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  • La femme du V ème – Douglas Kennedy

    Je sais, ce n’est pas une nouveauté littéraire, mais j’ai bien aimé cet univers …

    La femme du V°

    Douglas Kennedy né le 1er janvier 1955 à New York, est un écrivain américain qui décrit de manière très acerbe certains aspects des États-Unis d’Amérique mais pas que… Il dénonce notamment leur puritanisme religieux.

    Il dit : « Ce qui m’intéresse en tant que romancier, c’est d’utiliser les villes comme des personnages et d’y découvrir les frontières visibles ou invisibles qui les traversent. »

    C’est notamment le cas pour Paris dans ce roman.

    L’histoire :

    Harry Ricks est un type paumé, un professeur d’université d’une petite ville des Etats-Unis qui a commis une erreur avec une étudiante et s’est fait limoger.

    Broyé par la machine administrative autant que par la machine humaine ; confronté à la vision manichéenne de la morale américaine : transgression égale punition ; sa femme l’a quitté, sa fille ne veut plus lui parler… C’est l’histoire d’un homme qui a tout perdu.

    Accablé et sans trop d’argent, il décide alors de fuir les Etats-Unis, destination Paris, où il a l’intention de débuter une nouvelle vie. Il trouve une chambre de bonne et un petit boulot de veilleur de nuit dans un quartier peuplé d’escrocs, de clandestins et de malfrats.

    Seule éclaircie dans sa vie plus que médiocre, sa rencontre avec Margit, une hongroise aussi belle que mystérieuse qui l’entraîne dans une relation amoureuse passionnée mais non moins énigmatique…Car d’étrange coïncidences se manifestent à son contact : morts violents, accidents troublants…des évènements de plus en plus terrifiants et incompréhensibles qui vont projeter Harry dans un cauchemar bien proche du délire…

    Commentaires:

    Si cette fiction noire a le mérite de nous faire passer un vrai moment d’évasion menées sur un rythme toujours soutenu et distrayant. N’est-ce pas cela que l’on demande à un roman ? Nous sortir parfois du cadre de la réalité, nous happer dans une lecture décomplexée, simple et désinvolte ?
    « La femme du Vème » réunit ces qualités d’échappée facile du réel après certaines lectures trop bouleversantes et mérite à ce titre que l’on si attarde.

    Car au-delà de l’histoire de Harry, « La femme du Vème », c’est aussi l’histoire d’un lieu, d’une ville, Paris, créée comme un personnage à part entière du roman.
    Douglas Kennedy, qui adore les grandes villes, s’est promené dans la capitale. De ses déambulations et flâneries parisiennes, il ramène des instantanées en noir et gris, nous invitant ainsi à découvrir une cité bien loin des circuits touristiques et des quartiers chics.

    Au détour des ruelles mal famées et des recoins sombres, l’auteur saisit un Paris crépusculaire et menaçant, un Paris à la Simenon, à l’atmosphère lourde et oppressante. C’est le Paris des immigrés, des clandestins, des contrôles policiers, des voleurs et des sans-abris.

    L’écrivain s’est fait observateur de la ville pendant des mois, il en dessine les contours, s’attardant sur le changement brutal qui existe d’un quartier à l’autre dans une métropole labyrinthique et fluctuante, qui contient des dizaines de villes en elle, offrant le tableau en clair-obscur d’un monstre de briques aux entrailles grouillantes de vies furtives et secrètes.

    Par ailleurs, par le biais de son héros vivant aux abois, l’auteur s’est essayé à raconter ce que chacun peut devenir s’il se trouvait dans la situation d’un type obligé de recommencer sa vie en clandestin.

    Et puis à côté de cela, il y a le personnage de Margit, si belle et sensuelle, aussi sûre d’elle qu’Harry est faible, une femme entourée de mystère, énigmatique, insaisissable…
    Avec elle, on délaisse l’ambiance à la Simenon pour pénétrer dans l’univers d’Edgar Allan Poe…
    C’est là une nouveauté pour les lecteurs de Douglas Kennedy !
    Cette incursion dans le fantastique et le paranormal pourra en déstabiliser plus d’un, une toquade de l’auteur qui suggère néanmoins que chacun de nous est hanté par quelque chose, que ce soit des regrets, des déceptions ou de la culpabilité, et que finalement, toute chose a un prix à payer.
    On en revient à la sentence du début : transgression égale punition …

    « La femme du Vème » est donc un vrai roman noir, un presque polar qui flirte avec le paranormal en confrontant encore une fois son héros aux tourments de la chute sur un rythme trépidant.
    Alors, c’est gros, c’est très gros, rocambolesque et peu crédible parfois mais, pour peu que l’on accepte toutes les fantaisies de l’auteur, on est pris dans les mailles d’une intrigue assez vertigineuse dont on sort avec l’impression d’avoir passé un sympathique moment de délire et de divagation.

    Et si le héros n’aspire qu’à descendre de ce manège endiablé, le lecteur, lui, en referait bien un petit tour !

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  • Haruki Murakami –Chroniques de l’oiseau à ressort

    Oiseau a ressort

    J’avais parlé, dans une critique précédente, de « 1Q84 » voici un autre roman du japonais Haruki Murakami.

    Haruki Murakami voit le surréel dans le réel, pousse les non-dits aux limites. Ses personnages sont en apparence banals mais recèlent en eux d’étranges pouvoirs ou réminiscences. Comme en chacun de nous, il suffit de creuser. Freud l’a fait pour l’Occident, mais l’ascèse bouddhiste l’a fait bien avant pour l’Orient. Ce sont les profondeurs de l’être qui fascinent Murakami.

