Chose promise, chose due.
Nos amis les américains …
Wikileaks a révélé hier de nouveaux documents montrant l’ampleur de l’espionnage de la NSA en France. Il ne s’agit plus ici de diplomatie mais bien d’écoutes économiques. Le but ? Chiper un maximum de marchés aux Français.
«Jamais la preuve d’un espionnage économique massif de la France, orchestré au plus haut niveau de l’Etat américain, n’avait été établie aussi clairement», estime le journal Libération, qui en coordination avec Mediapart et WikiLeaks, a révélé hier soir les documents top-secrets de la NSA. Il faut dire que l’étendue des écoutes américaines sur le territoire français entre 2004 et 2012 a en effet de quoi donner le vertige.
De quoi parle-t-on ?
Les documents dévoilés hier par Julian Assange sont cinq rapports de synthèse de l’Agence nationale de sécurité américaine(NSA), accompagnés de plusieurs notes explicatives établissant les objectifs à atteindre en matière d’écoute. L’une d’elle est ainsi très classiquement baptisée: «France, développements économiques» avec sa sous-section, tout aussi importante «Contrats étrangers-études de faisabilité-négociations». Selon Libération, il s’agit tout simplement de la «doctrine du NSA en la matière»
Qui a été écouté ?
Les grandes oreilles américaines ont en tout premier lieu ciblé les politiques et haut-fonctionnaires en charge de l’économie française. Tous ont été espionnés entre 2004 et 2012. Libération et Mediapart en citent deux en particulier, François Barouin- ministre du Budget entre 2010 et 2011- et Pierre Moscovici -à Bercy de 2012 à août 2014. Autre priorité de la NSA, les entreprises du CAC 40. «La plupart sont classées «OIV» (opérateurs d’importance vitale), car leur activité est jugée stratégique pour la nation» détaille Libération. Il s’agit de firmes appartenant à différents secteurs: celui des transports, de l’énergie, de la gestion des eaux, de la santé, ou encore des télécoms.
Le résultat ?
Grâce à leurs écoutes intensives, les Américains sont ainsi parvenus à mettre la main sur des documents essentiels en matière de stratégie économique. Ils ont, par exemple, volé des contrats, des plans d’étude ou encore des données technologiques confidentielles. Mais, la NSA a poussé son avantage un peu plus loin en récupérant également tous les renseignements concernant les appels d’offres impliquant des entreprises américaines. Autant dire que le «jeu» économique naturel de l’offre et de la demande, était plutôt biaisé pour les entreprises tricolores.
Qu’ont fait les Etats-Unis de leurs informations ?
Alliés très loyaux, les Etats-Unis ont naturellement partagé leurs renseignements avec leurs «amis». A savoir, le Canada, la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Ainsi, Mediapart faisait un lien, sans fournir de preuve pour le moment, avec tous les marchés perdus par la France ces dernières années.
S’il est presque acquis que l’espionnage diplomatique, bien que peu fair-play, est une pratique courante dans nos sociétés, il n’en va pas de même pour «le flicage» économique. Interrogé par Libération, un ancien agent des renseignements français, Alain Juillet, avoue qu’en la matière l’hexagone est bien dépassé : «La force des Américains est de mettre tous leurs services dans la boucle, alors qu’en France, l’espionnage économique est tabou. Aujour¬d’hui, nos services de renseignement se contentent de faire de la contre-ingérence. Sur l’offensif, on est à des années-lumière des Américains.»