Leclerc se lance dans un bio aux origines troubles

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SOURCE : CLAUDE-MARIE VADROT SUR POLITIS

Leclerc lave plus vert !

Après avoir sciemment vendu, et même bradé avec réduction pour l’écouler plus rapidement, du lait pour nourrissons faisant l’objet d’une interdiction de vente, la marque de distribution Leclerc a décidé de se livrer à une grande opération de relations publiques et de greenwashing. Alors que ses 619 grandes surfaces en France vendent déjà du bio regroupés ou non dans leurs gondoles, Michel-Édouard Leclerc, le PDG qui se présente comme un intellectuel du commerce et le chevalier blanc des prix et de la qualité, vient d’annoncer l’ouverture d’une centaine de moyennes surfaces exclusivement consacrées à l’alimentation bio.

Pour ce faire il explique avoir déposé la marque « Le village bio ». Laquelle n’est que le dernier avatar d’une autre de ses marques, « Bio village ». Une appellation destinée à faire croire aux consommateurs à la recherche de bio bon marché – qui seront vite déçus –, qu’il existerait un village merveilleux où seraient produits tous les aliments bio qu’il met en vente. Une entourloupe tout à fait légale mais qui dissimule de sacrées surprises toujours indiquées en lettres minuscules qu’il faut chercher loin de la composition du produit.

« Ingrédients provenant de diverses origines »

Politis vient de faire un tour dans ses gondoles et a découvert de surprenants produits.
• Un gratin surgelé de poulet aux légumes qui ne contient que 21,4 % de poulet.
• Un velouté « Saveurs du Sud » composé de huit légumes « originaires de l’UE et non UE ». Toujours sans autre précision.
• Plusieurs pots de miel, mélange de miels UE et non UE. C’est en général le moyen de cacher le miel chinois composé d’un maximum de sirops sucrés et d’un minimum de miel.
• De la confiture de cassis, de fraise ou d’abricot, « fabriquée en France avec des ingrédients provenant de diverses origines géographiques ».
• Une pâte chocolat-noisettes composée de 10 % de noisettes et de 16 % de chocolat « d’origine UE et non UE ».
• Des asperges vertes cueillies à la main mais de « provenance non UE ».
• Des petits pois en bocal « fabriqué » en France et orné d’un drapeau tricolore, mais avec la mention en toutes petites lettres « Non UE ».
• De la mayonnaise fabriquée en Belgique avec « des produits de diverses origines ».
• Des galettes de riz au miel avec des « produits non UE ».

Nous avons même trouvé une variante : une mélange de légumes « originaires du pourtour méditerranéen ». La liste des aliments à la qualité bio improbable bien qu’arborant le label légal est très longue. Aucune précision n’est apportée sur les pays dont ils sont originaires, même s’ils sont présentés par la marque « Bio village » – bientôt « Le village Bio ».

Une hypocrisie que la campagne publicitaire en préparation saura faire oublier à la clientèle. D’autant plus que cette dernière sera « rassurée » par un drapeau tricolore et le cachet « Fabriqué ou élaboré en France », deux « annonces » destinées à masquer le reste. Aucun magasin de la marque ne pourra échapper à ces produits puisque la règle est que chaque petite ou grande surface est dans l’obligation d’accepter et de mettre en vente les aliments « proposés » par les centrales d’achat Leclerc.

NB : L’enseigne Carrefour, qui comme les autres, constate une érosion de la clientèle dans ses magasins, vient de flairer aussi la bonne affaire d’un bio moins exigeant. Elle le prouve déjà avec sa petite gamme « Carrefour bio » dont les étiquettes sont au moins aussi contestables. Avec, notamment, des produits (bio) « fabriqués en France » pour lesquels on ne trouve aucune mention de provenance. Comme Leclerc, qui va bientôt les imiter en fermant des grandes surfaces mais reste discret sur ce point, les responsables de Carrefour viennent d’annoncer 2 400 suppressions de postes. Ce qui est beaucoup moins biau…