    D’où ce roman au titre français énigmatique. L’oiseau à ressort est le narrateur. C’est aussi le cri strident d’un rapace nocturne entendu dans un jardin, qui fait peut-être passer de cette réalité-ci à une autre. Toru est un trentenaire de Tokyo installé dans la routine d’une vie tranquille et terne mais qui va perdre successivement son chat, son travail, sa femme et son existence terne. Au chômage volontairement parce que son travail correctement payé dans le juridique l’ennuyait, il se promène, va faire les courses, la cuisine, et fait à fond très souvent le ménage, selon la maniaquerie japonaise.

    Et puis le téléphone sonne. C’est une femme qui veut parler avec lui « dix minutes ». De sexe. Une autre de seize ans dans son jardin, à peine vêtue d’un maillot de bain fait de bouts épars, l’invite à boire une bière pour savoir ce qu’il fait là. Une troisième lui demande un rendez-vous pour lui parler du chat perdu. Une quatrième l’aborde sur un banc public pour lui demander s’il n’a pas besoin d’argent. Une cinquième fait l’amour virtuellement avec lui, dans sa conscience… Toru est entouré de femmes.

    Cet univers maternant, caressant, incite aux profondeurs. Il est fasciné par un vieux puits à sec dans un jardin voisin. Un vieux soldat ayant opéré en Mandchourie lui fait part d’une expérience similaire durant la guerre, jeté nu dans un puits à sec en Mongolie pour y mourir. Le sadisme se mêle au désir, ce qui est bien japonais. Nous aurons le récit de tortures, prisonniers abattus à la batte de baseball ou éventrés à la baïonnette, écorchés vifs par un Mongol expert en écharnage de mouton, femme violée et domptée par la pègre pour qu’elle travaille pour eux. L’amour et la mort ne sont jamais loin dans ce Japon lisse en apparence mais dont les profondeurs bouillonnent.

    En tout cas, le lecteur ne s’ennuie jamais dans les chapitres courts de ce gros livre. L’histoire se déroule sans heurt, comme un ressort qui se tend. Les personnages s’entrecroisent car, dans la mentalité bouddhiste, tout est lié. Le réel et le rêve, le conscient et l’inconscient, le présent et le passé, l’amour et la haine.
    L’idéal reste la fusion dans le grand tout, réduit en cette vie au moins au couple amoureux. C’est pourquoi Toru recherche sa femme partie « avec un autre » dit-elle, mais il sait que ce n’est pas la vérité. Celle-ci réside ailleurs, dans ses relations avec ce frère froid et manipulateur qui a probablement poussé au suicide sa première sœur et qui, devenu économiste médiatique, songe à une carrière politique. Il a quelque chose du nazi, ce parfum qui monte du nationalisme militariste japonais d’avant 1945. Cela sous des dehors techniques, ultramodernes et policés, ce qui le rend dangereux. Il aspire à lui les âmes faibles.
    Toru est plus fort qu’il ne croit lorsqu’il résiste, croise d’autres résistants en divers lieux et époques. Il guérit les tourments par son seul contact alors.

    Toru Okada change alors de nom pour s’appeler Oiseau-à-ressort. Il rencontre des gens qui ont changé de nom, telles les sœurs Kano Malta et Creta, inspirées des îles grecques où l’eau est chargée de vertus, ou encore la mère et le fils muet d’une beauté stupéfiante, qui se font appeler Muscade et Cannelle. Il cherche en lui ce qui a bien pu bifurquer dans son existence. Puis il retrouve son chat, qu’il nomme aussitôt autrement : Bonite. Il retrouve sa femme dans l’imaginaire, prisonnière de ce passé qui ne passe pas. Elle-même se libère grâce à lui de l’emprise de son frère, qui a une attaque cérébrale peut-être pas sans lien avec les incursions mentales d’Oiseau-à-ressort. Creta a un enfant après l’amour avec le garçon, une fille qu’elle nomme Corsica …

    Vous n’avez rien compris ?
    Ne cherchez pas, laissez-vous emporter par la magie japonaise d’Haruki Murakami.

    Il nous sort de la moralité biblique qui inonde nos romans dégoulinant de conventionnel. Il nous frotte d’ailleurs, de bouddhisme zen et d’expériences surréelles. Ne vous laissez pas rebuter par la longueur du livre, vous le dévorerez sans vous en apercevoir. Il a été édité en trois volumes au Japon, écrit comme en feuilleton car on a envie d’en savoir plus. Vous découvrirez une autre face du Japon que l’apparence lisse et besogneuse, tout un monde d’amours et de tourments, travaillé de pulsions qu’il faut savoir maîtriser, ce qui n’est pas facile.

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  • Hubert Monteilhet – Meurtre à loisir

    Montheilhet

    Hubert Monteilhet est un écrivain français né le 10 juillet 1928 à Paris.
    Il s’est fait connaître comme auteur de romans policiers avant de se lancer dans le roman historique.

    Il fut aussi, longtemps chroniqueur gastronomique du journal Sud-Ouest Dimanche.
    Il exploite d’ailleurs la veine gourmande dans des romans qui règlent leur compte à certaines tricheries : le cognac est suivi de près dans « La Part des Anges », le bordeaux dans « Œdipe en Médoc », le vieillissement accéléré des jambons crus dans « Étoiles filantes » et le trafic de viande dans « Le Taureau par les Cornes… »

    Son écriture est incisive et elle est louée par la critique pour son élégance et pour son caractère insolite, chez un écrivain exerçant dans un genre populaire.

    Monteilhet serait « le plus littéraire de tous les auteurs français de romans policiers».

    En effet, les romans d’Hubert Monteilhet ne sont pas des polars classiques qui mettraient en scène des policiers cherchant à résoudre une énigme et à confondre des coupables7, encore moins des romans noirs peignant le monde de la pègre.

