l’action des Indiens et pour les dissuader d’engager de nouvelles actions d’expulsion. Les Indigènes racontent qu’ils n’ont même pas tenté de déposer plaintes face à ses exactions, parce que les agresseurs reçoivent la complicité de la police militaire dans la région, sans parler de l’appui et de la participation directe de conseillers municipaux et maires de la région, certains d’entre-eux ayant même été incarcérés quelques jours après une opération menée par la police fédérale, il y a un peu plus d’un an.

Le secrétariat d’État aux droits humains, le ministère public fédéral et l’OAB/MA ont été témoins de la situation, sans parvenir jusqu’à aujourd’hui à mettre en place une stratégie de maintien d’une présence institutionnelle permanente dans la région dans le but de désarmer et pacifier les bûcherons rebelles ayant été empêchés par les Indiens de continuer à exploiter de façon irrationnelle et illégale le bois dans la terre indigène.

A présent, on attend que la police fédérale et d’autres organismes enquêtent et punissent les auteurs de ce crime barbare, mais qu’il soit également initié une planification de présence institutionnelle, car dans la région de Centro do Guilherme il y a longtemps que le loi du plus fort est en vigueur, mais l’Etat n’a jamais rien fait.

Nb: l’auteur de l’article, Cláudio Bombieri, est un Missionnaire Combonien.