    Ce sont plutôt des romans psychologiques, dans lesquels des personnages de la bonne société poussent leurs passions jusqu’au crime, volontairement ou involontairement : « Le coupable est soit un meurtrier occasionnel traumatisé par son acte, soit un être cynique, démoniaque, pervers, qui utilise le crime pour parvenir à ses fins (richesse, vengeance, etc.)»

    Résumé de MEURTRE A LOISIR :

    Immobilisé après un accident de voiture dans la clinique dont il est le propriétaire avec sa femme et un associé, le Dr Simay passe le temps en rédigeant ses souvenirs. Notamment le malentendu de son mariage, c’est ainsi qu’il révèle comment, le jour de son mariage, il se prit de passion pour la sœur de sa femme, un adultère longtemps désiré avant d’être mené à bien et, pour finir, le projet de plus en plus précis d’assassiner sa femme légitime…

    Mais le voyage vers l’horreur est déjà commencé. Une horreur lente, tranquille, et qui vient à son heure. Elle est minutée à loisir par l’auteur, au fil d’une intrigue où truculence, élégance et noirceur composent un cocktail savoureux …

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  • LES JARDINS DE LUMIERE – Amin Maalouf

    le jardin de lumiere

    L’auteur Amin Maalouf

    Il est né le 25 février 1949 à Beyrouth, c’est un écrivain franco-libanais. Il est élu à l’Académie française en 2011
    Il obtient en 1993 le prix Goncourt pour « Le Rocher de Tanios », qui a pour décor les montagnes libanaises de son enfance.

    C’est un humaniste.
    Amin Maalouf est convaincu que l’on peut rester fidèle aux valeurs dont on est l’héritier, sans pour autant se croire menacé par les valeurs dont d’autres sont porteurs.

    LES JARDINS DE LUMIERE

    C’est la biographie romancée du prophète Mani qui, à bien des égards, n’a rien à envier à Jésus Christ et autre Mahomet.

    Lorsqu’on emploie les mots « manichéen » ou « manichéisme », on songe rarement à Mani, peintre, médecin et philosophe oriental du IIIe siècle, que les Chinois nommaient « le Bouddha de lumière » et les Egyptiens « l’apôtre de Jésus ».
    Bien loin des jugements tranchés et sans appel auxquels on l’associe, sa philosophie tolérante et humaniste visa à concilier les religions de son temps. Elle lui valut les persécutions, le supplice, la haine. Mille ans après, l’accusation de manichéisme conduisait encore les Albigeois au bûcher…

    Nul mieux qu’Amin Maalouf ne pouvait raconter l’aventure de cette existence hors du commun.
    Aujourd’hui qui dit manichéisme oppose le principe du bien et celui du mal. Le terme manichéen est employé aujourd’hui dans un sens péjoratif.

    Comment Mani, fondateur de cette philosophie tolérante et humaniste qui visait à concilier les religions, a-t-il pu être trainé dans la boue, haï, rejeté, torturé, supplicié, tué et surtout comment sa doctrine à priori bonne a-t-elle pu tomber dans l’oubli et mener au bûcher les cathares qui y adhéraient?

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  • Le Squelette cuit – Jypé Carraud

    Jypé

    VOICI UNE PETITE CURIOSITE LITTERAIRE

    Le Squelette cuit

    Les squelettes, d’un naturel assez discret, évitent de se donner en spectacle, même dans les affaires criminelles où ils apparaissent fortuitement; généralement exhumés, la plupart du temps en pièces détachées ou encore pris sous une chape de béton, rarement cuits.

    Treize squelettes « auxquels adhérent encore des lambeaux de chair ou de tendon altérés par la cuisson » sont découverts dans le Paris d’après-guerre. Montés sur fil de fer, ils prennent la pose : langoureusement allongé sur un lit dans la vitrine du célèbre marchand de meubles Léviathan, couché en chien de fusil dans le piano d’un concertiste ou encore parachuté dans les jardins de l’Elysée.

    Stanislas Perceneige, ancien magistrat reconverti détective privé, mène l’enquête, aidé de son ancien greffier et d’une fiancée assez nunuche. Sur sa route, il croisera la « Ligue Pour la Défense des Français d’Origine Contre l’Immigration Abusive », un spécialiste du bandage d’art, des déménageurs soûlographes, ainsi que le très actif « Club des Anthropophages » qui regroupe des coloniaux respectables ayant de près ou de loin la nostalgie de l’humaine chair.

    Ce polar, publié en 1950, au rythme alerte, mâtiné de style américain (techniques d’enquêtes, filatures, relation espace-temps) et de gaudriole surréalisto-franchouillarde, malgré son inventivité, laisse le lecteur sur sa faim. Il est toutefois un des premiers à avoir abordé le sujet de l’anthropophagie et compile de Dante à Alfred Jarry un grand nombre de citations historico-littéraires sur la question. Il se termine en apothéose par un délicat manger de baisers.

    Son auteur Jypé Carraud, ancien magistrat, né en 1921, a publié de 1948 à 1952 une demi-douzaine de romans policiers.

    Jypé2

    Je vous avais dit que les livres dont je parle ne sont pas les derniers parus en librairie …
    Donc acte.

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  • Dan Brown – INFERNO

    Inferno

    Depuis Da Vinci Code, Dan Brown règne en maitre sur le genre thriller médiéval avec grimoires cryptés, symboles, mystères … etc.

    N’oublions pas que c’est Umberto Eco l’inventeur du genre roman ésotérique à rebondissements.

    La différence entre les deux auteurs, c’est qu’Umberto Eco sait écrire et qu’il est un véritable professeur de sémiologie. Par exemple on sent sa présence de professeur érudit derrière les moines du Nom de la rose.

    Dans Inferno , ce qu’il y a de plus infernal, c’est le style. Prenons par exemple la phrase d’ouverture que l’on retrouve aussi au dernier chapitre en conclusion : «Les endroits les plus sombres de l’enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale.»

    Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qu’est un «indécis qui reste neutre», sinon l’un des pires truismes de la littérature, une lapalissade, voire un pléonasme (ou s’agirait-il en réalité d’une mauvaise traduction de Dante)?

    Résumons l’intrigue.

    Une «ombre» se suicide. Le Pr Robert Langdon, héros du Da Vinci Code, se réveille dans un hôpital à Florence. Il ne sait pas ce qu’il fait là, il est amnésique. Après Florence, il nous emmène à Venise. Ensuite ce sera Istanbul, sur les traces d’un complot maléfique. Il court. On essaie de le flinguer. Il court toujours. Bien sûr une jolie blonde au QI exceptionnel le suit partout, ils courent ensemble. C’est exactement le même principe que Da Vinci Code en remplaçant la Joconde par Dante et la belle brune par une belle blonde. Le professeur doit sauver le monde ! Excusez du peu !
    On visite donc Florence, (il a dû toucher un beau paquet de la part de la cité qui parait-il a des retombées touristiques extraordinaires). Après on visite Venise, idem, puis Istanbul. Si vous faites du tourisme emmenez le bouquin, ça vaut un guide touristique.

    Qu’en penser ?

    Avec le temps et l’expérience, Dan Brown, a appris qu’écrire « iPhone et iPad » dans son roman lui permettait de gagner encore un peu plus d’argent. Il a appris aussi que les choses savantes c’était bien pour en mettre plein la vue, mais qu’il ne fallait pas qu’elles deviennent trop compliquées, pour ne pas décourager certains lecteurs potentiels dont les connaissances seraient plus limitées. Et surtout, il a appris qu’il était bien plus pratique d’anticiper l’adaptation cinématographique du roman pour ne pas avoir à le retravailler en profondeur le jour venu (qui ne tardera pas, sortie prévue en 2015).

    Inferno est donc écrit dans une langue très simple (plus facile à traduire en une multitude de langues), sous forme de chapitres courts et faciles à lire, et tous les mots compliqués y sont expliqués en termes intelligibles pour tous.
    Il comporte pour plusieurs millions de dollars de scènes d’action prévues pour le cinéma.
    Il triture le destin de l’humanité avec des thèmes sensibles, ambiguës mais, commerciaux (pandémie, surpopulation, éthique médicale, manipulation génétique … etc.
    Le roman est traversé, bien sûr, par un inévitable amour impossible, et révèle des destinées extraordinaires.

    Dan Brown est une formidable entreprise commerciale de plusieurs dizaines de personnes, il suffit de voir la liste des remerciements pour s’en convaincre. Est-ce encore lui qui écrit ses romans ou son équipe ?

    Mais on ne peut pas vraiment en vouloir à l’auteur : il ne peut séduire 86 millions de lecteurs sans quelques sacrifices …


  • Les courants fourbes du lac Tai / Qiu Xiaolong

    qiu

    Qiu est né à Shanghai. Lors de la Révolution culturelle, son père est la cible des révolutionnaires et lui-même est interdit d’école. Il réussit néanmoins à soutenir une thèse sur T.S. Eliot et poursuit ses recherches aux États-Unis. Les événements de Tian ’an men le décideront à y rester. Il choisit alors d’écrire en anglais.

    Le héros, l’inspecteur principal Chen Cao, est un policier un peu atypique. Tout comme l’auteur, il est poète et à étudié l’anglais à l’université. Cependant, à l’époque, les jeunes diplômés ne choisissaient pas forcément leur carrière, et le Parti les envoyaient là où il les estimait nécessaires. Chen se retrouve alors à devenir inspecteur dans la police de Shanghai, alors qu’il n’aspirait qu’à une vie tranquille d’écrivain. Cela ne l’empêche pas pour autant de résoudre avec brio de nombreuses enquêtes, et de monter peu à peu les échelons de la hiérarchie. La sensibilité littéraire du héros nous permet de découvrir de nombreuses facettes de la culture chinoise, tandis que ses enquêtes nous mènent au cœur des problèmes de la société chinoise des années 90, qu’ils soient politiques (le Parti est omniprésent) ou socio-économiques (la Chine est alors en pleine politique d’ouverture, ce qui entraîne de profonds bouleversements dans la société).

    Dans cette septième enquête de l’inspecteur Chen, ce dernier se fait offrir de luxueuses vacances dans un centre de détente pour cadres du Parti, en remerciement de ses loyaux services. Vacances qui ne seront cependant pas de tout repos.

    Quatrième de couverture :

    En vacances à Wuxi, l’inspecteur Chen rencontre la troublante Shanshan. Militante pour l’environnement, elle lui raconte son combat : sauver le lac Tai des déchets toxiques. Quand le directeur d’une usine chimique est assassiné, tous les regards se tournent vers la jeune activiste. Chargé de l’enquête, Chen oscille entre les beaux yeux de Shanshan et ses soupçons. Les écologistes seraient-ils plus dangereux que la pollution ?

    On a ici un bon Qiu Xiaolong, avec une enquête passionnante et captivante.
    L’auteur tacle ici l’un des sujets chauds de l’actualité, dont il n’avait pas encore fait mention précédemment, mais qui prend cependant de plus en plus d’ampleur en Chine. En effet, avec toutes sortes de scandales à répétitions, les chinois commencent peu à peu à prendre conscience de l’ampleur du problème, même si cela ne se ressent pas encore dans la vie quotidienne. Ce livre montre bien le dilemme entre développement économique et conscience écologique.

    L’inspecteur Chen n’est pas près de prendre du repos, pour notre plus grand plaisir.

    Ce roman me fait penser à un sujet dont je parlerai bientôt dans la rubrique « De la M…dans nos assiettes » et qui concerne « L’HUILE DE CANIVEAU » utilisée en Chine. Méfiez vous toujours de ce qui vient de Chine.


  • Sur l’histoire de nos villages

    Je veux rendre ici hommage aux travaux de deux passionnés de l’histoire de leur village respectif. Il s’agit de Monique Frach-Descazaux pour la Roque sur Cèze et Paul Planté pour St Marcel de Careiret.
    Je ne connais pas personnellement ces deux auteurs mais j’ai lu avec intérêt les ouvrages qu’ils ont pu publier. Les résultats de leurs recherches ont souvent recoupé et validé les miens.
    Je conseille la lecture de ces livres à tous ceux qui sont intéressés par l’histoire de nos villages.

    MONIQUE FRACH DESCAZAUX

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    Elle nous conte l’histoire de la Roque sur Cèze au XVIII° siècle. Elle a eu accès à un lot de documents découverts en 2002, concernant ce village. Ces documents ajoutés à ses archives personnelles et aux archives municipales et départementales lui ont permis de reconstituer la vie du village de 1703 à 1801.
    Dans ma monographie mise en ligne « PETITE HISTOIRE DU PASSE, DES LIEUX ET DES HABITANTS DE SAINT ANDRE D’OLERARGUES », j’ai souvent croisé la route de la branche de la famille Frach qui vivaient sur la commune de St André d’Olérargues au XVII° et XVIII° siècle et qui ont activement participé à cette histoire.

    PAUL PLANTE

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    L’auteur nous conte l’Histoire de St Marcel de Careiret de ses origines à nos jours. C’est l’histoire des pierres et des habitants qui les ont assemblées. J’ai bien entendu cité aussi St Marcel de Careiret dans ma monographie. L’histoire de nos deux villages était très proche et quelques fois commune.

    Paul Planté nous fait mieux connaître et comprendre la vie des habitants de cette commune allant de l’époque paléochrétienne à nos jours.


  • Katiba de Jean Christophe RUFIN

    Katiba

    Je vais vous parler d’un roman qui a déjà deux ou trois ans. Je ne suis jamais à l’affut des nouveautés, un livre il faut le laisser vivre un peu pour en parler. Un peu comme un nouveau logiciel informatique, il faut leur laisser le temps d’éliminer leurs bugs …

    Plus encore qu’un roman d’espionnage et d’amour, Katiba est un document très intéressant expliquant le fonctionnement des cellules terroristes intégristes, de la nébuleuse al Qaida, et surtout concernant cette immense zone désertique comprise entre la Mauritanie, l’Algérie, le Niger et le Soudan, propre à tous les trafics.

    Ce roman rappelle également que le terrorisme islamiste est le propre de mouvements indépendants des états et que l’état Algérien, en l’occurrence, et ses services secrets luttent fermement contre l’islamisme…

    Jean-Christophe Rufin a participé alors à de nombreuses missions humanitaires en Afrique, en Asie, en Amérique latine et en Europe de l’Est. Parallèlement, il mène une brillante carrière de diplomate, comme attaché culturel au Brésil ou en tant qu’ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie de 2007 à 2010.
    Lauréat du prix Quatre Goncourt pour Rouge Brésil. Il devient le plus jeune membre de l’Académie française, élu au siège d’Henri Troyat.

    Le sujet de Katiba est toujours d’actualité.

    Quatre touristes occidentaux sont assassinés dans le Sahara. L’attaque est signée al-Qaïda au Maghreb islamique, une organisation terroriste implantée dans les anciennes zones d’influence française d’Afrique de l’Ouest. Tout laisse à penser qu’elle veut aller beaucoup plus loin et rêve de frapper la France au cœur. L’événement est présenté par les médias comme un fait divers tragique mais il met en alerte les services de renseignements, de Washington aux Émirats, d’Alger à Paris. Au centre de leurs jeux complexes, Jasmine. Jeune fonctionnaire du Quai d’Orsay apparemment sans histoire, elle émerge peu à peu comme la pièce maîtresse d’une opération d’envergure inédite. Quels liens cette Française à l’élégance stricte entretient-elle avec le monde musulman ? Quelle secrète influence pèse sur elle depuis la disparition de son mari, consul de France en Mauritanie ? C’est en démêlant les fils les plus intimes de sa vie que la vérité se fera jour et que le suspense, haletant, trouvera son dénouement. Complice, victime ou agent double, Jasmine incarne le mélange de répulsion et de fascination que le fondamentalisme religieux exerce inconsciemment sur chacun de nous.


  • La librairie des ombres

    librairie des ombres

    Nichée au coeur de Copenhague se trouve une vieille librairie au nom italien: Libri di Luca.

    Son propriétaire, Luca Campelli, vient de mourir de manière très abrupte et pour le moins… étrange. C’est Jon, son fils, avec qui il a rompu tout contact depuis 20 ans, qui hérite du magasin. Entraîné malgré lui dans l’histoire familiale, Jon découvre bientôt que cette librairie renferme un secret fabuleux. Son père était en fait à la tête d’une société de « lettore », des personnes dotées d’un pouvoir exceptionnel leur permettant d’influencer la lecture des autres, de créer des mondes merveilleux, de donner naissance à des histoires extraordinaires… mais aussi de manipuler jusqu’au meurtre. Plus Jon avance dans ses recherches, plus il se persuade que la mort de son père n’a rien de naturel. Dissimule-t-elle une lutte de pouvoirs au sein de cette société secrète? Y a-t-il un traître parmi ses membres? Quelqu’un cherche-t-il à s’emparer de leur don incroyable? Afin de rassembler les morceaux épars de son passé et retrouver les assassins de son père, Jon se lance dans une quête acharnée qui va se révéler risquée…

    Et si Luca l’avait volontairement écarté de cette société aussi mystérieuse qu’inquiétante, où les livres ont le pouvoir de changer le cours de la vie ?

    C’est le premier roman du danois Mikkel Birkegaard
    L’enquête ne déçoit pas et, bien au contraire, elle nous amène à des interrogations répétées, des suppositions sans cesse renouvelées dans un univers inconnu. L’idée du pouvoir des « lettore » est intéressante et maintient notre attention cependant l’on comprend bien vite qu’il est au cœur de toute l’affaire, logique même enfantin.
    Je ne vous mentirai pas : trop de choses se découvrent avec aisance, l’origine des tensions avec son père est évidente et forcément le pouvoir fait des envieux. Mais il nous reste tout de même pas mal de pistes à explorer : qui sont ces envieux ? Que comptent-ils faire avec ce pouvoir ? Comment espèrent-ils le posséder ou l’utiliser ?

    Heureusement les suspects sont nombreux, les fausses pistes sont disséminées avec brio et l’attitude du héros reste plausible. L’auteur nous emmène malgré tout et sans temps mort dans la tête et sur les pas de Jon, on partage ses découvertes, ses surprises, ses sentiments, on enquête avec lui et on se fait parfois avoir. Ce n’est pas un excellent roman car il y a trop de facilités, mais l’enquête reste intéressante et l’univers passionnant.
    De plus l’écriture est agréable.


  • Littérature suédoise

    Sans titre
    Un joli quatuor qui en fait est un quintette (à cause d’un duo).
    Stieg Larsson, Henning Mankell, Camilla Läckberg, Lars Kepler

    Stieg Larsson avec sa trilogie « Millenium » a popularisé, en France, le roman noir suédois avec son attachante Lisbeth Salander, incroyable hackeuse androgyne. Bien sûr je conseille de lire et relire cette saga, surtout les deux derniers volumes qui sont excellents. Savez-vous que l’auteur est mort juste après avoir écrit le troisième tome ? Il avait créé ces personnages qu’il comptait faire « vivre » quelques années, alors qu’il prenait sa retraite de journaliste. Il a été emporté par une crise cardiaque.

    Il y a aussi l’inusable Henning Mankell qui partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Lauréat de nombreux prix littéraires. Outre la célèbre « série avec son inspecteur Kurt Wallander », à lire par exemple : « Le retour du professeur de danse ».
    A lire aussi un roman singulier qui change des romans noirs : « Les chaussures italiennes ». C’est l’histoire de Fredrick Welin médecin maudit, qui vit seul reclus sur une ile de la Baltique. A soixante-six ans, sans femme ni amis, il a pour seule activité son chien et une baignade quotidienne dans un trou de glace dans la mer. L’intrusion de Harriet, son amour de jeunesse abandonnée quarante ans plus tôt, brise sa routine. Mourante elle exige qu’il tienne une promesse qu’il avait faite : lui montrer un lac forestier. Fredrik ne le sait pas encore, mais la vie vient de commencer.

    Camilla Läckberg , 35 ans, mère de trois enfants, qui vit en banlieue de Stockholm. Elle a écrit sept romans, le premier publié en 2003, dont certains ont été traduits en français comme « La princesse des glaces » (duquel une version film serait en préparation), « Le prédicateur » « Le tailleur de pierre »« La sirène » chez Actes Sud. Dans tous ses récits figurent l’inspecteur Patrik Hedstrom et son épouse Erica Falck, et l’action se déroule à proximité de son village natal Fjällbacka.
    Si j’avais un petit reproche ce serait de nous faire vivre ses grossesses personnelles et l’éducation de ses enfants au travers de son héroïne. Quelques fois on s’en passerait volontiers.
    C’est mieux de lire ses romans dans l’ordre de parution car il y a une histoire des héros secondaire en parallèle qui se suit.

    Lars Kepler c’est le nom de plume d’un couple d’auteurs suédois de romans policiers, Alexandra Coelho Ahndoril et Alexander Ahndoril. Lars, en hommage à leur compatriote Stieg Larsson, le défunt papa de la trilogie Millenium. Et Kepler en référence à l’astronome allemand Johannes Kepler qui étudia, au XVIIIe siècle, la position de la Terre par rapport au soleil. Au départ, le duo espérait garder l’anonymat, souhaitant créer un auteur imaginaire pour s’affranchir de leur œuvre respective. Sauf qu’en 2011, à la parution de L’Hypnotiseur, la presse suédoise dévoile leur identité.

    Un des derniers romans s’intitule « Incurable ». L’intrigue se passe dans un foyer de jeunes filles, en Suède. Le cadavre encore chaud de l’une des pensionnaires est retrouvé, soigneusement allongé sur son lit. Ses mains ont été posées sur ses yeux, comme un étrange rituel. L’infirmière, elle, a été massacrée en tentant de prendre la fuite. Bien vite, les soupçons se portent sur Vicky Bennett, disparue depuis la nuit des meurtres. Sous le coup d’une enquête interne, l’inspecteur Joona Lina débarque sur les lieux en qualité de simple observateur. Mais très vite, l’affaire va devenir « personnelle ».

    En retrait dans le précédent roman « L’Hypnotiseur », Joona Lina l’inspecteur est devenu le personnage récurrent de Lars Kepler depuis Le Pacte. Ce nouvel opus est découpé en très courts chapitres, trois pages au maximum, passant d’un personnage à l’autre ou dévoilant une même scène sous différents points de vue. Une technique qui rend la lecture incroyablement addictive.













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  • L’ELEGANCE DU HERISSON

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    Une concierge, une ado intelligente mais suicidaire et un japonais cultivé, tendre et malin.
    Que peuvent-ils bien avoir en commun ?

    Ils sont les héros d’un savoureux roman! J’ai passé un très bon moment. Renée est une concierge craquante pour le lecteur et revêche pour les habitants de l’immeuble dont elle s’occupe. La cinquantaine passée, elle subi le mépris des occupants de cet immeuble peuplé de bourgeois imbus et conservateurs. Elle se fait passer, aux yeux des copropriétaires, pour une inculte qui se gave de télé. Eux ce sont des snobinards bon teint qui la considèrent comme un objet de fonction et non comme une personne.
    Or Renée est quelqu’un de très intelligent, de super cultivé qui pourrait en apprendre à tous ces hautains qui la méprisent et ignorent que son chat se prénomme Léon en hommage à Tolstoï et non pas à cause d’une pub télé.
    A Renée, il convient d’ajouter Paloma, adolescente tout aussi intelligente qui en a marre de ce monde creux et voudrait bien le quitter.
    Arrive enfin Kakuro Ozu, japonais malin qui a tôt fait de comprendre qui est qui réellement. Ozu est parent avec le cinéaste du même nom, une des idoles de Renée. Il va bouleverser le fonctionnement de l’immeuble, ignorant le statut social des uns et des autres pour privilégier la mise en valeur des gens beaux de l’intérieur.

    Magnifique roman, drôle, cruel, cynique quelques fois, bien écrit, qui ébranle les certitudes sociales et pointe du doigt un certain cliché de la concierge qui ne peut être qu’idiote. Muriel Barbery teinte son récit de beaucoup d’humour mais ne tombe cependant pas dans la légèreté facile, le ton peut être grave et les réflexions qu’elle fait naître de sa plume sont profondes. J’ai beaucoup aimé le personnage de Renée, ses manières de faire semblant d’être bécasse tout en jetant un regard caustique et réaliste sur ses contemporains.
    Il y a beaucoup à apprendre de cette personne, de l’humilité et de la tolérance. Le roman démarre réellement avec l’arrivée de Ozu. Avant, c’est plutôt un apéritif ou un hors-d’œuvre, ça se déguste avec plaisir, en attendant la suite, savoureuse. Je vous le conseille vivement!
    Josiane Balasko a interprété le personnage de Renée au cinéma avec beaucoup de justesse et de retenue. Un très beau rôle qui a mis en valeur ses qualités de grande comédienne.

    Voici ce que les héros disent d’eux-même, je cite les passages :

    « Je m’appelle Renée, J’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve petite, laide, grassouillette, j’ai des oignon aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth.Mais surtout je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. »

    « Je m’appelle Paloma, J’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle, un appartement de riches. Mais depuis longtemps je sais que la destination finals, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je la sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligent même. C’est pour ça que j’ai pris m’a décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

    Fin de citation.







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  • Les Naufragers de l’île de Tromelin

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    Une île inhospitalière, un minuscule bloc de corail, perdu dans l’océan Indien au large de Madagascar, battue par les vents et l’océan… des vagues qui déferlent avec une très grande violence depuis des siècles…. seules les tortues y abordent pour déposer leurs œufs dans le sable.

    C’est là qu’échoue, le 31 juillet 1761, le capitaine Lafargue, commandant de L’Utile, un navire français dont la cargaison illégale de 160 esclaves Noirs est dissimulée dans la cale. C’est le naufrage, pour ne pas avoir écouté l’avis de son second, le lieutenant Castellan, le capitaine écrase son bateau dans les récifs de cette ile minuscule.
    Les survivants blancs et noirs vont devoir vivre, ou plutôt survivre, dans des conditions extrêmes, pendant 57 jours, durant lesquels ils vont, ensemble, construire un bateau avec les débris récupérés de L’Utile et, pour certains, découvrir la fraternité avec les Noirs auxquels le lieutenant Castellan a promis de les emmener aussi. Mais ce bateau est trop petit et il les abandonne, en leur faisant le serment de venir les rechercher au plus vite.
    Hélas, les autorités en décideront autrement et l’empêcheront, de toutes les manières possibles, de retourner sur l’île récupérer ce « chargement maudit ». Il faudra attendre quinze années avant que le capitaine Tromelin puisse sauver les sept femmes qui ont survécu ainsi qu’un bébé.
    Cette histoire finira par arriver à la connaissance de Condorcet qui combattit de toutes ses forces pour l’abolition de l’esclavage.
    Une histoire vraie et passionnante, superbement racontée, réinventée à partir des documents existants, par Irène Frain. Un héros, Castellan, très attachant. C’est beau, c’est fort, c’est douloureux.

    Olivier de Kersauson dans Paris Match en disait, (je le cite) :

    « C’est un roman-déferlante. Il sonne si juste qu’on se laisse emporter sans pouvoir résister (…) Des odeurs vraies, des couleurs vraies, des personnages vrais. (…) Irène Frain sait que la mer lave. Qu’elle nettoie toutes les crasses humaines. Avec ce roman, on va au coeur de tout ce que l’océan dévoile : l’avidité, le cynisme, la couardise, le courage, la noblesse. » (Fin de citation)
    Tromelin 2
    L’île, minuscule (1km2), fait partie des Terres australes et antarctiques françaises et abrite une station de Météo-France et une piste d’atterrissage. On ne peut que rarement y aborder : elle est entourée de fonds marins très profonds et d’une barrière de corail très dangereuse. Elle est peuplée de Bernard l’Hermite, d’oiseaux et de tortues vertes, espèce en voie de disparition et protégée, qui viennent y pondre

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  • Et « l’histoire de Pi » vous connaissez ?

    pi« L’histoire de Pi »

    De son vrai nom de héros : Monsieur Piscine Molitor Patel, dit Pi.
    L’auteur, Yann Martel un canadien anglophone, nous raconte l’histoire d’un survivant du naufrage d’un bateau japonais qui transportait les animaux d’un zoo de Pondichéry en Inde jusqu’au Canada. Il se retrouve miraculeusement à bord d’un des canots de sauvetage à la dérive. Il est seul, ou presque … un magnifique tigre du Bengale de plus de 200 kg a réussi aussi à monter dans ce canot ! C’est l’histoire incroyable de 227 jours de cohabitation entre le jeune homme et le fauve.
    C’est un roman d’aventure, à la fois plein d’humour et d’humanité, une fable métaphysique.
    Lorsqu’il finit par accoster sur une terre, au Chili je crois, et à être secouru tandis que le tigre s’éclipse dans la forêt, une enquête est diligentée par la compagnie d’assurance du bateau japonais. Il raconte son histoire et comme elle est tellement incroyable personne ne veut le croire et au final pour qu’on arrête de le harceler, il invente une autre histoire plus glauque ou il y aurait eu plusieurs survivants, dans le canot, qui se seraient entretués pour un peu de nourriture. Finalement les autorités retiennent la deuxième version qui leur paraît plus plausible.
    Chose curieuse : je connais des lecteurs, qui manquent d’imagination peut-être, qui ont trouvé comme les enquêteurs que la version deux de l’histoire était la réalité du roman et que l’histoire du tigre était une divagation du héros.
    En quelque sorte la première version est une fiction de la fiction alors que la deuxième version est la réalité de la fiction, vous me suivez ?

    A vous de vous faire une opinion.


  • Un peu de fraicheur litteraire

    bizarre

    Pour alterner et apporter un peu de fraîcheur à la chronique voici un ouvrage pour les jeunes … et les moins jeunes, j’ai eu beaucoup de plaisir à le lire.

    Ce livre a pour titre : « Le bizarre incident du chien pendant la nuit », l’auteur est Mark HADDON.

    C’est l’histoire d’un jeune autiste de 15 ans qui enquête sur l’assassinat du caniche de sa voisine qui a été tué pendant la nuit, je parle toujours du caniche !
    L’auteur se met dans la peau du jeune autiste, c’est le garçon qui raconte, à la première personne du singulier, avec sa vision des choses si particulière, il porte en lui une part de génie. Cette enquête va lui permettre de s’épanouir et de se révéler.

    C’est un livre captivant et attachant, pour tous les âges.






  • Roman noir

    Mo Hayder2
    Vous voulez du noir ?
    En voici un, écrit par une femme Mo Hayder il s’intitule tout simplement « Tokyo ».

    Mo Hayder

    Quand on voit son visage souriant de blonde candide sur la deuxième de couverture du livre, on est loin de penser qu’elle soit capable d’imaginer et de décrire une telle noirceur violente.

    Ames sensibles, passez votre chemin.

    C’est l’histoire d’une jeune fille paumée qui arrive à Tokyo pour enquêter sur un épisode sombre de l’invasion de la Chine par les Japonais, cette période la hante. Elle recherche un film dont l’existence est contestée et qui concernerait les atrocités et les massacres commis par les Japonais sur les populations chinoises.
    Elle va croiser des plus paumés qu’elle, se frotter à des yakuzas d’une cruauté horrible et aux mœurs inavouables, approcher un étrange infirme accompagné d’une nurse monstrueuse et mystérieuse. Enfin elle va retrouver des survivants et des preuves de cette époque peu glorieuse de l’histoire du Japon.

    Je ne connaissais pas du tout cet épisode de l’histoire mondiale. Pour les chinois la deuxième guerre mondiale a commencé en 1937 par l’invasion des Japonais. Pendant les six semaines que dure le Massacre de Nankin (ville chinoise du sud, ancienne capitale), des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l’armée impériale japonaise…


  • 1Q84 – Haruki Marakami

    1Q84

    Parler d’un livre est une tâche délicate … Ce qui peut plaire à l’un peut déplaire à l’autre. De plus c’est le premier de cette rubrique et la question qui se pose est par lequel commencer, qui aura le privilège d’être le premier. Quand je finis de lire un livre et s’il m’appartient, j’ai pris l’habitude de lui attribuer une note sur dix que j’écris au crayon sur la dernière page.
    J’avais mis 9/10 à l’écrivain Haruki Murakami pour son livre « Chronique de l’oiseau à ressort » de même pour son dernier ouvrage paru en France en 2012 intitulé « 1Q84 ».
    C’est de celui-ci que je dirai deux mots et dont bien sûr je conseille la lecture.
    Je ne vous ferez pas l’injure de recopier une partie de l’article Wikipédia sur Haruki Murakami, allez-y et vous saurez tout sur l’auteur.

    Parlons de 1Q84, attention aux paresseux ou à ceux qui ont peu de temps pour lire, comme par exemple ceux qui ne lisent qu’aux toilettes (j’en connais et pas que pour la littérature de m…) attention donc il y a trois tomes d’environ 530 pages chacun ! Rassurez-vous ça se lit très bien. Comme souvent chez Murakami on a l’impression qu’on pourrait en lire un quatrième et un cinquième tome.
    L’histoire se déroule dans deux mondes, un monde réel de 1984 et un monde parallèle de 1Q84 avec un ciel à deux lunes, deux mondes qui se mêlent, cohabitent et qui peuvent être tous deux la réalité. C’est une œuvre de fiction troublante, un roman d’aventure et une histoire d’amour entre Aomamé et Tengo. Il aborde aussi le problème des sectes, des groupes d’illuminés créés par les échecs de nos sociétés.

    Pour bien comprendre l’esprit un peu tordu de Haruki Murakami je le citerai, voici ce qu’il dit de son roman : « Partant du principe que le futur, comme nous le concevons, fait déjà partie des inventions de notre passé, j’ai pensé prendre le chemin inverse et reconstruire depuis le présent ce qui a pu arriver dans d’autre futurs également révolus, des fait qui ne sont pas advenus mais qui auraient pu être. Moins réels qu’une prémonition, moins diffus qu’une simple invention. Un temps possible, avec sa nostalgie propre. »

    Bonne lecture.